Livre. "Certains pensent que « la gauche parle une langue morte. »" Entre gauche des villes et gauche des champs, un élu socialiste tente de renouer le lien

« La gauche veut-elle regagner les campagnes ? » C’est le sous-titre de l’ouvrage écrit par le vice-président du département du Lot. Rémi Branco fut, sous la présidence Hollande, chef de cabinet de Stéphane Le Foll alors ministre de l’agriculture et porte-parole du gouvernement. Un livre à garder dans leur kit de campagne pour des socialistes qui se verraient bien créer la surprise lors des prochaines Européennes.

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Certes, la gauche n’a jamais été archi-triomphantes aux élections dans les campagnes mais aujourd’hui « l’écologie y panique les esprits » et « le bulletin Mélenchon effraie plus que le bulletin Le Pen ». Alors comment la gauche, désormais vue comme «une donneuse de leçon» ou « l’élite », en est-elle arrivée là ?

La loi sur le non-cumul des mandats n’a pas amélioré le sens des réalités rurales pour les socialistes. Et pour les élus de terrain mieux vaut s’en remettre « à un discours plus neutre où on ne fait pas de politique (…) On a le cœur à gauche mais le verbe plus timide ». Bienvenus dans le monde des « Sans Étiquettes »…

Certains pensent que « la gauche parle une langue morte ». Bien au contraire. La gauche parle une langue bien vivante, mais celles des villes, des métropoles ou pour le dire autrement des centres-villes piétons.

 

"Le parti de la paresse"

Le message n’est plus transmis ou alors avec le prisme déformant des chaînes infos. L’élu lotois a bien compris que les électeurs urbains veulent être « séduits par les idées, une vision du monde » quand ses « voisins de village attendent avant tout qu’on les respecte, qu’on comprenne leur quotidien et leurs galères, qu’on ait de la considération pour ce qu’ils sont et les besoins qu’ils expriment dans leur vie de tous les jours pour eux, leurs aînés et leurs enfants ».

Rémi Branco ne contourne pas les obstacles ou les stéréotypes qui collent, parfois à juste titre, d’autres non, à la gauche. « Le parti de la paresse » par exemple, celui qui a défendu les 35h et une société plus tournée vers les loisirs. Ce même parti qui ne sait rien opposer quand « la pénurie généralisée de main d’œuvre menace la vie même de nos villages ».

 "On voit de plus en plus de cassos", une façon de se distinguer d'une catégorie d'habitants qui symbolise pour beaucoup une forme de déclin social. Je retrouve d'ailleurs souvent ces remarques parmi les habitants issus, comme moi, de l'immigration portugaise, mais aussi italienne ou espagnole, pour qui la dignité doit venir du travail et pour qui cette impression que d'autres, en l'occurence ces "cassos" puissent "profiter du système et vivre aux crochets de ceux qui bossent" est insupportable.

Qui en effet n’a jamais entendu balancer dans sa petite commune sur « ces jeunes qui ne veulent plus bosser, qui gagnent davantage à vivre des allocs et à ne rien faire, à jouer à la console à la maison ». Un discours resservi à volonté par les zémouristes ou le RN. D’autant que la gauche a cette grande capacité à savoir se saborder, comme quand rappelle l’auteur, Sandrine Rousseau affirme « que la valeur travail est une valeur de droite ».

Lois Hollande qui ont déçu la gauche, LGV des riches contre un POLT qu’on laisse en jachère, incantation des écologistes à décroître qui passe mal dans des territoires désindustrialisés ou de déprise agricole… Les mesures et programmes de la gauche ces dernières années ont clairement été hors-sol à la campagne.

Des solutions pour les campagnes

S’il est très convaincant dans le constat, Branco l’est forcément un peu moins dans les solutions envisagées même si elles méritent d’être examinées. Il parie sur une crise sociale et un après-covid qui ne ferait plus la part belle aux villes. A voir… Côté transports, il prône trains du quotidien, covoiturage et voies vertes pour vélos électriques. Face aux déserts médicaux, il préconise « un conventionnement sélectif empêchant les médecins de s’installer là où la couverture médicale est déjà satisfaisante ».

Sur le chantier du logement, il incite à reconquérir les centres-bourgs. Ou encore bannir les résidences secondaires là où le marché est trop tendu pour ceux qui veulent s’y installer. Des électeurs de perdus dans les grandes ville en perspective… Grandes villes où les jeunes des campagnes ne seraient plus forcément obligés de passer leurs études grâce au développement du télé-apprentissage.

Enfin, et ça ne sera pas la mesure la plus simple à faire passer « une politique d’immigration à échelle humaine dans nos campagnes »

Le RN peut-il encore perdre l’élection présidentielle de 2027 ? Lorsque l’on vit dans le centre-ville d’une métropole, posée ainsi, la question peut paraître un brin provocatrice. Dans nos campagnes, elle est franchement banale.

L’ancien chef de cabinet prépare aussi le coup d’après : la Présidentielle. Pour lui le Parti Socialiste a disparu des radars et il manque clairement une force capable de réunir la gauche pour les prochains scrutins. Hamon avec son revenu universel a marqué le début du divorce entre la gauche et une partie des classes populaires rurales. Anne Hidalgo était maire de Paris… Alors le prochain ou la prochaine devra reconquérir les campagnes pour gagner la campagne.

"Loin des villes, loin du coeur" Rémi Branco, éditions de l'aube.

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