L'Association Cantica Sacra Rocamadour qui organise le festival de musique sacrée dans l'enceinte du Sanctuaire de Rocamadour depuis 19 ans a décidé "de ne plus solliciter l'usage du Sanctuaire pour l'ensemble de ses activités". En cause, des relations particulièrement crispées entre les salariés de l'association et la direction du Sanctuaire, dont l'ancien préfet Jean-Jacques Brot.
Le festival de musique sacrée divorce du Sanctuaire de Rocamadour (Lot). À l'approche de la 20ème édition, l'Association Cantica Sacra a décidé de mettre un terme à leur collaboration. Une rupture en très mauvais terme. Les membres de l'association accusent le recteur et son proche conseiller de harcèlement moral et de management toxique.
"Impossibilité d'entretenir des relations réellement sereines"
Dans un communiqué, l'Association Cantica Sacra Rocamadour explique avoir dû réunir en urgence son conseil d'administration.
Prenant acte de l'impossibilité d'entretenir des relations réellement sereines avec le Sanctuaire dans les conditions actuelles de sa gouvernance, et afin d'assurer sa propre protection et celles de ses salariés, en vue de poursuivre normalement son activité, le Conseil d'administration, réuni en urgence, a été contraint, à l'unanimité, de décider de ne plus solliciter l'usage du Sanctuaire pour l'ensemble de ses activités déroulement du Festival et d'organiser les prochaines programmations en conséquence."
L'association Cantica Sacra Rocamadour, le 1er octobre 2024
Management toxique du recteur du Sanctuaire
L'association parle de "relations avec le Sanctuaire particulièrement compliquées depuis six ans" ayant "éprouvé les salariés et bénévoles de l'association dans des proportions devenues de plus en plus préoccupantes".
"Depuis l'arrivée du nouveau recteur le père Florent Millet, les relations se sont extrêmement tendues." explique Me Thomas Dumont, l'avocat de l'association Cantica Sacra Rocamadour. "Il est dans l'opposition permanente. C'est une personnalité toxique qui s'impose."
Son conseiller, Jean-Jacques Brot est aussi décrit comme une personnalité aux méthodes brutales. Les membres de l'association font état d'intimidations, de menaces téléphoniques et de pressions dans le but d'obtenir au plus vite la programmation de la prochaine édition.
Ancien Préfet des Yvelines et haut commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, ce dernier est connu pour sa forte personnalité et son côté "caractériel".
Droit de retrait
Les tensions sont telles que les salariés viennent d'exercer leur droit de retrait, demandant de ne plus avoir à travailler avec le Sanctuaire. "Des membres du Conseil d'administration ont subi des pressions inacceptables" souligne le communiqué.
Contacté par France 3 Occitanie, Jean-Jacques Brot, le conseiller du recteur du Sanctuaire fait part de son grand étonnement. "Je suis stupéfait par cette annonce. La volonté du Sanctuaire est pourtant de continuer à s'associer à ce festival dont le rayonnement est grandissant. D'autant que j'ai eu un échange avec le président de l'association Philippe Lasvaux pas plus tard que vendredi dernier. Nous avons évoqué la nécessité de nous fournir deux conventions. L'une pour le renouvellement et la programmation de la prochaine édition et l'autre pour l'utilisation liturgique de l'orgue."
Le problème de l'orgue
En plus des incompatibilités de caractères entre les membres de l'association et le Sanctuaire, un orgue serait au cœur des frictions."Nous contestons que Monsieur Rollin (le directeur du festival) détienne la clé de l'orgue. L'instrument appartient à la mairie. Nous exigeons qu'un double soit donné au recteur." développe Jean-Jacques Brot "C'est une demande très ferme de ma part, mais pas une pression."
De son côté, Maître Dumont répond que l'orgue a été payé par l'association Cantica Sacra Rocamadour."Il est hors de question de donner la clé au Sanctuaire."
Concernant la tenue de la prochaine édition du festival de musique sacrée, le directeur Emmeran Rollin n'a pas d'inquiétude : "Les concerts se déroulent déjà dans une quinzaine de lieux différents. Nous avons l'appui de la mairie et de plusieurs partenaires. On peut se passer du Sanctuaire. C'est dommage mais on préfère partir ailleurs tant qu'il y aura cette gouvernance."