Nicolas Constant s'est rendu dans un camp de base de l'Everest, à près de 6000 mètres d'altitude, au Népal. Seul, au milieu des monts enneigés, l'alpiniste originaire de Cahors (Lot) y a joué du piano, pendant une heure, comme dans un rêve éveillé.
L'idée lui trottait dans la tête depuis déjà un an. Jouer du piano, seul, au pied du sommet de l'Everest. Une heure de musique brisant le silence des hauteurs. Nicolas Constant, 30 ans, a réalisé ce rêve le 2 mai. Au milieu des monts frôlant les nuages, les mélodies se sont succédées : La bohème d'Aznavour, La foule de Piaf, Una Mattina de Ludovico Einaudi...
Toujours plus haut
Originaire de Cahors (Lot), Nicolas Constant court depuis son plus âge et ne cesse de se lancer des défis sportifs. À 16 ans, il réalise sont premier 100 km. Dans quelques semaines, à la fin du mois d'août, il participera à l'UTMB, l'ultra-trail du Mont-Blanc, une compétition d'ultra-endurance en pleine nature. "C'est un peu nos Jeux-Olympique à nous", plaisante Nicolas.
C'est dans les montagnes suisses, où il vit aujourd'hui, qu'il commence l'alpinisme il y a trois ans. L'année dernière, il entreprend l'ascension du Mont Blanc, en partant de Chamonix, et parvient à faire l'aller-retour en 16 heures. Dans la foulée, il gravit le Cervin, près de 4 500 mètres d'altitude, en une journée. Et puis il a cette idée, soudaine, d'aller jouer du piano en pleine montagne. Après avoir tenté l'expérience à 3000 mètres d'altitude, "je me suis dit que ce serait magnifique de le faire devant l'Everest".
"Hors du temps"
Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Nicolas Constant entreprend un voyage vers le Népal uniquement dans ce but. "Ça peut paraître absurde, mais j'avais besoin de concrétiser cette image que j'avais en tête", explique-t-il. Le 23 avril, il arrive à Katmandou, la capitale népalaise. Direction ensuite le village, à l'entrée de la vallée qui mène vers les sommets, à 2700 mètres d'altitude.
À partir de là, il lui faut 9 jours pour rejoindre le camp de base de l'Everest, situé à 5364 mètres d'altitude. En comparaison, le Mont Blanc, plus haut sommet d'Europe, se trouve à 4 800 mètres."Une fois la barre des 5000 mètres dépassée, le taux d'oxygène dans l'air réduit de moitié, décrit l'alpiniste. Chaque effort demande beaucoup de ressources." Sur son dos, son piano et son matériel photo. "En arrivant là-haut, j'étais exténué, avoue-t-il. Mais c'était la consécration d'un moment dont je rêvais depuis un an. J'étais seul, du début à la fin hors du temps, dans une bulle. Je n'oublierai jamais cet instant et l'émotion que j'ai pu ressentir."
Les effets du réchauffement climatique
C'est cette émotion qui pousse Nicolas à vouloir dépasser ses limites, il cherche sans cesse à l'atteindre, à la vivre. "Je pense que la vie est absurde, déclare Nicolas, mais qu'on peut la remplir des idées qui nous procurent de l'émotion lorsqu'on les réalise. Ça me fait rêver et me rend euphorique. J'ai envie d'être émerveillé comme un enfant." Il ajoute : "J'aime me sentir dans l'instant présent, avoir la sensation que je ne peux compter que sur moi-même pour aller au bout."
Au cours de son ascension, Nicolas est tout de même été ramené à la réalité. "J'ai été marqué par la fonte des glaciers. C'est impressionnant, en dessous de 5000 mètres, il n'y en a plus, s'alarme-t-il. Tout a fondu."
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Et après ?
En redescendant, Nicolas a déposé son piano à 5 200 mètres d'altitude, au dernier lodge, "pour que les alpinistes qui y passent puissent en jouer s'ils le souhaitent". Ce souvenir semé, il se tourne désormais vers de nouveaux projets. Cet été, Nicolas tentera de rejoindre le sommet du Mont Blanc, en partant du lac Léman, en Suisse, en 24 heures.
L'année prochaine, il veut parcourir les 1 600 km du chemin de Compostelle en moins de 20 jours. "J'aimerais aussi gravir le plus haut sommet des Amériques, l'Aconcagua, en Argentine, qui fait 6900 mètres d'altitude, et y jouer d'un nouvel instrument que j'appendrais, comme la guitare ou le violon", confie l'alpiniste.