L' Assemblée Nationale vient d'autoriser l'abattage des loups dans des zones de protection renforcée, délimitées par les préfets, pour une durée maximale d'un an lorsque des dommages importants sont constatés. Une mesure insuffisante pour les éleveurs de Lozère.
Il y a moins d’un mois les bêtes de Gilles Paulet montaient aux Estives. Là haut, sur les pentes du Mont Lozère.
Une seule est redescendue samedi matin, toute bleue et avec du mal à respirer. « On va l’euthanasier mais avant nous voulions la montrer au préfet. Le loup l’a pris à la gorge il y a 4 jours et elle survit depuis ».
L’éleveur de Prévenchères a le ton sec. Sec et dur en fait. C’est la quatrième attaque du loup qu'il subit en 3 mois : « On ne peut pas continuer comme ça, nous courons tous à la catastrophe. L’Etat n’a jamais rien géré du loup. Nous sommes tous venus dire au Préfet qu’il va devoir trouver et vite des réponses concrètes » au prédateur qui, depuis le printemps, multiplie ses attaques de troupeaux dans le département.( voir encadré)
A Arzenc de Randon ce samedi matin, Guillaume Lambert aurait pu croire à un meilleur accueil. Jeudi dernier l’Assemblée Nationale entérinait un amendement qui, sous certaines conditions, autorise les éleveurs à abattre le carnivore.
« L’arsenal législatif va maintenant leur permettre de se protéger beaucoup mieux » commentait Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture.
Le préfet de Lozère a voulu démontrer sa bonne disposition par rapport aux éleveurs en allant à leur rencontre. Leur répéter que l’Etat assumait son rôle.
Seulement, face à une cinquantaine d’agriculteurs –Fdsea et JA- et d’élus présents il « s’est fait un peu chahuté » quand Gilles Paulet a déposé à ses pieds sa brebis suffocante en lui réclamant « très vite » du concret « Si rien n’est fait rapidement nous descendrons d’abord les bêtes des Estives » et l’Etat devra prendre en charge le coût du fourrage nécessaire. Après ? » Et bien on verra… » .
Les éleveurs lozériens sont très remontés. Selon eux l’amendement de jeudi n’a rien de nouveau. Les autorisations de tir d’éloignement ou de prélèvement* existaient déjà l’an passé or aucun carnivore n’avait été tué en Lozère sur les 24 administrativement autorisés en France. Ici, nous sommes dans le Parc National des Cévennes. Les tirs n’y sont pas autorisés et les procédures pour « monter » des battues sont longues et rares. Les loups ont donc tout le temps nécessaire pour se déplacer.
Pierre Morel-A-l’Huissier, le député UMP présent samedi matin, a une position très tranchée sur la question :
« le ministère ne sait même pas combien exactement de loups sont installés en France. On parle de 200 individus or ils seraient plus proche d’un chiffre de 6 à 800. Le Plan Loup est l’affaire du lobby écolo et maintenant on a une véritable menace dans notre département qui je vous le rappelle, est entièrement basé sur l’agro-pastoralisme. ».
« Il n’y a pas 36 solutions, il faut réviser la Convention de Berne et les directives européennes sur les espèces protégées.
Et laisser les éleveurs prélever 25 à 40 animaux. ça réduirait la pression sur les troupeaux".
Après plusieurs heures d’échanges vigoureux le préfet s’est engagé à prendre quand il faudra les arrêtés nécessaires à l’autorisation des tirs de défense.
Guillaume Lambert attend par ailleurs les décrets d’application de la Ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, quant à l’éventuelle extension au Parc des Cévennes de ces mesures.
Il n’est pas dit que les éleveurs lozériens patienteront avant d’agir par eux-mêmes.
Le bilan des attaques du loup en Lozère
2013 :27 attaques
14 exploitations touchées
22 brebis mortes
90 brebis blessées
2014 :
7 attaques
28 brebis mortes
8 brebis blessées.