Le bloc de gauche remporte la Lozère lors de ce second tour des élections départementales. La gauche s’offre le luxe de remporter un département à droite depuis 1945 en s'imposant, de justesse, dans 7 cantons contre 6 pour la droite. Un cas unique en France. Le FN n'a pas existé.
La Lozère n’est décidément pas un département comme les autres. Il vit ces élections départementales loin des enjeux nationaux et de la vague FN dont tout le monde parle. Le parti de Marine Le Pen n’a tout simplement pas existé dans ce département, il n’était au second tour dans aucun des 13 cantons lozériens !
La Lozère est le seul département de France qui bascule à gauche, une première dans l'histoire du département, historiquement à droite.
C'est historique ! Cela ne s'était jamais produit mais ce n'est pas le fruit du hasard. C'est le fruit de 35 ans de travail de la gauche, de nous et de nos prédécesseurs", a déclaré le sénateur-maire DVG de Mende, Alain Bertrand.
Il a déploré que, sur le plan national, "trop souvent le PS n'(avait)a pas su se remettre en question", ce qui a fait perdre du terrain sur l'UMP et le FN lequel progresse aussi "par sa proximité". "Nous en Lozère, on a fait le trajet inverse", a-t-il souligné.
Le bloc de gauche et l'union de droite au coude-à-coude
7 cantons pour la gauche, 6 pour la droite. Comme prévu, le département s'est joué à très peu de chose : la décision s’est faite dans 3 cantons.
La gauche a notamment fait la différence sur le canton de Chirac en arrivant en tête avec 54,76% des voix pour le binôme DVG Boyer-Malige devant le binôme composé par le député UMP Pierre Morel-A-L’Huissier et Michèle Castan DVD avec 45,24%.
Autre canton qui a permis la bascule du département à gauche : Saint-Etienne-du-Valdonnez. Il a été remporté par le binôme DVG-PS avec 51,1% des voix face au binôme DVD-UMP avec 48,9%.
Le canton de Mende 1 est le troisième canton dont les résultats pouvaient permettre au département de basculer. Et le binôme Modem-DVG s'est imposé avec 52,65% des voix devant le binôme UMP avec 47,35%.
Un taux de participation particulièrement élevé
Le taux de participation de la Lozère était même le plus haut de France au premier tour de ces élections départementales avec 66,11%. Et il a encore augmenté au second tour avec 68,22%.
Deux binômes avaient déjà été élus au premier tour :
- le binôme DVD Alain Astruc et Eve Brezet à Aumont-Aubrac
- le binôme FDG Michèle Manoa et Robert Aigoin au Collet-de-Dèze
L’élection du maire socialiste Alain Bertrand lors des deux dernières élections municipales à Mende a sans doute joué dans la mesure où les deux cantons de Mende (1 et 2) ont tous les deux été remportés par des partis du bloc de gauche.
La Lozère coupée en deux
Dans ce département, la droite est installée au nord, enracinée dans le double creuset et de l’élevage et de la ferveur catholique. Au sud, plus précisément dans les Cévennes, la gauche est largement présente avec une agriculture vivrière et un fort ancrage protestant avec une expression socialisante. Les 7 cantons remportés par la Lozère sont tous des cantons du sud du département.
Jusqu'ici, le déséquilibre démographique entre le nord et le sud a toujours empêché la gauche de faire basculer le département.
Ce basculement a été rendu possible par trois éléments :
- le nouveau découpage des 13 cantons qui avait été dénoncé par la droite avant ces élections
- une population nouvelle plutôt classée à gauche
- une usure de la droite qui tient le département depuis la deuxième guerre mondiale
Le président sortant, l'UMP Jean-Paul Pourquier conserve son siège de conseiller départemental. Il est l'un des rares responsables de la droite lozérienne à rester en place.