Forêt cévenole : l'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne remise en cause

Le tribunal administratif de Marseille a annulé l'autorisation d'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne. Malgré le délai supplémentaire accordé par l'Etat, soulagement pour les forêts du sud-est qui auraient dû fournir à terme plus de 400 000 tonnes de bois.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La décision a été prise à Marseille mais concerne tous les parcs naturels de la région. Le tribunal administratif a annulé, mercredi dernier, l'autorisation d'exploitation de la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône. Les juges ont estimé que son exploitant, le groupe allemand Uniper, n'avait pas suffisamment évalué son impact sur les forêts du Sud-Est.

Petit bémol, tout de même, deux jours après la décision du tribunal, la préfecture des Bouches-du-Rhone a décidé de donner un mois de délai à l'industriel pour décider de l'arrêt de la centrale et un délai de neuf mois pour constituer une nouvelle demande d'autorisation. En attendant, l'exploitation de la centrale peut se poursuivre, précise le décret.

Une étude d'impact insuffisante


C'est le motif principal de l'interdiction d'exploitation prononcée par le tribunal qui explique sa décision dans un communiqué:

Le tribunal a prononcé l'annulation de l'autorisation d'exploiter compte tenu du caractère insuffisant de l'étude d'impact... l'étude d'impact et l'évaluation Natura 2000 n'ont porté que sur un périmètre de trois kilomètres autour de l'installation, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres... 


Un projet colossal


La centrale de Gardanne comporte deux unités, l'une au charbon et l'autre fonctionnant en brûlant du bois. L'ensemble n'est pas encore en service, mais a déjà tourné à plein régime pour des tests et a déjà injecté de l'électricité dans le réseau. D'une puissance de 150 mégawatts, la centrale biomasse de Gardanne représente un investissement de 250 millions d'euros et génère selon son exploitant 80 emplois directs. Elle doit fournir à terme 6% de la production d'électricité de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, en consommant 850.000 tonnes de bois par an, pour moitié des déchets, pour moitié du bois issu de coupes forestières. Ses détracteurs pointent que pour alimenter cette centrale, il faudrait prélever 35 % du gisement forestier disponible dans un rayon de 250 kilomètres.


Des Cévennes au Lubéron, les associations de protection de la nature mobilisées


La biomasse est une énergie renouvelable qui doit contribuer à la transition énergétique, mais le projet de Gardanne est critiqué par des associations écologistes pour son gigantisme. Délivrée en novembre 2012 par le préfet des Bouches-du-Rhône, l'autorisation d'exploitation était attaquée par les parcs naturels régionaux du Verdon et du Lubéron, des communes des Alpes-de-Haute-Provence et des associations, dont France Nature Environnement.


Depuis 2014, une forte mobilisation s'est fédérée contre la centrale de Gardanne, avec une manifestation phare en février dernier.
Environ un millier de personnes venues des Bouches-du-Rhône, des Hautes-Alpes, du Verdon, du Luberon, des Cévennes, ont manifesté sous la pluie pour dire stop à la "biomascarade". Pour eux, cette centrale est synonyme de déforestation. Les opposants critiquent aussi le rendement de la centrale. Un rendement entre 30 et 40%, ce qui signifie qu'environ sept arbres sur 10 sont brûlés pour rien.


Les précisions de nos confrères de France 3 PACA qui ont suivi le procès à Marseille.
La centrale biomasse de Gardanne perd son autorisation d'exploitation. D'un côté les écologistes, satisfaits, rappellent qu'il ne faut pas opposer nature et emploi. De l'autre, syndicalistes et certains élus, estiment qu'un pan de l'économie régionale est en péril.

Nos confrères de PACA Ghislaine Milliet, Marie Bail et Mathias Juliand, ont également enquêté sur la décision contradictoire de l'Etat, deux jours plus tard.
L'Etat est revenu sur la décision du tribunal administratif d'annuler l'autorisation d'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne ©France 3 Provence

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information