"Ma priorité c'est de réussir à vivre, pas survivre" : paroles de Gilets jaunes en Occitanie

Dans le cadre de l'émission spéciale Dimanche en Politique (ce dimanche 9 décembre à 11 heures sur France 3 Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon) nous vous avons donné la parole. Voici un condensé de propos de Gilets jaunes d'Occitanie. 

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Parler. Expliquer son quotidien, ses affres, ses doutes, sa motivation à manifester. Analyser la situation aussi et chercher des solutions pour sortir de cette crise. Nous avons donné la parole aux Gilets jaunes avant l'émission spéciale de dimanche sur les antennes de France 3 Occitanie. 

Sur 5 thèmes précis, les réponses que nous avons recueillies traduisent l'état d'esprit de ceux qui depuis le 17 novembre ont enfilé leur gilet jaune et manifestent aux péages, sur les rond-points, dans les grandes villes ou les petits bourgs ruraux. Paroles.


1) Quelle est votre urgence, à vous ?

Quand on aborde l'individuel, le personnel, les raisons intimes qui ont poussé certains Français à rejoindre ce mouvement, les réponses qui fusent sont le plus souvent lié au niveau de vie, à l'impossibilité de finir le mois sans se priver de quelque chose.

Alors, quelle est votre urgence, à vous ?

Pouvoir finir le mois tout simplement (Cécile, de Pamiers)

Une mesure urgente symbolique : gel total des taxe sur le carburant et baisse de la tva sur les produits de première nécessité (Marjorie de Villetelle)

Vivre dignement, avoir plus de justice sociale, que tout le monde participe selon ses moyens, les riches et les entreprises, pas toujours la classe moyenne, ce qui n'ont jamais droit à rien, aucun aide, aucune baisse. Ne pas avoir le compte dans le rouge le 15 du mois. Et aussi renouveler la façon de gouverner, arrêter les abus de puissants ! (anonyme)

Je suis retraité avec 1100 euros et on nous enlève 1,7% de CSG. Et puis tout augmente d'un coup, essence, cigarettes, timbres, assurances maison et voiture, la mutuelle... Tout déduit, il ne me reste rien pour manger (André, de Rochefort du Gard)

Pour beaucoup de ceux qui témoignent, l'urgence est donc de vivre dignement, d'arrêter de survivre...

Pouvoir finir dignement le mois pour nourrir mes enfants et ne pas seulement survivre sans jamais profiter de rien (Sylvie, de Millas)

Réussir à vivre et non survivre (Richard, de Graulhet)


2) Qu'est-ce qui vous a fait enfiler un gilet jaune ?

Quand on voit que le fait de ne pas boucler les fins de mois est autant ancré dans le quotidien, pour certains depuis longtemps, pourquoi alors subitement en venir à descendre dans la rue ? La taxe sur le carburant est souvent l'élément déclencheur. Mais d'autres considérations personnelles, fiscales et financières sont dans vos propos : 

Je suis handicapée et touche l'AAH. Cette allocation a été augmentée de 32 euros MAIS le même jour j'ai reçu un mail de la CAF m'indiquant que "étant donné cette augmentation", l'allocation "complément de revenu" serait diminuée de 43 euros ! Donc on diminue quand même mon seul revenu de 11 euros. Mon mari est ouvrier et touche le SMIC, on a 3 ados étudiants. On fait comment ? (Cécile, de Pamiers)

J'ai l'impression d'être une vache à qui on trait beaucoup plus que le lait qu'elle peut donner. (Jean-Philippe, de Lunel)

Ne pas pouvoir économiser. Toujours devoir compter. Ne pas pouvoir se faire plaisir. (Sylvie, de Montpellier)

Je ne peux même pas enfiler un gilet jaune. Je dois travailler pour garder mon appart (Alain, de Toulouse)

D'autres ont le sentiment d'être laissés sur le côté de la route mais certains espèrent que le chemin va s'améliorer. Ce qui les a pousser à enfiler le gilet jaune...

Le fait de me sentir ignorer par se système. (X de Rodez)

L'espérance d'un futur meilleur (Frédérique, de Graulhet)


3) Qu'est-ce qui vous redonnerait de l'espoir ?

Sortir de la crise. Redresser la tête. Pour la plupart de ceux qui nous ont répondu, le retrait de la hausse des taxes sur les carburants, décidé par l'Elysée, était un préalable. Mais ce n'est pas tout.

Les notions d'amélioration du pouvoir d'achat, du niveau de vie, sont très présentes dans vos réactions : 

Avoir plus de pouvoir d'achat (Denis, de Roquemaure)

Pouvoir partir en vacances (F, de Rodez)

Je n'ai pas de réponse, c'est aux politiques à faire des propositions (Yvonne, de Castanet-Tolosan)


A un certain fatalisme d'autres ont des réponses plus radicales, comme la démission du président de la République ou la suppression du Sénat et des "privilèges" des élus. Certains gilets jaunes expliquent aussi, leur vision de la France :

Un pays où l'argent irait là où il doit aller, où l'on ne paierait uniquement pour la santé, la sécurité et les infrastructures, où tout serait transparent dans l'économie et les budget/dépenses. Un pays où il serait obligé de faire un référendum à chaque fois qu'il s'agirait d'un sujet qui touche toute la population. (Henri, de Castres)


4) En qui pouvez-vous avoir confiance pour trouver des solutions ?

Dans nos réponses, quelques noms de femmes ou hommes politiques (Mélenchon, Ruffin, Le Pen, Royal, Dupont-Aignan, etc) mais surtout énormément de réponse avec le mot "personne)

Malheureusement, je n'ai plus confiance (anonyme)


Avec tout de même quelques citations comme : 

Le maire de ma ville (Alain, de Montbeton)

ou

Les gilets jaunes (Diego, de Coustouges)


5) Au sujet des violences, la fin justifie-t-elle les moyens ?

Pour cette dernière question et les débordements très violents durant certaines manifestations, la grande majorité de ceux des Gilets jaunes d'Occitanie qui ont pris le temps de répondre condamne les violences. 

Certainement pas. En aucun cas. Il y a des symboles des valeurs auxquels on ne touche pas. (Alexandra, de Toulouse)

Mais d'autres, sans appeler à la violence, font ce constat : 

Malheureusement, c'est la violence qui a fait bouger le gouvernement (Claude, de Frontignan)

Ou évoquent d'autres moyens d'action : 

La violence ne sert pas à grand chose. Le seul moyen efficace serait que tous les Français arrêtent de payer. Le seul vrai moyen que l'on aurait pour faire changer le système serait de le faire s'effondrer. (Henri; de Castres)

Enfin comme un symbole de tout ce qui a été écrit ci-dessus, un gilet jaune nous interpelle ainsi au sujet de la phrase "la fin justifie-t-elle les moyens" :

Vous avez mal écrit le mot FAIM (X, de Castries)


 
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