A l'occasion de la Journée Internationale du Droit des Femmes, ce 8 mars, portraits croisés de 2 pionnières. Elles ont choisi des métiers techniques, sur des chantiers. Un monde d'hommes qui s'ouvre lentement mais sûrement aux femmes. Reportage dans l'Hérault et statistiques nationales.
Lorsqu'elle décroche son téléphone pour caler un rendez-vous avec des clients, Nawelle Belmahi, 25 ans, avoue qu'on la prend souvent pour la secrétaire. Au sein de son unité d'intervention, elle est pourtant associée à toutes les grandes décisions techniques. Nawelle Belmahi a décroché un contrat à durée indéterminée chez un grand opérateur de télécommunications après un cursus en alternance proposé par l'IUT de Béziers.
Des efforts malgré les freins à l'égalité
Dans les filières de formation techniques, les filles font encore trop souvent figures d'exceptions. Une rareté qui se retrouve ensuite dans le monde du travail. Ainsi, l'employeur de Nawelle Belmahi, Orange, a beau être bien classé parmi les grandes sociétés françaises en matière d'égalité , il n'emploie encore que 16% de femmes dans les métiers techniques en Languedoc-Roussillon. Tous métiers confondus, le taux de féminisation de l'entreprise est de 37,4% pour la division Sud, qui regroupe aussi Midi Pyrénées. Des chiffres qui se rapprochent du pourcentage national de femmes dans le groupe (36,5%).
Le monde de la construction se féminise
Sur les grands chantiers de la région, l'écart entre le nombre d'emplois masculins et féminins est encore plus grand. Sur le site de la future Ligne à Grande Vitesse, du côté de Lunel, nos reporters ont rencontré Julie Chompret. Cette conductrice de pelleteuse a trouvé sa voie il y a 5 ans, en suivant son compagnon. Aujourd'hui, elle est l'une des 5 femmes du chantier, pour 95 hommes. Elle dit ne pas souffrir de cette situation, affirmant : "c'est pas un monde de machos. Ils nous intègrent facilement". Preuve que les mentalités évoluent. Reportage exclusivement féminin réalisé par Carine Alazet, Juliette Mörch et monté par Virginie Portela-Rosa.
Les Françaises et le travail, une histoire compliquée
En France, selon l'INSEE, les filles réussissent un peu mieux au baccalauréat général (90,6% de réussite contre 88,3% pour les garçons), surtout dans les séries scientifiques: 92,2% de bachelières contre 89,6% de bacheliers. Résultat : en 2012, 71% des Françaises de 25 à 34 ans avaient le bac ou un diplôme supérieur, contre 61,5%. Elles sont aussi majoritaires à l'université (59,1%), mais restent sous représentées dans les écoles d'ingénieurs (27%).
Une majorité de femmes actives
En 30 ans, les taux d'activité se sont considérablement rapprochés. Fin 2014, 67,6% des femmes âgées de 15 à 64 ans avaient un travail ou en cherchaient
un. Dans les familles mono parentales, elles sont même un peu plus actives que les hommes (59,5% contre 57% en 2013). Conséquence : le chômage, qui frappait traditionnellement davantage les femmes jusqu'en 2011, touche désormais en proportion plus les hommes (10,7%).
Le temps partiel trop souvent réservé aux femmes
Près de 80% des emplois à temps partiels sont occupés par des femmes. 3 femmes sur 10 n'ont pas un temps plein, contre à peine 7,2% des hommes. Quant aux postes de cadres dirigeants, elles n'étaient qu'une sur 5 à en occuper un en 2012. A poste strictement équivalent, une femme cadre gagne 8,5% de moins qu'un homme, selon l'Association pour l'Emploi des Cadres (Apec).
Des salaires encore inférieurs à ceux des hommes
Les salaires des femmes restent en moyenne inférieurs de 19,2% à ceux des hommes en équivalents temps plein, secteurs privé et public confondus. 3 femmes sur 4 gagnent moins que leur conjoint : leur contribution aux revenus du couple s'élève en moyenne à 36%. Conséquence de carrières souvent moins favorables et moins complètes, la pension moyenne de retraite des femmes françaises est de 967 € bruts par mois, soit 40% de moins que celle des hommes (1.610 €), selon le ministère de la Santé. L'écart se réduit à 26% quand on prend en compte la pension de réversion (veuvage) et le minimum vieillesse.