Moissac : quand un tableau de la salle du conseil municipal s'avère être une oeuvre d'art du 18ème siècle

Le portrait de Louis XV en costume de sacre trônait dans la salle du Conseil Municipal de Moissac (82) depuis des lustres. Considéré longtemps comme une simple copie, il s'agit en fait d'une oeuvre originale du peintre Jean-Martial Frédou, peintre de Versailles. 
 

Des décennies à voir défiler les conseillers municipaux de Moissac, les époux futurs venus pour s'unir... Un cortège d'indifférents qui ne prêtent pas la moindre attention, même pas un regard furtif. Presque une irrévérence. Pourtant, le tableau qui représente le roi Louis XV est imposant : 2m 65 de hauteur pour une largeur de quasiment 2m. Il aurait pu être rangé aux oubliettes lors de la réfection de la salle. Mais une employée du service patrimoine de Moissac est attirée par des inscriptions. Elle en touche donc un mot à Emmanuel Moureau, le conservateur de l'abbaye de Moissac. Ce qui était censé n'être qu'une vulgaire copie s'avère beaucoup plus intéressant. Le nom du peintre n'y figure pas. Le conservateur doit investiguer un peu plus sur ce portrait de Louis XV en habit de sacre. Il découvre un nouvel indice sur le châssis et le cadre du tableau : "Musée Royal". 


Un peintre copiste

Grâce à l'iconographie, il remonte à Louis-Michel Van Loo, peintre officiel de la cour d'Espagne et portraitiste de Louis XV. Il a fait un portrait du roi en 1763. Mais pas celui qui se trouve à Moissac. C'est là qu'intervient Jean-Martial Frédou de la Bretonnière, dit Frédou, peintre du XVIII. En 1755, Il rejoint le Cabinet des tableaux du Roi en tant que peintre-copiste. La mission de cette institution est essentiellement de diffuser l'image du Roi et de la famille royale. Frédou n'est pas le plus renommé. Il dirige un atelier de répliques qui se trouvait à Versailles. C'est cet indice qui va permettre à Emmanuel Moureau de trouver l'auteur du tableau. Effectivement, Frédou a bien realisé une réplique du maître Van Loo en 1766, seulement 3 ans après lui. C'est donc bien une copie conforme, contemporaine de l'original. Ce qui lui donne une vraie valeur. D'autant plus que l'original de Van Loo a été perdu et qu'il existe seulement 2 autres copies : l'une à Versailles et l'autre à Beaune.

Un destin moissagais

Nous sommes en 1824, cinquante ans après la mort de Louis XV. Un député Tarn-et-Garonnais et maire de Moissac demande alors un portrait du roi pour sa ville, pratique habituelle de l'époque pour orner la salle du Conseil municipal. Le marquis de Bellissen, faute de marquer l'histoire de France, va quand même laisser une empreinte à Moissac. Il souhaitait un portrait de Louis XVIII, mais la Maison du Roi n’en a plus. Le directeur des musées royaux de l'époque et proche du marquis lui envoie donc celui du grand-père de Louis XVIII ! C'est un don des musiciens de la Chapelle du Roi, une institution. Il sera placé pendant presque deux siècles dans la salle du Conseil municipal de Moissac, dans l'anti-chambre des regards.
Heureusement, la salle devant faire peau-neuve, c'est lors de son déménagement qu'enfin un œil perspicace va se pencher sur lui et changer son destin. Le 4 février prochain, le 04 février 2020, les membres de la Commission Régionale du Patrimoine et de l’Architecture Occitanie (CRPA) l'examineront en vue d'une inscription au titre des Monuments Historiques. Pour l'heure, le conservateur de la ville se refuse à estimer la valeur du tableau jamais restauré. Il sera présenté au public et trouvera sa place dans le futur parcours muséographique de Moissac.


 

 

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