Le procès en appel d'Edith Scaravetti, poursuivie pour l'homicide volontaire de son conjoint et père de ses trois enfants, s'est ouvert ce lundi 13 mai 2019, devant la cour d'assises du Tarn-et-Garonne.
Elle comparaît libre, Edith Scaravetti...
La jeune femme, aujourd'hui âgée de 32 ans, est arrivée au palais de justice de Montauban (82) entourée de sa famille, de ses amis et de ses conseils. Visiblement très nerveuse.
Condamnée en première instance, le 23 mars 2018, par la cour d'assises de Haute-Garonne à trois ans de prison pour homicide par imprudence, Edith Scaravetti est donc ressortie libre de son premier procès, ayant déjà passé trois années en détention préventive.
Depuis, elle a retrouvé ses enfants. Son travail. Plus d'un an a passé et la voilà de nouveau devant la justice, le ministère public ayant fait appel de sa première condamnation.
Durant cinq jours, la cour va donc examiner les faits, les circonstances dans lesquelles Laurent Baca, le compagnon de l'accusée, a trouvé la mort.
Un accident ?
C'était le 6 août 2014. Au cours d'une dispute violente durant la nuit, Laurent Baca, selon les dires d'Edith Scaravetti, la réveille, la frappe et l'insulte. Avant de s'emparer d'une carabine cachée sur le haut de l'armoire de leur chambre. Il finit - toujours selon les déclarations de l'accusée - par poser le canon de l'arme sur sa tempe. Il la défie de tirer. Elle se saisit de la carabine par la crosse et le coup part, accidentellement, dit-elle.
Laurent Baca meurt d'une balle dans la tête.
Edith Scaravetti va ensuite cacher le corps de Laurent Baca. D'abord dans le jardin. Puis - et c'est l'aspect le plus macabre de cette affaire -, elle monte le corps dans le grenier et le coule dans un "sarcophage" de béton. Avant de s'enfoncer dans les mensonges, inventant des théories bancales pour expliquer l'absence de son compagnon, dont la famille s'inquiète immédiatement.
Le corps de Laurent Baca reste dans le grenier familial jusqu'au 20 novembre 2014, date à laquelle Edith Scaravetti "craque" et passe aux aveux, à l'occasion d'une perquisition surprise au domicile de la famille.
Elle est mise en examen et incarcérée le lendemain.
Une femme battue ?
Petit à petit, au fil de ses déclarations auprès des enquêteurs, Edith Scaravetti va décrire l'enfer conjugal qu'elle vivait, selon ses dires et ceux de certains témoins.
Laurent Baca avait un problème d'addiction à l'alcool. Il consommait en outre des stupéfiants, régulièrement, selon certains de ses proches. Alcool + drogue : un cocktail explosif qu'il supportait mal, provoquant chez lui des accès de colère voire de violences, verbales et physiques.
Il souffrait, toujours selon les témoins cités dans le dossier, d'être loin de son fils aîné, né d'une précédente union. La perspective de perdre ses trois autres enfants aurait pesé sur la relation qu'il entretenait avec l'accusée.
Etait-il violent avec sa compagne ? Selon elle, oui, bien qu'elle n'en ait jamais rien dit à sa famille. Ses proches décrivent des scènes de violence verbale dans le couple, au cours desquelles Laurent Baca rabaissait et humiliait Edith Scaravetti et certains témoins ont vu des bleus et des ecchymoses sur le corps d'Edith Scaravetti.
La famille de Laurent Baca, elle, n'y croit pas. Si elle admet le problème d'alcool de la victime, elle assure n'avoir jamais vu de traces de coups sur Edith, qu'elle côtoyait de près. A tel point que la jeune femme se serait à plusieurs reprises réfugiée chez sa belle-famille à l'issue d'une dispute avec Laurent Baca.
En 2018, la cour d'assises de Haute-Garonne a retenu ces circonstances. Elle a également relevé qu'aucun élément ne pouvait confirmer ou infirmer les déclarations de l'accusée. Ses déclarations ont donc été reconnues comme plausibles. L'homicide par imprudence a été retenu.
Mais aujourd'hui, Edith Scaravetti est à nouveau jugée pour homicide volontaire. La cour, composée de six femmes et trois hommes jurés, sous la houlette du président, ont cinq jours pour se convaincre - ou non - de sa culpabilité...