Une enseignante qui avait été recrutée pour travailler à l'institut d'Alzon en Chine dirigé par le président de la Métropole de Nîmes, dit avoir vécu un cauchemar à son arrivée sur place, où rien ne s'est passé comme prévu.
Vigdis Herrera enseigne le Chinois. Elle est ravie le jour où Christian Philip, l'ancien recteur de l'Académie de Montpellier, alors chargé de recruter le personnel enseignant pour l'institut d'Alzon en Chine et Yvan Lachaud, son directeur général, l’appellent pour aller travailler à Chengdu.
Elle est tellement motivée qu'elle part même sur place avec ses futurs employeurs durant quatre jours avec sa petite dernière alors âgée de trois mois.
Conditions de travail idéales... au départ !
Les conditions de travail semblent idéales. La jeune femme, maman de deux enfants en bas âge a l'assurance que la scolarité de son aînée sera prise en charge et que tout sera mis en oeuvre pour faciliter l'installation de la petite famille.Louis Yang, qui a développé des partenariats entre Montpellier et la Chine est censé l’aider sur place.
Quel employeur ?
Les premières difficultés apparaissent à la réception de son contrat. L’employeur qui y est mentionné n’est pas l’Institut d’Alzon mais la société Chengdu Montpellier Rabelais Educative Consulting Company LTD dirigée par Louis Yang et son épouse.La jeune femme signe un contrat de 3 ans comme professeur des écoles et coordonnatrice de classes de primaire et maternelle.
Arrivée en Chine, les problèmes s’accumulent. Etant donné le faible nombre d’élèves, l’ouverture de la maternelle est remise en question.
Un nouveau contrat est adressé à Vigdis Herrera pour soi-disant faciliter les démarches administratives pour le visa.J’ai eu quatre élèves le premier jour, et un de plus le lendemain
Cantine, ménage…
Au sein de l’école, la jeune femme, en plus des cours, doit faire le ménage, servir à la cantine et garder les élèves toute la journée sans pause, ce qui est contraire à la loi sur le travail de la république populaire de Chine.Des heures non déclarées par son employeur, ni rémunérées qui justifient pour les conseils de la jeune femme la plainte pour travail dissimulé.
Vigdis Herrera va de désillusion en désillusion. Elle apprend par la suite que les frais de scolarité de sa fille aînée (10 à 15 000 euros par an en Chine), ne seront finalement pas pris en compte par son employeur.
Pas d'assurance
Puis elle s’inquiète au sujet de la couverture et de son éventuelle responsabilité, ne sachant pas si les élèves dont elle a la charge sont assurés. Au moment de la visite médicale, elle apprend qu’ils ne font pas partie de l’Ecole Montpellier (qui chapeaute l’institut d’Alzon à Chengdu), « ils en utilisent juste les salles de l’école », lui dit-on.Ecole fantôme
Vigdis Herrera a alors « le sentiment d’enseigner illégalement dans une école-fantôme dans un pays communiste ».Quand elle fait part de son inquiétude à ses employeurs Yvan Lachaud et Christian Philip débarquent en Chine trois jours plus tard et la licencient sur le champ pour « perte de confiance ».
Chantage ?
De dépôt de plainte en procédures administratives, elle se retrouve privée de ses documents d’identité pendant un mois. Elle affirme avoir été victime de chantage et menacée par un employé d’Yvan Lachaud qui aurait dit pouvoir l’empêcher de « refoutre les pieds en Chine » car elle « avait besoin de lui pour retrouver un emploi.Une menace mise à exécution. Sa nouvelle demande de visa de travail a été refusée et Vigdis Herrera a été contrainte de quitter la Chine en urgence et de rentrer en France.
Ruinée
Dévastée, sans un sou, elle plonge dans la déprime."Je suis rentrée avec la culpabilité d’avoir entraîné ma famille dans une immense galère », confie la jeune femme.En sept mois, j’ai perdu la moitié de mon acuité visuelle, 10 kilos, et 30 000 euros.
Plus tard, elle trouvera la ressource pour s’adresser à un grand cabinet d’avocats parisiens ( William Bourdon et ses associés, qui sont aussi ceux d’Anticor) et déposer plainte auprès du parquet de Nîmes.
C’est fait depuis le 24 décembre 2018.