Catalogne : nouvelle nuit de protestations à Barcelone après l'emprisonnement du rappeur catalan Pablo Hasel

Des milliers de manifestants hier samedi 20 février à Barcelone. Pour la 5ème nuit consécutive, ils protestaient contre la condamnation d'un rappeur catalan à 9 mois de prison pour des tweets anti-police et monarchie. Bilan : 2 blessés et 6 arrestations sur fond de barricades et de pillages.

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La colère est partie de Barcelone et gagne toute l'Espagne. La nuit dernière, des milliers de manifestants ont affronté la police à Barcelone et plusieurs rassemblements ont eu lieu à Madrid, Cordoue, Séville et Malaga. Depuis la condamnation à 9 mois de prison, mardi dernier, du rappeur catalan Pablo Hasel pour ses tweets jugés anti-police, anti-monarchie et pour apologie du terrorisme, de nombreux jeunes demandent sa libération et l'affaire divise la classe politique.

Scènes d'émeutes à Barcelone

La police s'était déployée en masse hier soir, samedi, dans les rues de Barcelone, pour tenter de prévenir les éventuellles violences. Les heurts ont débuté quand plusieurs milliers de manifestants se sont mis à marcher vers le QG de la police. Une manifestation pacifique pour défendre la liberté d'expression pour bien des participants mais des protestataires ont lancé des bouteilles, des canettes et des pétards en direction des policiers qui ripostaient par des charges, sur fond de barricades en flammes.

Certains émeutiers ont brisé des vitrines le long de l'avenue Passeig de Gràcia, une des grandes avenues marchandes de Barcelone, pillant des boutiques de vêtements de luxe. Ils s'en sont aussi pris au bâtiment de la Bourse de Barcelone et ont incendié plusieurs motos.
Les Mossos (la police régionale) ont indiqué que neuf personnes avaient été arrêtées dans les manifestations en Catalogne, dont six à Barcelone. Et selon les services de secours régionaux, six personnes ont été blessées, dont deux à Barcelone.

Une protestation qui fait tâche d'huile

A Madrid, 400 personnes environ se sont rassemblées dans le centre-ville, sous forte protection policière, pour scander des slogans tels que "libérez Pablo Hasel" et taper des mains en cadence.
Des rassemblements de quelques centaines de personnes ont eu lieu également en début de soirée à Malaga, Cordoue et Séville, selon les médias locaux.

Lourd bilan depuis mardi, jour de l'arrestation du rappeur

Au total, près d'une centaine de personnes ont été arrêtées depuis mardi et de nombreuses autres blessées, dont des policiers et une jeune fille qui a perdu un oeil à Barcelone, probablement après un tir de balle en caoutchouc de la police.

Les violences ont également suscité une querelle politique, exacerbée par les divisions au sein de la coalition gouvernementale qui regroupe les socialistes du Premier ministre Pedro Sanchez et le parti de gauche radical Podemos. Pedro Sanchez a condamné les violences tandis que les dirigeants de Podemos ont apporté leur soutien aux manifestants.

Pablo Hasel, le rappeur de Lérida "étendard" de la liberté d'expression

Dans ses chansons et ses tweets, ce rappeur de 32 ans est virulent. Contre la monarchie espagnole, la police mais aussi contre l'ensemble du système politique, y compris Podemos. Lorsque la justice l'a condamné à 9 mois de prison, de nombreux artistes sont montés au créneau, comme Almodovar ou Javier Bardem, en organisant le 7 février dernier une grande manifestation avant l'arrestation de Pablo Hasel. Fort de tous ces soutiens, le rappeur a tenté de refuser sa convocation en prison mais l'impressionnant dispositif de police à l'université de Lérida, où il s'était réfugié, a vite eu raison de sa résistance.

De son vrai nom Pablo Rivadulla Duró, Hasel est l'un des représentants de la scène rap indépendante et engagée en Espagne, proche de certains mouvements d'extrême gauche.  
Des titres aux textes crus et révolutionnaires, comme Mort aux Bourbons, dans lesquels il s'attaque notamment à la famille royale espagnole qu'il accuse d'être l'héritière du régime franquiste. Ses paroles visent également le Parti populaire de droite ou le parti de gauche radicale Podemos, membre de l'actuel gouvernement de coalition.
Hasel multiplie aussi les références à des organisations armées d'extrême gauche comme le Groupe de résistance antifasciste du 1er octobre (Grapo), accusé d'un millier d'actions violentes entre 1975 et 2003 en Espagne, dont 80 assassinats et tentatives de meurtre. C'est ce qui lui a valu plusieurs condamnations pour apologie du terrorisme. 

Pour aller plus loin, l'excellent "décryptage" d'ARTE consacré au phénomène Hasel.

 

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