Occitanie : les agriculteurs bio mobilisés, vent debout contre la réforme de la PAC et la politique du gouvernement

En Occitanie, les agriculteurs bio se joignent au mouvement national. A l’appel de la Confédération paysanne et la Fédération nationale du Bio, ils manifesteront mercredi 2 juin à Paris pour exprimer leur désaccord vis-à-vis de la réforme de la PAC. Mais que dénoncent-ils ?

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"Avec la réforme de la PAC, le gouvernement met les agriculteurs bio à poil", dénonce la fédération nationale des agriculteurs bio (FNAB).

"Nous sommes plus qu’inquiets", confirme Séverine Lascombe, productrice de fruits et légumes et de plantes médicinales dans l’Ariège et co-présidente de Bio Occitanie, le groupement régional des agriculteurs bio.

C’est incroyable, depuis 2017, il y a un désengagement de l’Etat dans l’agriculture biologique.

Il y a deux volets dans ce dispositif d'accompagnement au bio. Les aides sur 5 ans à la reconversion en bio et d'autre part les aides au maintien de l'exploitation sur une durée de 5 ans également. "Cela signifie que d’un point de vue agronomique, il faut compter 10 ans pour que les agriculteurs arrivent à changer de modèle. Pour que tous ceux qui pratiquent l’agriculture biologique sans produits phytos ni engrais de synthèse soient reconnus" explique Séverine Lascombe.
Avec la réforme de la politique agricole commune de l'Union européenne, tout cela semble voler en éclat.

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, prévoit une enveloppe d’aide à l’installation en bio de 340 millions d’euros pour atteindre 18% de surface bio en France, d’ici 2027. Mais le problème pour les syndicats est qu’en parallèle le ministère veut réduire l’aide au maintien de ces exploitations agricoles bio. "Ce qui risque de se passer, c’est que les 11.000 agriculteurs d’Occitanie qui sont en train de se convertir au bio fassent machine arrière et revenir à une agriculture conventionnelle. Pour la biodiversité, c’est terrible", rajoute Séverine Lascombe.

Réforme de la PAC : "un mauvais signal envoyé"

La prochaine PAC, politique agricole commune de l’Union européenne 2023-2027, se dessine et les agriculteurs bio ne cachent pas leur colère et leurs inquiétudes pour leur avenir. Les signaux envoyés ne sont pas encourageant explique Cécile Cluzet, administratrice de l’association de producteurs bio en Ariège.

"Une PAC qui dit, que vous arrêtez ou pas les produits phytos et engrais chimiques, vous aurez les mêmes aides. Ce n’est pas un discours qui encourage à passer en bio. De plus, c’est la période où la profession attend les directives pour faire le choix pour s’engager ou pas dans cette agriculture. Là, les arbitrages du ministère de l’Agriculture sont très défavorables".

Une PAC injuste avec des aides européennes soumises à la taille des exploitations

Pour les syndicats agricoles, ces aides européennes ne sont pas équitables, elles sont trop soumises à la taille des exploitations. Une situation qui défavorise et met en grand danger les exploitations de petites tailles.

Pour faire simple et bien comprendre la problématique, explique Laurence Marandola, c'est simple, il suffit de savoir que :

"La politique agricole commune de Bruxelles, c’est 9,5 milliards d’euros, il y a 2% pour l’agriculture bio alors que nous sommes 10% et le reste pour les 430 000 agriculteurs en conventionnels".

30% des exploitations sont de petites fermes et ne bénéficient d’aucune aide de la PAC, c’est le cas de Séverine Lascombe.

De son côté, la Confédération paysanne souhaiterait plafonner les aides et les réorienter vers le bio. Avec cette réforme, par exemple un petit éleveur sera indemnisé 80 euros par hectares alors qu’un grand exploitant céréalier touchera 200 euros d’aide. "Une situation qui a des répercutions catastrophiques sur l’emploi. C’est 15 000 emplois par an qui disparaissent", rajoute Séverine Lascombe. "Dans les 10 ans à venir, 50% des agriculteurs partiront à la retraite. Il y a donc un enjeu majeur pour le renouvellement mais avec un tel signal du ministère, ce n'est pas bon".

Le label HVE "Haute valeur environnementale" : du "greenwhasing" ?

Ce label HVE a été créé en 2012. Initié par France Nature environnement, il avait pour fonction à la base d’encourager les agriculteurs à choisir l’agriculture biologique. Au départ, il a été mis en place, avec un cahier des charges rigoureux. Mais selon les associations environnementales, ce label ne veut plus rien dire aujourd’hui. Pire, "il a été récupéré par l’agroindustrie, soutenu par le gouvernement", précise Séverine Lascombe.

Ce label permet de bénéficier des aides "écorégimes" de la prochaine PAC au même titre que l’agriculture biologique. Le journal Le Monde révèle que ce Label HVE permet d’utiliser des pesticides de synthèses dans des proportions assez élevées. Les associations parlent de "greenwhasing", de lobbying de l'agriculture intensive et craignent de voir disparaitre à très court terme les vraies exploitations bio.

Pour exprimer leur colère, la Confédération paysanne et la Fédération Nationale du bio ont déjà manifesté jeudi dernier à Paris devant le siège de Pôle Emploi. Ce mercredi 2 juin, ils seront à nouveau mobilisés, cette fois-ci aux Invalides pour dénoncer la prochaine réforme de la PAC et proposer un nouveau pacte agricole et alimentaire européen. Les organisations syndicales ont demandé à être reçues par les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement.

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