Le ministère public a requis la peine maximale ce mardi contre le frère de Mohammed Merah, assortie d’un période de sureté de 22 ans, dénonçant une "communauté d'esprit, de projet et d'actions" des frères Merah. Entre 15 et 20 ans de prison, ont été requis contre l'autre accusé Fettah Malki.
Sans surprise, après plus de trois semaines de procès en appel, l’accusation a requis ce mardi 16 avril devant la Cour d’assises spéciale de Paris, la peine maximale contre Abdelkader Merah, le frère aîné de Mohammed Merah, jugé pour complicité d’assassinats et association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Il faut que le nom de Merah soit associé à une peine lourde" (le substitut général Frédéric Bernardo)
Une période de sureté de 22 ans
Au terme de plus de quatre heures de réquisitions, le parquet général a réclamé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sureté de 22 ans contre le frère du terroriste toulousain, convaincu selon lui d’avoir été le complice des sept assassinats et le membre de l’association de malfaiteurs terroriste criminelle.Au premier procès, c’est la même peine qui avait été réclamée dans les réquisitions du parquet général. Finalement, Abdelkader Merah avait été condamné à 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste mais avait été acquitté des faits de complicité.
"C'est ça la France !"
Faisant référence à l'incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris la veille au soir, l'avocat général Rémi Crosson du Cormier a indiqué d'emblée : "J'ai entendu ce matin un technicien qui travaillait sur la cathédrale dire que tous ses ouvriers sont musulmans et qu'ils respectent ce lieu sacré. C'est ça la France"."La France nous regarde" ajoutera plus tard le substitut général Frédéric Bernardo, faisant référence à travers cette affaire à la longue et douloureuse série d'attaques terroristes subies par la France dans la foulée de ceux commis par Mohammed Merah.
"Pas de loup solitaire"
L'avocat général a indiqué à plusieurs reprises que les responsables des attentats des 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban "ne sont pas apparus subitement"."Ils ont été formés, se sont formés et ont préparé ces actes ensemble contre leurs “ennemis". Il n’est pas de loup solitaire, il appartient à une meute et retourne à sa meute", pointant du doigt les cellules salafistes du milieu des années 2000 autour de Toulouse.
"Aidé de ses complices, Mohammed Merah s'est réclamé d'Al Qaïda" a rappelé l'avocat général, qualifiant Abdelkader Merah de "mentor, sachant, enseignant" de son frère cadet.
Pour le ministère public, Abdelkader Merah est "le doctrinaire" et Mohammed Merah "l'exécutant".
Prouver la complicité
"Je n'ai pas d’acte notarié prouvant les faits, mais un faisceau d’indices, d’éléments qui permettent de reconstituer une vérité" a prévenu de son côté Frédéric Bernardo, subsitut général. Ajoutant : "On peut être auteur d’une infraction sans en être l’auteur principal si on a aidé ou facilité dans une attitude active ou positive".Pour le parquet général, entre Mohammed et Abdelkader Merah il y a "communauté d'esprit, communauté de projets et communauté d'action". Si le premier élément n'est pas répréhensible sur le plan juridique, les deux suivants le sont.Entre Mohammed et Abdelkader Merah, il y a communauté d'esprit, communauté de projets et communauté d'action (parquet général)
Des réquisitions marquées par plusieurs accrochages avec la défense, notamment Maître Dupont-Moretti, avocat d'Abdelkader Merah.
15 à 20 ans requis contre Malki
Concernant l’autre accusé, Fettah Malki, l’ami d’enfance des Merah, le petit voyou de quartier, poursuivi pour avoir fourni un pistolet et un gilet pare-balles au terroriste, l’avocat général a réclamé entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle."Ce n'est pas un terroriste mais il fait partie des délinquants de droit commun qui ont leur utilité dans le dispositif" a affirmé le substitut Frédéric Bernardo.
Au premier procès, une peine de 20 ans avait été requise contre Fettah Malki. Il avait finalement écopé de 14 ans de prison avant d’annoncer qu’il faisait appel de cette condamnation.