Atmo Occitanie, l'Observatoire régional de l'air a publié ce jeudi les résultats de son suivi 2018-2019 des pesticides dans l'air, où pas moins de 61 pesticides, dont 31 perturbateurs endocriniens, ont été détectés.
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Il n'y a pas que la Covid-19 dans l'air des villes et des campagnes d'Occitanie. On peut aussi y humer une gamme variée de 61 pesticides différents. Un peu de lindane, un zeste de Pendimethaline, du Métolachlore, pas mal de folpel, du Chlorpyriphos méthyl, une pincée de Boscalid, et plein d'autres fongicides, herbicides ou insecticides. En milieu urbain, plus encore parfois que dans les zones rurales arboricoles, viticoles ou de grandes cultures. Tel est le bilan des mesures effectuées par Atmo Occitanie pendant un an, en 2018-2019, sur 8 sites répartis sur le territoire régional.
31 pesticides à caractère de perturbateurs endocriniens dans l'air de la région
Les recherches ont porté sur 110 molécules. Parmi elles, 61 pesticides ont été détectés, dont 26 fongicides, 20 herbicides, 14 insecticides et un nématicide (insecticide qui élimine les vers ronds). Un maximum de 39 pesticides a même pu être observé sur le site de mesure du Tarn-et-Garonne en territoire à la fois arboricole et de grandes cultures.
Sur l'ensemble des pesticides mis en évidence en Occitanie, 31 présentent un caractère de perturbateur endocrinien probable, c'est-à-dire dérèglant le fonctionnement hormonal, et donc dangereux pour la santé.
"C'est dans l'air" en ville, notamment à Toulouse et à Montpellier
A Toulouse, 29 pesticides ont été détectés, contre 22 à Montpellier, soit plus que dans certaines zones rurales de la région comme le Lot ou le Lauragais. Pourtant, les sites de mesures en milieu urbain ne sont pas situés à proximité de parcelles agricoles. D'où l'explication avancée par l'
étude d'une "influence du transport des pesticides dans l’air sur de longues distances" ou encore d'une "
utilisation possible plus localement de pesticides par différents types d'utilisateurs". A Toulouse, des traces de l'herbicide prosulfocarbe ont ainsi été enregistrées d’octobre à décembre 2018. "
L’influence du transport par vent d’Autan (sud-est) et vent d’ouest des traitements agricoles appliqués en zone rurale à plusieurs dizaines de kilomètres du site de mesure pourrait en être la cause", précise Atmo Occitanie. A Montpellier, les fongicides prospèrent principalement au printemps et en été, au moment des traitements réalisés sur les parcelles viticoles situées en périphérie de l’agglomération.
A l'exception de l'Aude viticole, des niveaux de pesticides en Occitanie comparables aux niveaux nationaux
Les niveaux de pesticides mesurés en Occitanie sont comparables aux niveaux constatés en France, excepté pour l’Aude viticole. Si pour les grandes cultures, le cumul hebdomadaire médian de pesticides mesuré sur le Lauragais est plus faible qu'au niveau national, en ville, on retrouve à Toulouse les mêmes valeurs que dans les principales agglomérations françaises, alors que les niveaux enregistrés à Montpellier sont plus faibles. L'arboriculture dans les Pyrénées-Orientales, le Lot ou le Tarn-et-Garonne connaissent les mêmes taux que d'autres zones équivalentes en France. Les sites d'observation en milieu viticole du Gard ou du Lot révèlent eux une faible présence de pesticides par rapport à la situation nationale, alors que l’Aude présente des niveaux élevés "
s’expliquant probablement par les conditions météorologiques défavorables pour les cultures viticoles sur l’année 2018", selon Atmo Occitanie
. La présence importante de folpel dans l'air du département, serait le résultat "
ponctuel" d'un traitement par ce fongicide de la vigne, attaquée cette année là par le mildiou. Mais respirer du folpel n'est pas l'"apanage" des habitants de l'Aude. Le folpel détient le record du pesticide le plus détecté dans l'air de la région.
Interdit en 1998, le lindane pollue encore l'air de la région
Abondamment utilisé comme insecticide par les agriculteurs jusqu'en 1998, le lindane a beau avoir été interdit en raison de sa toxicité pour l'homme et pour les animaux, Atmo Occitanie le repère parmi les 15 pesticides les plus courants dans la région en terme de concentrations cumulées. On ne le trouve pas seulement dans les champs où il a été épandu, mais en raison du vent au moment de l'épandage, dans des zones beaucoup plus éloignées, où il a imprégné les sols.
Des mesures pour quoi faire ?
Malgré l'absence d'une règlementation française ou européenne de normes et de surveillance d'une telle pollution, pour Atmo Occitanie, qui réalise depuis 2002 des mesures ponctuelles de pesticides dans l'air, les résultats qu'elle publie ce jeudi ne constituent pas une surprise. Les précédentes études avaient déjà montré la présence des pesticides dans l’air ambiant en milieu rural comme en zone urbaine. En publiant ces nouveaux résultats plus poussés, Atmo Occitanie entend attirer l'attention sur la nécessité d'une surveillance pérenne du phénomène, au service des acteurs de la santé, des professions du monde agricole et des experts de l’environnement. L'association a également mené son étude dans le cadre d'une campagne exploratoire nationale diligentée par l'ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail). En plus de réaliser un état des lieux de la présence des pesticides, cette campagne vise à suivre les évolutions des pratiques agricoles et à mieux en appréhender l’impact sanitaire. L'enjeu est de taille. Il s'agit d'établir à terme des valeurs limites règlementaires.