Lundi 21 septembre 2019, premier jour du procès devant la cour d'assises de la Haute-Garonne de Sophie Masala, jugée pour avoir tué et démembré sa collègue de travail Maryline Planche, les enfants de l'accusée ont apporté leur soutien à leur mère.
Après l'enquêtrice de personnalité, après les deux experts-psychiatres, c'était au tour des deux enfants de l'accusée, Sophie Marsala, de témoigner à la barre, ce lundi 21 octobre 2019, premier jour du procès de la "démembreuse" du canal du Midi, accusée d'avoir tué et découpé en morceaux sa collègue de travail, Maryline Planche, en 2016, à Toulouse.
Difficile épreuve pour deux jeunes gens, insérés dans la vie, qui ont appris les faits commis par leur mère, ce mois de mai 2016.
A. attend dans la salle réservée aux témoins depuis des heures. Introduit par la personne en charge de la bonne marche de l'audience, il entre dans une salle de cour d'assises remplie. Journalistes et public sont en effet au rendez-vous du procès de cette affaire hors-normes.
"Ma mère a fait quelque chose d'horrible"
Le jeune homme risque un regard à sa mère, assise dans le box des accusés. Il a 25 ans et est employé polyvalent dans un supermarché. Le président Michel Huyette le questionne en douceur."Ma mère a fait quelque chose d'horrible", commence le jeune homme, invité à s'exprimer librement, avant les questions, tel qu'en est l'usage dans une cour d'assises. "Mais elle reste ma mère. Une mère très attentionnée. Qui n'a jamais fait de mal à personne. C'était pas elle. C'est pas elle qui a fait ça".
A., né en 1994, est très ému. Il insiste : "Ma mère est quelqu'un de très attentionné, qui cherche à aider son prochain. Elle a le coeur sur la main". Le fils de Sophie Masala raconte : jamais grondé, jamais de fessée, sa mère était "une gentille mère".
A quelques mètres de lui, Sophie Masala pleure. Comme elle l'a dit aux experts-psychiatres, elle a ressenti de la honte et de la culpabilité par rapport à ses enfants.
Interrogé par le président de la cour d'assises de la Haute-Garonne, A. explique qu'au début, il n'a pas compris. "J'ai essayé de consoler mon père comme je pouvais", détaille-t-il quand le président lui demande de se rappeler l'annonce des faits. A l'époque, il vit encore chez ses parents. Avec son père la semaine, puis avec les deux le week-end, quand Sophie Masala rentre de Toulouse.
Des problèmes d'argent, des détournements d'argent par sa mère, il sait tout. Mais pas le niveau de son mal-être à Toulouse. A. admet qu'elle était fatiguée, qu'elle aimait son métier mais se plaignait de certaines conditions de travail.
Le président veut savoir s'il va voir sa mère en prison. C'est oui. Que se disent-ils ? A. demande l'approbation de sa mère. "Cela ne me gêne pas de le dire. Si ma mère est d'accord." Sophie Masala, dans le box, acquiesce. "On discute de sa vie carcérale, de comment elle s'y habitue. Les raisons de son geste ? Je ne me souviens pas de lui en avoir parlé".
"C'est une femme qui a eu une vie terrible"
Sa soeur M. a 31 ans, c'est l'aînée de Sophie Masala. Elle succède à son frère à la barre. "Ma mère est une très belle personne. Je ne m'explique pas ce qu'elle a pu faire."Longtemps, M. a pensé que sa mère n'avait pas agi seule. "Je n'y ai pas cru. J'ai imaginé que quelqu'un l'avait aidé. Ou fait ce geste à sa place." Mais il faut se rendre à l'évidence. Et là, la fille de Sophie Masala a des arguments. "C'est une femme qui a eu une vie terrible. Elle n'a pas été épaulée par son mari, comme un mari aurait pu le faire. Cela n'a pas contribué à la faire se relever de son enfance."
M. admet que sa mère avait le mensonge facile mais ce qu'elle rapporte à la cour est si courant : "Par exemple, elle n'a pas dit à mon père que je fumais".
Par contre, M. connaît sans doute sa mère mieux que personne quand elle dit : "Elle avait besoin d'être reconnue professionnellement et je crois que ce n'était pas le cas. Elle était toujours dans le "Je fais mieux que tout le monde" . Elle a une énorme culture générale."
Et de conclure : "Elle n'a pas eu une vie très heureuse. Des pics de joie, peut-être, mais pas plus..."