Oui au ski de fond, non au ski alpin ! Confirmée hier par le Premier ministre Jean Castex, cette décision provoque l'inquiétude des exploitants des stations pyrénéennes. Certes elles pourront ouvrir cet hiver, mais leur remontées mécaniques devront rester fermées.
Les stations de ski peuvent ouvrir cet hiver, mais leurs remontées mécaniques devront rester fermées. En cause une nouvelle fois, le risque sanitaire lié à la crise du COVID. L’annonce faite hier par le Premier Ministre Jean Castex n’a pas satisfait les exploitants des domaines français, c’est peu de le dire. Dès hier, les réactions ont fusé sur les réseaux sociaux, à l'image du tweet de Laurent Reynaud, Délégué Général de Domaines Skiables de France.
Les gens auraient donc le droit de se rendre en station, mais pas celui de pratiquer le ski?!
— Laurent Reynaud (@l_reynaud) November 26, 2020
Le #ski: une activité de #PleinAir que le gvt veut interdire pour décourager les français de se rendre à la #montagne alors que toutes les autres activités y seraient autorisées?! ?
D’autant que les domaines skiables en Suisse, en Autriche et probablement à Andorre, eux, vont pouvoir fonctionner normalement.
L'Allemagne, en lien avec la France et l'Italie, demande une fermeture des remontées mécaniques dans toute l'Europe jusqu'au 10 janvier. L'Autriche et la Suisse refusent de sacrifier les vacances de Noël, très importantes pour leur industrie touristiquehttps://t.co/CxSrm2fYpK
— Les Echos (@LesEchos) November 26, 2020
Georges Vigneau lui a un avis très partagé. Il dirige cinq stations dans le massif pyrénéen : le plateau de Beille, Ascou, Le Goulier, Mijanès et le domaine du Chioula.
« Pour l’instant, rien n’est officiel, j’attends confirmation » explique-t-il d’emblée. Comme ses collègues, il est inquiet. « Dans les Pyrénées, les remontées mécaniques c’est 110 millions d’euros de chiffre d’affaires. Un chiffre à multiplier par 6 si on inclut les locations, restaurants, hôtels et autres activités touristiques ». Le manque à gagner est réel et douloureux. « Même si je comprends la démarche du gouvernement, car il y a la maladie et le risque de contamination » explique celui qui est aussi Directeur des Espaces Nordiques des Vallées d’Ax.
Soulagement et inquiétude
Il compte donc (un peu) sur le ski de fond pour passer Noël, en attendant des jours meilleurs. « Je suis à la fois heureux et inquiet. Le fait qu’on puisse faire du ski de fond c’est une bonne nouvelle, même si cela ne va pas compenser les pertes en ski alpin. Mais d’un autre côté, il faudra gérer le flux de vacanciers et avec les mesures sanitaires, cela va être compliqué ». Car parfois, le plateau de Beille - haut lieu des skieurs de fond - accueille jusqu’à 4000 personnes par jour.Ce n’est qu’à partir du 15 décembre que les Français pourront pleinement bénéficier de l’ouverture des stations de ski, mais hors remontées mécaniques donc. En attendant, le sport pratiqué en individuel n’est autorisé que dans la limite d’une sortie de 20 km et un délai de 3 heures. Selon nos confrères de France Bleu Besançon, Roxana Maracineanu, la Ministre des Sports devrait faire publier un décret ce samedi qui va déterminer les activités sportives concernées par cette mesure. Le ski de fond en ferait partie.
Une mesure qui ne convainc pas Georges Vigneau. « D’abord on n’a pas de neige pour l’instant. Mais surtout, 20 km, cela ne va donc concerner que très peu de personnes, on n’aura pas une grosse clientèle, c’est sûr » déplore-t-il.
Douche froide
En Aveyron, les réactions sont plus tranchées. Denis Garat dirige le domaine de Laguiole. Une petite station aveyronnaise gérée par un syndicat mixte. Elle compte 10 remontées mécaniques, 15 pistes de ski alpin, 50 km de pistes de ski de fond et 30 km de chemins pour faire de la raquette.« On ne s’attendait pas à ça » explique Denis Carat, le Directeur de la station. « Cela fait des mois qu’on travaille ensemble sur un protocole sanitaire strict, qui permette d’accueillir et de rassurer les vacanciers et voilà qu’on nous prive de remontées mécaniques » déplore-t-il.
« C’est une véritable douche froide » regrette-t-il amer. Car selon lui, l’absence de remontées mécaniques ne sera pas compensée par les autres activités proposées par cette station aveyronnaise. « Nous, on trouve l’équilibre budgétaire, quand les trois activités fonctionnent : le ski alpin, le ski de fond et la raquette ».
L'espoir de nouvelles négociations
Si les remontées mécaniques devaient effectivement rester fermées pour les vacances de Noël, Denis Carat redoute une perte sèche de près de 50.000 euros. Ce qui constituerait un nouveau coup dur pour cette station, fermée l’année dernière à Noël, faute de neige.Elus, exploitants, directeurs de station, commerçants, restaurateurs et hôteliers : tous espèrent que le gouvernement revienne sur sa décision de priver les skieurs de télé-sièges ou de tire-fesse. Des négociations pourraient avoir lieu ces prochains jours.
Si rien ne bouge, il faudra attendre courant janvier (certains évoquent le 20 janvier) comme l’a annoncé Emmanuel Macron, avant qu’on puisse de nouveau faire du ski alpin. A condition bien sûr, que la situation sanitaire le permette et que la France ne soit pas confrontée à un nouveau rebond de la pandémie.