Souvenez-vous, entre le 5 et 7 février dernier, des pluies chargées de sable du Sahara coloraient les pentes enneigées des Alpes et des Pyrénnées. Une campagne de collecte d'échantillon avaient été lancées par des scientifiques. Les premières analyses révèlent un impact sur la fonte des neiges.
Des montagnes teintées d'ocre, une neige couleur orangé, c'est le spectacle extraodinaire observé dans le massif des Alpes et des Pyrénées. Mais ce type événement semble bien avoir un impact sur l'environnement. C'est ce que révèle les premiers résultats d'une étude menée par des scientifiques de différents laboratoires et universités dont certains à Toulouse.
A la suite du phénomène en février dernier, des scientifiques avaient décidé de lancer une campagne de science collaborative en demandant à tout un chacun de collecter des échantillons de neige pour analyse.
Simon Gascoin, chercheur au CESBIO ( centre d'études spaciales de la biosphère) est à l'origine de cette campagne de collecte. "Nous avons récupéré les échantillons. Une trentaine dans les Pyrénées. Ils ont été envoyés à l'Institut de géologie te sciences de l'environnement de Grenoble. Et j'ai participé à la mise en place de protocoles d'analyse."
Des centaines de milliers de tonnes de sable
Et les tout premiers résulats viennent d'être rendus publics. Ils portent sur une petite partie des échantillons de neige collectés, 150 au total. Tous ont été fondus, filtrés pour tenter de définir la quantité de particules de poussières saharienne. " Je suis assez surpris des résultats. On parle de centaine de milliers de tonnes tombées sur certaines zones!", explique Simon Gascoin. Le rapport préliminaire précise même 300 à 400 mille tonnes sur les Alpes françaises.
RT meteofrance : ?️Publication des résultats préliminaires de l'impact des dépôts massifs de poussières sahariennes sur le manteau neigeux dans les Alpes & Pyrénées - Étude coordonnée CNRM (Météo-France/@CNRS ) @CesbioLab @IGE_Grenoble @SLFDavos
— Mutuelle MALJ (@mutuelle_malj) May 21, 2021
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Des concentrations très importantes, confirme Marion Réveillet du Centre d'études de la neige à Grenoble. "On a des concentrations parfois de l'ordre de près de 10 grammes par m2 dans certains secteurs des Alpes du sud. Alors oui si l'on rapporte cela à l'échelle du massif on arrive à 300 000 tonnes de sables. Mais c'est une modélisation". Elle précise : " Il a fallu en moyenne 1 heure de filtration pour les échantillons provenant des Alpes. Les concentrations précises dans les Pyrénées n'ont pas encore été totalement analysées. Mais quand il fallait compter une heure de filtration pour un échantillon issu des Alpes, c'est une journée entière pour un autre prélevé dans les Pyrénées!" Les données du massif pyrénéen en cours d'analyse révéleront sans doute la présence de poussières du sahara encore plus marquée.
Une accélération de la fonte des neiges
Et ce sable n'est pas sans incidence sur le millieu.
"Des modélisations numériques ont été effectuées dans plusieurs secteurs des Alpes mais aussi en Haute Bigorre. Et ces poussières de sables semblent accélérer la fonte du manteau neigeux", explique Simon Gascoin.
Ainsi la neige fondrait avec 29 jours d'avance dans certaines secteurs du massif alpin et 22 en Haute-Bigorre. Avec bien sûr des différences notables selon la météo et l'altitude. La présence de sable rendait également le manteau neigeux plus instable accentuant le risque d'avalanche.
D'où l'intérêt pour le chercheur toulousain Simon Gascoin du CESBIO de s'assurer que grâce à des images satellites on puisse évaluer la quantité de sable tombée sur les montagnes enneigées. "Un phénomène extraordinaire mais pas exceptionnel", assure-t-il.