Selon les conclusions d'expertises techniques, la responsabilité de la conductrice du car scolaire percuté par un TER à Millas le 14 décembre 2017 est engagée par un freinage tardif. Ce drame avait coûté la vie à six collégiens.
"L'origine de cet accident provient d'un freinage tardif de la conductrice de l'autocar," affirment les deux experts qui ont analysé le véhicule, selon une information du Parisien. Selon le quotidien qui s'est procuré le rapport remis à la juge d'instruction, les experts ont pu exclure toute cause mécanique ou météorologique à l'accident.
Le seul obstacle pouvant se trouver devant son autocar dans son couloir de circulation nécessitant d’écraser la pédale de frein est la présence de la barrière fermée
"La conductrice de l’autocar […] se rend compte de la présence d’un obstacle devant son autocar et elle écrase la pédale de frein. Le seul obstacle pouvant se trouver devant son autocar dans son couloir de circulation nécessitant d’écraser la pédale de frein est la présence de la barrière fermée du passage à niveau n°25. Mais lorsqu’elle décide de freiner, l’autocar […] est déjà trop près de la barrière fermée et elle ne réussit pas à stopper l’autocar avant d’atteindre la voie ferrée. Sur sa lancée, bien qu’elle soit en freinage, elle percute la barrière du passage à niveau qui se plie."
La conductrice du bus, grièvement blessée, mise en examen pour homicide involontaire, a toujours expliqué que les barrières étaient levées comme nous l'indiquait, dès le 15 décembre, Lilian Faur, le responsable toulousain de l'entreprise de transport."Elle m’a dit que rien n’interdisait de passer, qu’elle s’est engagée sur le passage à niveau normalement quand tout à coup le bus a été violemment percuté. Ensuite c’est le trou noir, elle ne se souvient de plus rien et se réveille à l’hôpital». Et ce patron de préciser : « Elle me dit qu’elle n’a eu aucun malaise, aucune panne du véhicule."
L'activation des barrières est au centre de l’enquête. Différents témoignages surgissent. D’un côté, la conductrice du bus, et certains collégiens affirment avoir vu les barrières levées avant l’impact, et d’autres témoins affirment avoir vu les barrières baissées. Dès le début de l'enquête, le procureur de la République de Marseille précisait que mes "constatations matérielles" allaient "plutôt dans le sens d'une barrière (du passage à niveau) fermée"
Expertise médicale
La juge d'instruction du pôle accident collectif de Marseille demande également une expertise médicale pour savoir notamment si les somnifères que prenait la conductrice depuis sept ans ont eu une influence sur son acuité visuelle ou auditive.
La responsabilité de tous ces médecins qui sont intervenus semble évidente et probablement plus importante que celle de la conductrice
"Son employeur le savait-il ? Son médecin traitant devra également rendre des comptes", s'insurge Me Jehanne Collard, avocate de trois familles parties civiles. "La responsabilité de tous ces médecins qui sont intervenus semble évidente et probablement plus importante que celle de la conductrice, précise-t-elle à Franceinfo. Vanessa Brandon, travaille avec Maître Collard.
Pourquoi ?
Stéphanie Fruitet a perdu sa fille de 13 ans dans la catastrophe. Elle cherche aujourd'hui des réponses à ses questions: "Moi, je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle ne s'est pas mise en dépression. Pourquoi elle n'est pas arrêtée ? Pourquoi le médecin ne lui a pas dit que c'était trop dangereux ? Il va falloir qu'elle réponde."
La défense démonte l'expertise
L'avocat de la conductrice a attendu le début d'après-midi pour s'exprimer. il est très critique sur l'expertise technique: "Comment un véhicule qui roule à 12 km/h, qui va être arrêté par un coup de frein vigoureux, 15 mètres après est toujours en roulement ? Selon mes experts, il ne parcourt que 40 cm."
Comment un véhicule qui roule à 12 km/h, qui va être arrêté par un coup de frein vigoureux, 15 mètres après est toujours en roulement ?
Concernant la demande d'expertise médicale, Jean Codognès y voit une manière d'éviter de "C'est assez habile de modifier le contexte. C'est un vieux truc que les vieux avocats connaissent. Parler de l'état de santé, c'est dégager la SNCF de toute responsabilité. Non, la responsabilité de la SNCF n'est pas exclue."
Parler de l'état de santé, c'est dégager la SNCF de toute responsabilité
Jean Codognès, avocat de la conductrice de bus de l'accident de Millas, conteste l'expertise technique.
L'accident de Millas a coûté la vie à six collégiens. 17 enfants et la conductrice ont été blessés.