La démolition d'un mur d'enceinte du XIIIe siècle à Fourques, dans les Pyrénées-Orientales, fait polémique et remet dans l'actualité la question de la conservation du patrimoine. Les communes manquent d'argent pour préserver cette richesse artisanale et mémorielle malgré le classement aux monuments historiques.
Pour assurer la sécurité des citoyens, certains maires sont obligés de vendre voire de détruire une partie de l'histoire de leur commune. C'est le cas à Fourques, entre Perpignan et Céret.
Un mur de pierre datant de plus de 800 ans vient d'être abattu car faute d'entretien et de rénovation, il était considéré comme dangereux.
Un pan d'histoire détruit à la pelleteuse
Un nuage de poussière entoure les restes du mur d'enceinte de la commune catalane de Fourques. Au pied de la pelleteuse gît désormais un tas de pierres de ce qui fut durant 8 siècles un rempart à l'origine du village.
Aujourd'hui, cette destruction décidée par la mairie, en raison du risque d'effondrement d'une maison située à proximité du mur, fait polémique. C'est une erreur, selon un spécialiste du patrimoine catalan.
Compte tenu de l'importance de la construction et de la manière dont a été construit ce mur, il n'y avait pas d'urgence à le démolir. Il ne pouvait pas y avoir de péril imminent qui conduise à une telle destruction. Il y avait de toute façon des mesures conservatoires qui pouvaient être prises et qui mettaient tout le monde à l'abri de tout danger.
Olivier Poisson, ancien inspecteur des Monuments historiques.
Problème, ces mesures conservatoires coûtent cher et les communes sont souvent dans l'impasse financière pour entretenir ce patrimoine local ou rural. Malgré un véritable attachement à leur histoire.
"Il y a beaucoup d'endroits où les situations sont délicates. Car il faut disposer de moyens mais aussi de compétences pour conserver ce genre d'édifice. Et c'est dommage, car de nombreux ensembles importants sont ainsi menacés" explique Olivier Poisson.
Les remparts d'Elne en attente de restauration
À quelques kilomètres de là, la mairie d'Elne doit justement faire de gros travaux de restauration, en particulier sur les remparts de la ville datant du 12e siècle. Un chantier estimé à plus de 3 millions d'euros.
Un dossier a été déposé pour les inscrire aux Monuments historiques, et donc bénéficier de subventions mais cela ne suffira pas. 30 à 40% du coût total reviendront tout de même à la commune.
C'est une somme très importante pour la mairie qui va se cumuler à des travaux d'urgence sur d'autres ensembles patrimoniaux comme la cathédrale ou la maternité. Donc, c'est une mauvaise nouvelle budgétaire.
Annie Pezin, maire-adjointe à la mairie d'Elne en charge du patrimoine.
La mairie d'Elne envisage aujourd'hui de vendre le bâtiment qui compose la porte de la partie basse des remparts, déjà inscrite aux Monuments historiques. Un ouvrage de moins à entretenir et un apport pour financer le reste des travaux.