Une pollution du Verdouble a entraîné, de juin à août, une coupure de l'alimentation en eau potable du village de Tautavel, dans les Pyrénées Orientales. Depuis le 6 août, les habitants peuvent de nouveau la consommer, mais la solution trouvée est provisoire.
Depuis deux semaines et demi, les habitants de Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, ont de nouveau accès à l'eau potable. Mais pendant près de deux mois, une pollution du Verdouble, la rivière avoisinante, les a contraints à ne consommer que de l'eau minérale en bouteille, distribuées par les collectivités locales. Une pénurie dans tous les esprits, ce dimanche 23 août, à l'occasion de l'organisation d'une Fête de l'eau et de la nature destinée à sensibiliser à la préservation d'une ressource vitale.
70% de pertes estimées dans un vignoble
Raymond Hage témoigne de cette nécessité. Ce vigneron, qui produit en permaculture, n'utilise pour traiter ses vignes que des dilutions d'huiles essentielles et des décoctions. Il estime que la pénurie en eau a entraîné la perte d'environ 70% de sa récolte. "Je n’allais pas mettre dans mon vignoble des pesticides et insecticides indirectement, quand je ne le fais pas directement, appuie-t-il. Mon dernier traitement c’était le 20 mai. Depuis le 20 mai, je n’ai pas pu traiter mon vignoble et, du coup, c’est la maladie qui a pris le dessus."
A l'origine de la pollution du Verdouble, des traces de pesticides, fongicides et néonicotinoïdes retrouvés en excès dans la rivière. Ces produits sont notamment utilisés en agriculture conventionnelle pour le traitement des vignes contre l’oïdium et le mildiou. Une enquête est en cours pour en déterminer la cause exacte. D'autant que deux plaintes ont été déposées : l'une contre X pour "empoisonnement", l'autre envers le gestionnaire du réseau, Perpignan Méditerranée Métropole, pour "négligence".
Une solution provisoire
Car dans la commune de 877 habitants, "le problème n’est pas résolu", prévient Joseph Genebrier, président de l'Association tautaveloise pour l'information et la sauvegarde, l'un des organismes associés à la démarche. Le rétablissement de l'eau potable a été rendu possible par l'installation d'une station de filtrage au charbon actif. Une solution provisoire, reconnaissait l'Agence régionale de santé au début du mois d'août.
"Depuis 2017, la préfecture a mis en demeure notre délégataire de trouver une nouvelle ressource en eau potable. Des études ont été lancées sur un nouveau forage. Les résultats intermédiaires sont, d’après les dires de la mairie, en demi-teinte. On aimerait, à ce sujet, avoir des explications plus précises sur l’éventualité de l’exploitation future de ce forage." En parallèle, les associations réclament également la mise en place d'un schéma d’aménagement et de gestion de l’eau sur l’ensemble de la vallée de l’Agly.