"Les Français vont apprendre à l'apprécier" : les élus locaux réagissent à la nomination de Jean Castex à Matignon

Jean Castex, un homme des Pyrénées-Orientales, a été nommé à Matignon ce vendredi. Les élus locaux qui ont eu l'occasion de travailler avec lui confient leurs sentiments à son égard. Pour beaucoup, le nouveau Premier ministre est un "travailleur", un homme "à qui l'on peut faire confiance".

Le maire de Prades (Pyrénées-Orientales) et "monsieur déconfinement", Jean Castex, a été nommé Premier ministre ce vendredi 3 juillet suite à la démission d'Edouard Philippe et en vue du remaniement souhaité par Emmanuel Macron. Une surprise pour l'ex Languedoc-Rousillon, qui sera représenté pour la première fois à Matignon.

Inconnu du grand public, Jean Castex possède pourtant un fort ancrage au niveau local, par sa quadruple casquette de conseiller régional, conseiller départemental, président de sa communauté de commune, et maire de Prades. Certains élus se réjouissent de voir un homme du cru accéder à l'une des plus hautes marches du pouvoir. 

"Tous les maires l'aiment"

L'élu, qui vient de démissionner du parti Les Républicains pour adhérer à La République en Marche, est décrit comme un "grand serviteur de l’Etat" par François Calvet, sénateur LR des Pyrénées-Orientales. Selon lui, Jean Castex a toutes les chances de plaire aux élus et aux Français grâce à un profil "rassembleur". 
 

C'est une surprise, mais en même temps non, parce que c’est tout à fait l’homme de la situation. C’est un homme humble qui sait parler à tout le monde. Du plus petit au plus grand, il ne fait pas de différence. Le président a manqué de ça avec les élus. Jean Castex connaît les rouages des élus ; dans sa communauté de commune, il a 47 maires qui sont très différents. Il a toujours fait le consensus, tous les maires l’aiment. Des maires du PCF, de gauche, de droite, tout le monde s’entend très bien avec lui. C’est à notre échelle, mais ça peut être reproduit au niveau national. Quand les Français le découvriront, ils vont l’aimer.

François Calvet, sénateur LR des P-O



"À l'écoute", c'est aussi ce qui définit le nouveau Premier ministre selon José Montessino, son ami et maire d'Eus, une commune voisine de Prades.
 

Au delà d’écouter, il entend ce qu’on dit. Contrairement à d’autres, il est très humain. Il n'est pas connu car il ne prend pas la lumière, il travaille, au contraire de beaucoup d’hommes politiques qui brassent du vent et qui aiment les projecteurs, mais ce n'est pas pour autant que le travail est fait. Il a les épaules. Il peut travailler 15 à 16 heures par jour et arriver le lendemain frais comme une rose.

José Montessino, maire d'Eus (P-O)


Les défis seront en effet nombreux à la rentrée prochaine pour le nouveau gouvernement, notamment avec la poursuite de la réforme des retraites et de l'assurance chômage. "Il peut porter ce projet qui va être difficile, car la rentrée va être terrible du point de vue social, économique, pour notre pays", poursuit François Calvet. "Il saura expliquer aux gens les difficultés avec beaucoup de pédagogie", renchérit Yves Delcor, son adjoint à la mairie de Prades et nouveau maire par interim.

Dans une interview en 2015, Jean Castex expliquait à France 3 qu'il fallait "aimer les gens et faire des choses concrètes pour eux", afin de rendre "plus facile l'exercice de l'autorité". Parachuté dans sa commune en 2008, le maire à sû se faire apprécier de ses administrés, qui l'ont réélu à 75% des voix aux dernières élections municipales.
 


Pour la députée LREM de l'Hérault, Coralie Dubost, la polyvalence du nouveau Premier ministre, qui a occupé des fonctions nationales et locales, sera un avantage : "Il a une connaissance très fine des enjeux sur le terrain en province, et la connaissance et l’expérience des arcanes des institutions parisiennes. Il pourra accompagner le prochain changement social".

"Il ne nous oubliera pas"

Cette nomination apporte par ailleurs, pour beaucoup d'élus locaux, des espoirs quant aux dossiers chaud qui n'avancent pas. Agnès Langevine, vice-présidente EELV de la Région Occitanie, dit espérer voir peut-être le dossier sur la LGV Perpignan-Montpellier ou celui de la ligne de fret Perpignan-Rungis avancer. "Même si je n'ai pas d'illusion sur la politique qu'il mènera au niveau national", temporise-t-elle.

José Montessino espère, lui aussi, que les revendications locales trouveront une oreille attentive chez Jean Castex."Moi j’espère des avancées sur le dossier des deux voies de la RN116, sur le centre national d’entraînement de Font Romeu, et plus généralement pour toute l’économie de notre département et pour le sentiment d’oubli qu’on a depuis longtemps".

Depuis l'annonce de sa nomination, Jean Castex a reçu beaucoup d'encouragements sur les réseaux sociaux, notamment du député de la Lozère, Pierre Morel à L'huissier, ou de la députée du Gard, Françoise Dumas. 
   

Plus légèrement, c'est aussi un accent familier que l'on entendra à présent dans la bouche du Premier ministre français, rappelle Coralie Dubost. "C’est bien pour l’Occitanie, on est très fiers, nous, occitans, d’avoir un monsieur d’Occitanie qui est aujourd’hui à Matignon. La France est une République avec plusieurs territoires et c’est bien d’entendre un accent chantant qui évoque le soleil."


"Pas de parole écologique"

Seule ombre au tableau, en raison de son CV d'énarque et de haut fonctionnaire, certains élus l'ont désigné comme "un homme de paille" pour le Président Emmanuel Macron, et prédisent son rôle comme celui d'un technicien nommé pour appliquer les réformes de la rentrée prochaine.
 
Sa sensibilité de droite, en tant qu'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et directeur de cabinet de Xavier Bertrand, en fait réagir d'autres, comme Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie. 

"C’est une évidence qu’Emmanuel Macron choisisse un homme de droite. Sa politique est une politique de droite, c’est donc tout à fait cohérent", estime-t-elle. Elle anticipe que Jean Castex aura "peu de marge de manœuvre, parce qu’il devra appliquer les orientations du président de la République, qui ne répondent pas aux enjeux de la transition écologique, ou à l’urgence économique".

"Je l'ai rarement entendu avoir une parole écologique", renchérit par ailleurs Hermeline Malherbe, présidente PS du conseil départemental des Pyrénées-Orientales. Pour Agnès Langevine, sa nomination est un "non évènement" en termes de tournant politique. "C'est évidemment le signe qu'Emmanuel Macron reprend la main"
 
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