Indépendance de la Catalogne : les 6 questions qui se posent après le discours de Carles Puigdemont

Le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a prononcé un discours qui était très attendu mardi soir devant le Parlement. Une déclaration d'indépendance était attendue. A-t-elle eu lieu ? Oui, mais... elle a été suspendue dans la foulée. Explications.

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Le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a prononcé mardi un discours évoquant une déclaration d'indépendance sans l'annoncer vraiment mais en précisant qu'elle était "suspendue".


Les 6 questions qui se posent après le discours de Carles Puigdemont :


1.  Carles Puigdemont a-t-il déclaré l'indépendance de la Catalogne?
Oui, le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a même signé mardi soir une déclaration d'indépendance mais...

"Nous, représentants démocratiques du peuple de Catalogne, dans le libre exercice du droit d'autodétermination, et d'accord avec le mandat reçu des citoyens de Catalogne, constituons la République catalane, comme Etat indépendant et souverain, de droit, démocratique et social décidons l'entrée en vigueur de la loi de transition juridique et fondatrice de la République (NDLR adoptée en septembre) initions le processus constituant, démocratique, basé sur les citoyens, transversal, participatif et contraignant."


2. Mais... il a ensuite "suspendu" les "effets" de cette déclaration d'indépendance. Pourquoi ?
Pour "ouvrir des négocitiations avec l'Etat espagnol." 

"Le gouvernement catalan et moi-même proposons que le Parlement suspende les effets d'une déclaration d'indépendance afin de pouvoir entreprendre dans les prochains jours un dialogue." avec le gouvernement espagnol, a-t-il déclaré, sans fixer de délai.

Carles Puigdemont a aussi affirmé "la volonté d'ouvrir des négociations avec l'Etat espagnol, sans conditions préalables, afin d'établir un régime de collaboration qui profite aux deux parties. Les négociations devront être, nécessairement, sur un pied d'égalité."


3. Comment Carles Puigdemont s'y prend-il pour inciter Madrid à accepter de dialoguer ?
Il met la pression sur l'Etat espagnol en... faisant appel à la communauté internationale et à l'UE. 

"Nous vivons des temps exceptionnels, ayant une dimension historique. Les conséquences et les effets vont dépassent le pays et il est évident que la Catalogne, loin d'être une affaire intérieure (...) est une affaire européenne".
(...) Portons à la connaissance de la communauté internationale et des autorités de l'Union européenne la constitution de la République catalane et la proposition de négociation avec l'Etat espagnol."

"Il est de notoriété publique que depuis le référendum, différentes initiatives de médiation se sont mises en place, concernant un dialogue et des négociations, au niveau national et international. Certaines ont été rendues publiques, d'autres pas encore..."


4. Quelle est la réaction du gouvernement espagnol ?
Madrid ne veut toujours pas négocier et "tacle" Puigdemont "qui ne sait pas où il est, ni où il va, ni où il veut aller".

Madrid reste ferme et n'entend pas négocier avec les séparatistes. Dans une première réaction, le gouvernement espagnol a estimé qu'une "déclaration implicite d'indépendance (....) n'est pas admissible". "C'est le discours de quelqu'un qui ne sait pas où il est, ni où il va, ni où il veut aller", a déclaré en fin de soirée la numéro deux du gouvernement conservateur espagnol, Soraya Saenz de Santamaria.
A noter que ce n'est pas étonnant que Madrid n'accepte pas le dialogue. Car si le gouvernement espagnol accpetait des négociations, ce serait assurément un premier (grand) pas vers l'indépendance de la Catalogne. Madrid préfère donc parler de problème interne à l'Espagne, car la Catalogne, c'est l'Espagne, selon le gouvernement espagnol.


5. Quelle est la réaction du parti d'extrême gauche (la CUP) et des partisans de l'indépendance ?
Selon eux, c'est "une occasion perdue", ils "attendaient plus".

En décidant de temporiser, Carles Puigdemont a suscité la déception son allié au Parlement catalan : la CUP (Candidature d'unité populaire). Le parti d'extrême gauche a regretté "une occasion perdue de proclamer solennellement la république catalane".

A Barcelone ou à Gérone, beaucoup de partisans de l'indépendance, rassemblés par milliers devant un écran géant avant de se disperser dans le calme, restaient également sur leur faim. "Au fond, nous sommes contents, mais nous attendions plus", a dit à l'AFP Pere Valldeneu, 66 ans. 

Les réactions contrastées des partisans de l'indépendance à Gérone. Un reportage de Xavier Armengaud, Joan Lopez et Céline Llambrich.
©F3 LR


6. Et maintenant ?
Un conseil des ministres espagnol est reuni, ce mercredi matin, à Madrid. Pour suspendre l'autonomie catalane ?

Ce mercredi matin, le conseil des ministres espagnol est reuni à Madrid. La numéro deux du gouvernement conservateur espagnol, Soraya Saenz de Santamaria avait annoncé dès mardi soir ce conseil des ministres extraordinaire, ce mercredi à 9h00 (heure locale), pour décider de la réponse au défi des indépendantistes catalans. 
"Le gouvernement est réuni. Et il étudie toutes les options", a-t-on appris de source gouvernementale.
Sur la table l'une des options est l'application de l'article 155 de la constitution espagnole et donc la suspension de l'autonomie catalane.


MISE À JOUR : Première (courte) déclaration de Mariano Rajoy ce mercredi peu après midi.

Peu après midi, Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, a déclaré à la suite d'un conseil des ministres exceptionnel : "Le gouvernement espagnol demande à la "Generalitat" de confirmer si elle a formellement déclaré l'indépendance de la Catalogne.", lors d'une déclaration qui n'a duré que quelques minutes.
Il a précisé que cette demande se faisait dans le cadre de l'article 155 de la Constitution, la procédure qui permet de suspendre l'autonomie d'une région.
Mariano Rajoy va également "envoyer au gouvernement catalan une requête pour obtenir le retour à la sérénité."


La traduction de la déclaration de Mariano Rajoy par Elsa Panadès et Isabelle Petit-Felix.

"Bonjour, je suis là pour vous rendre compte de la décision adoptée par le conseil des ministres ce matin. Cet après-midi, nous tiendrons au congrès une session plénière sur la situation en Catalogne et nous débattrons du sujet.
Il me parait adéquat de prendre les devants et de vous communiquer d’ores et déjà la position du gouvernement espagnol. Il est important de clarifier la situation sur les évènements passés hier au Parlement de Catalogne.
Le conseil des ministres s’est mis d’accord ce matin pour demander au président de la Generalitat si hier il a bien déclaré l’indépendance de la Catalogne.
Cette demande vient en amont de toute mesure qui pourrait être prise par le gouvernement espagnol comme l’application de l’article 155 de la constitution. Le but est également d’offrir aux citoyens une clarification de la situation et la sécurité sur un sujet d’une telle importance.
Par sa décision aujourd’hui, le gouvernement espagnol souhaite apporter des certitudes à la population espagnole et en particulier aux Catalans et veut éviter la confusion générée par la Generalitat.
La réponse de Puigdemont à cette requête déterminera la suite des évènements. Si il manifeste la volonté de respecter la légalité et revenir à une normalité institutionnelle, cela mettrait fin à une période d’instabilité et de tension, ce que nous attendons et voulons tous. "


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