Indépendance de la Catalogne : l'impasse politique entre Barcelone et Madrid

Organisation d'un référendum sur l'autodétermination interdit par Madrid, volonté de proclamation d'indépendance, la Catalogne et son gouvernement séparatiste narguent le pouvoir central et le gouvernement Rajoy. Un jeu à haut risque pour les deux parties.

Une semaine de guerre larvée entre Barcelone et Madrid et entre la président de la Catalogne et le chef du gouvernement espagnol. En cause, une possible déclaration d'indépendance de la Catalogne... lundi prochain.

De son côté, l'Union européenne appelle "tous les acteurs pertinents" à passer "de la confrontation au dialogue", après des jours de mutisme.
Même le roi d'Espagne est sorti de sa légendaire réserve, lors d'un message à la nation, cette semaine, au lendemain du référendum catalan.

La justice suspend la séance du Parlement sur l'indépendance prévue pour lundi


La justice espagnole a suspendu la séance parlementaire prévue pour lundi au Parlement catalan sur les résultats du référendum d'autodétermination interdit, au cours de laquelle une déclaration d'indépendance était envisagée.
C’est la première fois dans l’histoire qu’un tribunal interdit le débat parlementaire.

La Cour constitutionnelle "a suspendu la séance plénière du Parlement (catalan) lundi", a déclaré une porte-parole. L'Assemblée devait siéger à la demande du parti du président séparatiste catalan Carles Puigdemont, qui devait s'y exprimer.

La séance a été suspendue à la demande du groupe socialiste à l'Assemblée de Catalogne qui avait saisi la justice en urgence, contestant l'organisation d'un débat sur le référendum de dimanche dernier, déjà interdit par la Cour constitutionnelle.
Mais depuis que la Cour s'est prononcée contre le référendum, l'exécutif catalan et la majorité séparatiste du Parlement régional, 72 élus sur 135, ont toujours ignoré ses décisions. La loi organisant ce scrutin indique même qu'elle s'impose à toute autre norme qui entrerait en conflit avec elle, y compris la Constitution.

La majorité parlementaire (Junts pel Sí et la CUP) a déjà annoncé son souhait qu’une DUI, une déclaration unique d’indépendance, soit proclamée lundi, alors que les débats internes ont toujours cours quant aux contours de cette déclaration d’indépendance.

Les séparatistes catalans menacent de proclamer l'indépendance


Les dirigeants séparatistes de la Catalogne répètent qu'ils vont proclamer l'indépendance dans les prochains jours malgré l'avertissement du roi d'Espagne, et Madrid rejette toute médiation tant que l'exécutif catalan menacera de faire sécession.

Galvanisés par le référendum d'autodétermination de dimanche, suivi d'une grève générale et de manifestations de centaines de milliers de personnes, les dirigeants catalans pourraient déclarer l'indépendance lundi, a indiqué mercredi une source au sein du gouvernement régional.
Les partis indépendantistes, majoritaires au parlement régional, ont réclamé une séance plénière ce jour-là pour débattre des résultats du vote, et ils souhaitent que le président séparatiste de la Catalogne, Carles Puigdemont, vienne s'exprimer.

Le gouvernement séparatiste affirme que le "oui" à l'indépendance a obtenu les voix de "90%" des 2,26 millions de votants (42,3% de participation) au référendum, un scrutin sans listes électorales, sans observateurs et qualifié d'anticonstitutionnel par la justice espagnole.

Le maire de Perpignan appelle à une médiation menée par Valls


Le maire LR de Perpignan a appelé à une médiation française, dans la crise catalane, menée par l'ex-Premier ministre Manuel Valls car il a "une crédibilité et des racines à la fois espagnoles et catalanes".

"Il faut une médiation de la France avec des hommes d'Etat comme Manuel Valls. Je fais donc appel à une médiation avec quelqu'un qui a été Premier ministre, qui a une crédibilité et qui a des racines à la fois espagnoles et catalanes, Manuel Valls", a indiqué lors d'un entretien téléphonique à l'AFP le maire de Perpignan Jean-Marc Pujol.


"Il faut dépasser le clivage" droite-gauche car "Madrid et Carles Puigdemont (le président indépendantiste catalan) ont besoin d'une sortie par le haut", a-t-il assuré.

Manuel Valls s'était prononcé le 28 septembre contre une indépendance de la Catalogne, qui supposerait selon lui "la fin de ce qu'est l'Europe" en tant qu'union d'Etats-nations.

L'inquiétude des milieux économiques s'accroît


L'inquiétude grandissait dans les milieux économiques en Espagne, alors qu'aucune solution ne semblait en vue pour résoudre la crise entre Madrid et les dirigeants séparatistes de Catalogne.

Jeudi matin, la Bourse de Madrid reprenait quelques couleurs (+0,75%) au lendemain d'une chute de près de 3%. Les titres des banques catalanes CaixaBank et Banco de Sabadell restaient proches de l'équilibre, mais très volatiles, après avoir cédé respectivement près de 5 et 6% mercredi.

Toute la presse espagnole mettait à la une jeudi l'inquiétude économique, notamment El Pais. Le quotidien le plus lu du pays soulignait que le plongeon boursier de la veille était "le pire depuis le Brexit" dans la quatrième économie de la zone euro.

Malgré un appel au dialogue de la Commission européenne, le président séparatiste catalan a surenchéri mercredi soir dans son duel avec Madrid, répondant au roi Felipe VI, qui, 24 heures plus tôt, avait accusé les autorités catalanes de manifester une "déloyauté inadmissible" en ignorant les lois et la Constitution.

Le président catalan accuse le roi d'ignorer des millions de Catalans


Le président séparatiste de la Catalogne, Carles Puigdemont, a reproché mercredi au roi d'Espagne d'avoir "délibérément ignoré" des millions de Catalans en condamnant leurs aspirations à l'indépendance.

"Le roi adopte le discours et les politiques du gouvernement (de Mariano) Rajoy qui ont été catastrophiques pour la Catalogne et ignore délibérément des millions de Catalans qui ne pensent pas comme eux", a dit le président Puigdemont, à la télévision publique catalane.

"Il a accepté d'endosser un rôle inadéquat, celui de seulement chercher à aplanir le terrain pour les décisions que le gouvernement espagnol étudie depuis longtemps, afin de liquider les aspirations à la souveraineté du peuple catalan", a-t-il également assuré.


Carles Puigdemont a affirmé avoir reçu plusieurs offres de services de médiateurs pour régler son conflit avec Madrid, mais accusé le gouvernement espagnol de n'en avoir accepté aucune.

Le roi d'Espagne met son autorité en jeu en Catalogne


Dans un discours d'une fermeté sans précédent, lors duquel il s'est aligné sur les positions du gouvernement de Mariano Rajoy, le roi d'Espagne Felipe VI a "joué son va-tout", estimaient mercredi les analystes.

Le souverain, dans son message à la nation, s'est montré très dur envers les autorités catalanes organisatrices du référendum d'autodétermination interdit dimanche dernier.
Il les a accusées de "déloyauté" et de s'être mis "totalement en marge du droit et de la démocratie", assurant que l'Etat devait "assurer l'ordre constitutionnel".

Ana Romero, journaliste spécialiste de la famille royale, estime qu'avec cette position, Felipe VI, 49 ans, sur le trône depuis 2014, fait un pari risqué.

Ce qui arrivera à la fin de tout cela va déterminer le succès ou l'échec de son règne", dit-elle. "Il défend sa Maison, sa Couronne, le futur de sa fille (la princesse Leonor, héritière du trône), il joue son va-tout", ajoute-t-elle.


Face au défi souverainiste catalan, "tout ce que signifie l'Espagne est en danger, y compris son architecture institutionnelle, et la clé de voûte de l'architecture institutionnelle espagnole, c'est le roi".

"Il a tout misé sur un coup. S'il perd, c'est fini", tranche Abel Hernandez, journaliste connaisseur de la monarchie espagnole.

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