Pour cet arboriculteur de Saint-Féliu-d'Avall, dans les Pyrénées-Orientales, la musique peut aider à lutter contre les virus du verger. Depuis un an, il expérimente cette méthode douce et distille 2 fois par jour des mélodies au dessus de ses pêchers. Le but est de stopper le virus de la sharka.
L'an passé, Patrick Bolfa a été contraint de couper 7.000 pêchers sur son exploitation de 400 hectares. Tous victimes du virus de la sharka. Un fléau qui décime les vergers du Roussillon, mais aussi du Gard, depuis quelques années.
Totalement désarmé face à cette maladie incurable, il a choisi en dernier recours de tenter une expérience scientifique innovante. Une thérapeutique sonore. La méthode a été mise au point par le laboratoire parisien Genodics.
Perchés quelques mètres au dessus des arbres, des hauts parleurs diffusent dans un rayon de 200 mètres, des séquences sonores ciblées, pour lutter contre le développement du virus. Les mélodies réalisées au synthétiseur sont "appliquées" 2 fois par jour, à 8h et à midi, sur une durée de 4 à 10 minutes.
Nous avons construit des séquences de sons dont les fréquences sont capables de développer, ou au contraire d'inhiber, les protéines du virus de la sharka. Il s'agit de perturber son alimentation et d'empêcher sa reproduction. Il s'agit ensuite de renforcer les défenses de l'arbre", explique Michel Duhamel, le président de Genodics.
Pour Patrick Bolfa, le dispositif installé sur 70 hectares revient à 200 euros l'hectare.
Reportage F3 LR : L.Calmels et J.F.Puakavase
L'expérience a débuté il y a un an. Les premières évaluations sont encourageantes, avec une pression globale qui a diminué de 25% sur les vergers "traités". Mais pour savoir si la méthode est réellement efficace, il faudra attendre encore quelques années.
Du côté de l'INRA, les spécialistes sont septiques sur les "pouvoirs" réels de cette musicothérapie contre les virus. Malgré une mobilisation européenne des chercheurs, la maladie du virus de la sharka reste pour le moment incurable.