L’association toulousaine Griseldis a mis en place une maraude pour les travailleuses du sexe à Perpignan. Ce bus est un première dans la ville, un moyen d’aider les prostituées lourdement fragilisées par les confinements successifs.
A Perpignan, la poste centrale est historiquement un site de prostitution. Qui ne sait pas ne peut pas savoir, mais les filles y déambulent constamment, essentiellement en journée et pour une clientèle locale.
C’est donc logiquement à l’angle de la rue, à la lisière du quartier Saint-Mathieu qu’un minibus s’est installé ce jour-là. A l’intérieur, les membres de l’association de santé toulousaine, Griseldis. Santé, droit, prévention et distribution de produits d’hygiène et de protection… En quelques heures, les membres de l’association accueillent une dizaine de prostituées. Clara* est une habituée des trottoirs du quartier, elle quitte le bus réconfortée et le sac plein. “Il y a des préservatifs, du gel, un test de grossesse. Pour moi ce sont des économies”, se réjouit-elle. “Ca fait bien une vingtaine d’euros d’économies.”
Il y a des préservatifs, du gel, un test de grossesse. Pour moi ce sont des économies
Une précarité renforcée par la crise sanitaire
Une protection et une aide financière plus que bienvenue en cette période. Délogées par la police, dénoncées par le voisinage ou harcelées par leurs clients, le confinement n’a fait qu’aggraver la précarité des 135 prostituées “fixes” identifiées à Perpignan. Jimmy Paradis, militant perpignanais, s’est donc mobilisé pour l’installation de ce bus à Perpignan. “Ce ne sont pas des réseaux mafieux à Perpignan”, nous explique le fondateur du syndicat du travail sexuel en France. “Ce sont des filles qui sont dans des détresses profondes, qui sont en manque d’argent et qui ont besoin de se nourrir et de nourrir leurs familles, leurs enfants.” C’est lui, qui a choisi d’installer le bus dans le quartier de Saint-Mathieu. “C’est le quartier le plus pauvre de Perpignan et unanimement les filles viennent de ce quartier”, précise-t-il.
“Ce sont des filles qui sont dans des détresses profondes, qui sont en manque d’argent et qui ont besoin de se nourrir et de nourrir leurs familles, leurs enfants.”
Aujourd'hui à Perpignan, les “demoiselles de la rue”, comme elles s'appellent entre elles, continuent de travailler souvent sans protection et à des tarifs de misère. “Comme pour la plupart des personnes précaires, le confinement n’a fait qu’accentuer leur précarité”, raconte l’infirmière de l’association Griseldis, Anna Leman. “Les clients non plus ne sortaient pas et il y avait très peu de gens qui sont allés travailler dans la rue.” Au point que l’association s’est vue obligée de renforcer ses actions : “Pendant le premier confinement on a clairement fait de l’aide urgence alimentaire”. Les maraudes du bus ont débuté le 5 juin dernier à Perpignan (de 14h à minuit). Une première pour les Pyrénées-Orientales.