Le 14 décembre 2017 six enfants sont morts après la collision entre un car scolaire et un TER sur un passage à niveau, à Millas dans les Pyrénées-Orientales. 17 autres collégiens ont été blessés. Le procès de la conductrice du car débute ce lundi 19 septembre devant la juridiction spécialisée à Marseille.

Il y a des dates que l'on voudrait voir rayées du calendrier. Pour Nadine Oliveira, c'est le 14 décembre. Cette date, c'est d'abord celle du décès de son père, en 2009. Huit ans plus tard, jour pour jour, c'est aussi celle où elle est au volant du car qui transporte 23 collégiens du collège Christian Bourquin,  jusqu'à Saint-Féliu-d'Avall. Le car est percuté par un train sur le passage à niveau n°25 à Millas dans les Pyrénées-Orientales. Un accident effroyable : six collégiens sont tués et plusieurs autres grièvement blessés.

Homicides involontaires

La conductrice du car, âgée de 52 ans va être jugée pour homicides et blessures involontaires. Les juges qui ont instruit l'affaire sont convaincus de sa responsabilité et qu'"en tant que conductrice du car, par imprudence, inattention, maladresse négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, elle a franchi le passage à niveau fermé et forcé la demi-barrière alors qu'un train express régional arrivait". 

Six morts

La conductrice aurait forcé « la demi-barrière fermée du passage à niveau alors qu’un train express régional arrivait », selon les enquêteurs. L'accident a coûté la vie à six enfants âgés de 11 à 13 ans. Ophélia Mathieu (13 ans), Yanis Alquier-Hassen, Diogo Alfonso Custodio, Teddy Delample, Loïc Bourgeonnier (11 ans ) et Allan Erre-Conreux  (12 ans) sont morts. 17 autres ont été  blessés. Certains très grièvement ont encore des séquelles.

Sandra Chinaud, la mère de Teddy se rappelle du coup de fil ce soir-là à 18 heures, après l'accident.  "J'étais tétanisée". Teddy était dans un état critique. 

On s'est dit "il est là, il va s'en sortir" mais on a dû le débrancher quelques jours plus tard.

Sandra Chinaud

Mère de Teddy, victime de l'accident

"Après ça il n'y a plus rien, plus de souvenir"

Le procès qui s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Marseille va réentendre les témoins et réexaminer les expertises. La plupart contredisent la version de la conductrice qui affirme que les barrières étaient levées au moment de l'accident : « Je tourne. J'engage la première [...] Là il faut aller doucement. Une fois le porte-à-faux bien dans l'axe, je ne risque pas de monter sur le terre-plein ou sur le panneau de signalisation et je réaccélère. Après ça il n'y a plus rien, plus de souvenir. (...) Je n'avais pas vu de train, je ne comprenais pas »,  rapportaient nos confrères du Parisien en janvier 2018.

Cette femme est détruite. Elle est obsédée par l'accident. Certains des enfants tués étaient ceux de ses voisins.

Me Jean Codognès

Avocat de la conductrice du car

"Elle avait un attachement quasi maternel avec certains d'eux eux", témoigne Me Jean Codognès, son avocat, interrogé à la veille du procès.

"Ouvert" ou "fermé"

Un rapport du Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) rendu en mai 2019 concluait que « la cause directe de cet accident est le non-arrêt de l’autocar au passage à niveau malgré les feux rouges clignotants et la barrière qui l’imposaient », estimant que la conductrice du car n’avait pas perçu que le passage à niveau se fermait en raison notamment d’une configuration défavorable des lieux.

Passage à niveau fermé pour les uns, ouvert pour les autres, les versions divergent. Une majorité des enfants entendus comme témoins soutiennent qu'il était fermé. Une version confortée par le témoignage de deux automobilistes se trouvant à l'arrêt à proximité immédiate du passage à niveau.

Le bus s'est engagé et on avait l'impression qu'il ne voyait pas que la barrière se pliait devant lui.

Un témoin

Durant les gardes à vue et tout au long de l'instruction, non seulement la conductrice du car a maintenu sa position et rejeté toute responsabilité mais elle s'est dite convaincue "que l'accident était lié à un dysfonctionnement du passage à niveau et qu'il incombait à la SNCF" .

Collision inévitable

L'accident instruit par le pôle spécialisé de Marseille détaille seconde par seconde le déroulé. Une des conductrices du train, voyant le car au milieu de la voie ferrée a actionné le frein, trois secondes avant l'accident, mais la collision était inévitable. 

Les familles des victimes attendent de ce procès des réponses. "Je veux savoir ce qu'il s'est passé. Comprendre", témoigne Sandra Chinaud, la maman de Teddy, l'un des six enfants tués dans l'accident.

Les familles veulent des réponses à leurs questions et un peu d'apaisement.

Me Eric Moutet

Avocat de plusieurs parties civiles.

L'accident de Millas est l'un des accidents les plus graves survenus à un transport d'enfants, après celui de la collision entre un bus et un train sur un passage à niveau à Allinges en Haute-Savoie, le 2 juin 2008 qui avait fait sept morts et 33 blessés.

Le procès de la conductrice va durer trois semaines. Il sera retransmis au palais des congrès de Perpignan.

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