Le 14 décembre 2017, six enfants perdaient la vie lors de la collision de leur bus scolaire avec un train, au passage à niveau de Millas. Parmi les victimes, Ophélia. Un an après ce drame, sa famille tente de se reconstruire. Son père, Stéphane Mathieu, a accepté de témoigner.
Nous avons rencontré Stéphane Mathieu à Argelès-sur-Mer où il aime venir se ressourcer. Il nous ouvre les portes de son mobil-home, avec Sabine, son épouse. Sabine n'est pas la mère d'Ophélia, mais elles étaient très proches. Elles se sont rencontrées quand Ophélia avait trois ans.
Si Stéphan a accepté de témoigner, c'est pour rendre hommage à sa fille. Une "fille épanouie, heureuse, très nature, très tranquille. Elle aimait se laisser aller au gré du vent. Elle arrivait à nous équilibrer dans la famille car elle était calme. Ophélia était là pour apaiser tout le monde."
Conserver le souvenir d'Ophélia
Ophélia avait 14 ans au moment du drame. Stéphan Mathieu nous a montré quelques photos. Mais l'une d'entre elles lui tient particulièrement à coeur. On y voit l'adolescente devant un sapin de Noël qu'elle venait de décorer en compagnie de son père.
La photo date du 10 décembre 2017... Soit 4 jours avant le drame. Stéphan Mathieu passait alors ses derniers moments avec sa fille. Il nous a confié regarder souvent cette photo.
C'est la dernière photo que j'ai d'Ophélia. Je l'ai conservé après sa mort puisque je ne l'ai pas vu à la morgue, je n'ai pas voulu la voir, j'ai voulu garder cette photo en tête, et garder ce souvenir intact.
Stéphan Mathieu nous parle des derniers moments passés avec sa fille :
Se reconstruire et changer de vie
Stéphan Mathieu décrit cette année passée comme un calvaire. En arrêt maladie depuis le mois de février, Stéphan et Sabine tentent de se reconstruire, soudés. "Nous sommes en osmose, et c'est cela qui nous sauve, c'est l'amour que l'on se porte" confie l'époux.
Les époux ont complètement changé leur façon de vivre.
Les restaurants où on allait avec Ophélia, on n'y va plus. (...) Elle aimait le cheval, on ne fait plus de cheval, elle aimait les randos, on ne fait plus de randos. On a fonctionné comme ça pendant toute une année pour ne pas souffrir davantage car les souvenirs étaient intacts mais on souffrait énormément dans les lieux où on était toujours ensemble.
Même constat au domicile familial. La chambre d'Ophélia est figée depuis le drame. Il aura fallu plus de quatre mois à Stéphan Mathieu pour pouvoir y entrer. Mais pour l'instant, impossible d'y allumer la lumière. Stéphan et Sabine y entrent toujours dans la pénombre, un par un.
On attend d'être prêt pour pouvoir débarrasser ses affaires, refaire son lit. La chambre est dans le même état que lorsqu'elle est partie. C'est difficile pour nous de la toucher pour l'instant vu que les souvenirs restent intacts, on a peur de toucher à quelque chose car nous avons peur que tout disparaisse.
Effacer ses traumatismes
Stéphan et Sabine Mathieu sont en arrêt maladie depuis plusieurs mois et suivis par des spécialistes. Ils tentent d'effacer leurs traumatismes. Depuis le drame, Stéphan est hanté par des images. Il suit des séances de psychothérapie pour cesser d'imaginer certaines scènes.
J'imagine le bus partir, suivre le trajet quotidien, arriver au stop. Après c'est l'impact avec le train, c'est ce choc que je veux soigner et qui m'empêche de vivre.
Unis, Stéphan Mathieu et sa famille sont sur le chemin de la reconstruction… Avec un objectif : continuer de se battre pour la mémoire d'Ophélia…
Reportage d'Olivia Boisson, Cédric Métairon et Sarah Colpaert.