Près de 40 ans après les faits, les témoignages d'anciennes nageuses de Font-Romeu résonnent comme un coup de tonnerre au lycée climatique. Elles accusent un entraîneur de les avoir agressées sexuellement à cette époque. 

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Elles ont témoigné pour briser "l'omerta". Dans le journal L'Equipe (article payant), plusieurs anciennes nageuses de la section sport études natation au lycée climatique de Font-Romeu à la fin des années 80 accusent un entraîneur de les avoir agressées sexuellement à cette époque. Elles avaient à l'époque 13, 14 ou 15 ans. "Le prétexte était qu'il devait nous faire un massage afin que l'on se décontracte de la journée," explique par exemple Elisabeth Douet, à visage découvert. 

Six mois de prison avec sursis pour "attentat à la pudeur"

Le procès s'est déroulé en décembre 1992 à Perpignan puis en octobre 1993 devant la cour d'appel de Montpellier, rappelle l'Indépendant.  Au final, l'entraîneur, qui a toujours nié les faits, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour "attentat à la pudeur" sans inscription à son casier judiciaire. Il a ainsi pu poursuivre ses activités et exerce toujours aujourd'hui en tant qu'enseignant à Canet-à-Roussillon.

S'il y a bien un dossier dans lequel la loi du silence n'a pas été observé, c'est bien celui-là. Les victimes ont parlé et la justice est passée (avocat de l'entraîneur)


L'avocat du mis en cause, que nous avons rencontré, s'étonne: "s'il y a bien un dossier dans lequel la loi du silence n'a pas été observé, c'est bien celui-là. Les victimes ont parlé et la justice est passée. Elle ne serait pas passée assez sévèrement dans ce dossier et c'est peut-être l'occasion d'en remettre une couche et refaire ce procès sur un plan médiatique pour être davantage entendu ?" soutient maître Philippe Capsié qui insite: "la justice est passée, elle a retenu des agissements et en a exclu d'autres (la qualification de viol, ndlr)". 

Coup de tonnerre au lycée

Près de 40 ans après les faits, les témoignages de ces anciennes nageuses de Font Romeu résonnent comme un coup de tonnerre au lycée climatique. En compagnie du Creps, du Centre National d’Entraînement en Altitude et de la filière STAPS de l’Université de Perpignan, il fait partie de la “cité d’excellence sportive” de Font-Romeu. 880 élèves de la 6ème à la terminale, des étudiants de la filières staps qui ont découvert les faits dans la presse. "Moi, j'ai été très surprise par cette histoire qui s'est passée il y a très longtemps. On ne se doutait pas qu'il pouvait se passer des choses comme ça ici," explique une élève d'une manière anonyme. "En début d'année, nous avons une réunion sur la prévention harcèlement et la distance a entretenir avec le coach," poursuit une autre. 

En début d'année, nous avons une réunion sur la prévention harcèlement et la distance à entretenir avec le coach


Les jeunes sportives rencontrées à l'entrée du lycée affirment ne jamais avoir été temoins ou victimes de harcèlement de la part d'un entraineur mais certaines ont conscience de sa possible emprise sur leur vie d'adolescente."On rentre dans un cadre de confiance et si la personne nous dit "il faut faire ça", on va le faire. Je pense que pour les filles qui sont mineures, qui ne savent pas trop, elles se disent "c'est mon entraîneur." C'est dur de dire non à une personne aussi puissante".
 

Prévention

La prévention est essentielle aux yeux du proviseur. En poste depuis trois ans, il découvre les faits et affirme que le contexte a bien changé ces dernières années avec un nouveau dispositif: une infirmière scolaire est disponible 24h/24 et un médecin du sport. "On a mis en place avec lui un suivi avec un psychologue et un sophrologue. Il y a des moments d'écoute systématique pour tout le monde. Il y a tout un panel d'intervenants disponibles à tout moment pour déclencher des procédures si besoin," précise Patrick Noël. 

Un dispositif qui reçoit l'adhésion de l'association des parents d'élèves. Pour eux, par de sentiment de défiance vis à vis de l'établissement suite à cet article. Les lycéens et étudiants semblent  eux souhaiter un peu plus de dialogue et d'échange sur ce sujet longtemps tabou.
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