Un projet d'attentat au cap Béar. Qu'en pensent les gens du coin? Sur la côte Vermeille les réactions oscillent entre incrédulité et inquiétude.
Un "non-évènement" pour certains, qui fait quand même "froid dans le dos" pour d'autres: les habitants de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) oscillent entre incrédulité et inquiétude au lendemain de l'annonce par le gouvernement qu'un attentat ciblant leur commune avait été déjoué.
Dans la chaleur collante de cette journée de juillet, l'atmosphère est paisible sur le petit port de plaisance où s'égrènent un chapelet de restaurants, un coiffeur et une échoppe de photos. Au-dessus de la forêt de mâts des voiliers mouillés dans le port, on aperçoit le Fort Béar juché sur sa colline.
Dans cette commune de 4.000 habitants, où on est habitué à voir de la fumée s'élever du Fort lors des entraînements et à croiser des militaires dans la rue, la réaction est plutôt à l'incrédulité après la révélation, la veille, que trois jeunes hommes auraient projeté d'attaquer le sémaphore situé à quelques kilomètres et de décapiter un officier au nom du djihad.
"Les gens n'y croient pas. On se sent tellement au bout du monde", souligne unejeune employée sur la commune.
"On était plutôt habitué à voir ça à la télé, ça fait froid dans le dos", mais "ça n'empêche pas les gens de vivre", résume Ariel Romei, 37 ans, un Port-Vendrais occupé à feuilleter son journal sur un coin de bitume.
"Il ne faut pas devenir fou si trois malades ont essayé d'attaquer", relativise Bernard Buche, patron d'un troquet sur le port, alors qu'au bureau de tabac, on tranche simplement: "C'est un non-évènement".
Sceptiques, d'autres s'interrogent plutôt sur le gain politique de la révélation de ces informations, comme le fait actuellement l'opposition.
"Un truc comme ça, c'est du pain béni pour Hollande", soupire Claude, 64 ans, qui hausse les épaules en lisant la presse locale au café Le France.
Une route barrée, mais fréquentée
L'un des trois suspects interpellés lundi a été guetteur dans le sémaphore, un modeste bâtiment aux murs roses perché sur une falaise à quelques kilomètres de là. On y accède par une petite route qui serpente le long de la corniche autour du Fort Bear. En contrebas s'élève le phare de la commune.Après les révélations de jeudi, le maire, Jean-Pierre Romero, a pris un arrêté municipal interdisant l'accès à cette portion de route à l'exception des riverains
et du personnel communal, mais les randonneurs continuaient à se promener tranquillement
vendredi après-midi au pied du Fort.
Avouant son ignorance, M. Romero avait jugé jeudi dans la presse locale qu'il "n'y a aucun problème sur la commune, pas de peur particulière parmi les habitants", ajoutant que "le site du Cap Bear n'a jamais fait l'objet de menaces par le passé". Depuis, l'élu n'a pas souhaité s'exprimer.
Sur la commune voisine de Collioure, une foule de touristes se bousculaient sur le bord de mer, près d'une retenue d'eau où s'entraînent régulièrement les stagiaires du Centre national d'entraînement commando (CNEC).
Le conseiller municipal de Collioure et ancien commandant instructeur du CNEC, Roger Fix, a exprimé lui aussi son étonnement de ce projet d'attentat qu'il qualifie de "farfelu" s'il était avéré. "Ca a surpris la population, qui connaît la spécificité des militaires locaux", a-t-il souligné. Mais il attend d'en apprendre plus sur les motivations des suspects.