Carte scolaire : "le rural se sent déjà abandonné", inquiétude dans un petit village qui va perdre une classe à la rentrée

Dévoilée lundi 5 février, la nouvelle carte scolaire fait des perdants dans certains villages isolés des Pyrénées-orientales. A Opoul, où une classe devrait fermer en septembre 2024, élus et parents se mobilisent pour que les élèves gardent "un confort d'éducation" dans un contexte où "le rural se sent déjà abandonné".

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Les habitants d'Opoul essuient un début de semaine compliqué. Une classe de leur école devrait probalement fermer à la prochaine rentrée, ont-ils appris lundi 5 février.

Avec 34 fermetures de classe contre 25 ouvertures dans les Pyrénées-orientales, la nouvelle carte scolaire fait surtout des perdants dans les zones rurales. 

Cette redistribution des effectifs est vécue comme une injustice à Opoul : le village des Corbières s'estime déjà suffisamment victime de son isolement. 

"Un nouveau signe de déclin"

Maire de la commune, Patrick Sarda se dit "furieux". "On est déjà un désert médical, notre vigne souffre de la sécheresse et des incendies, les agriculteurs manifestent", énumère l'élu au micro de Laura-Laure Galy.

Dans un contexte actuel où le rural se sent déjà abandonné, perdre une classe, ce n'est pas un bon signe de soutien. Plutôt un nouveau signe de déclin concernant notre avenir.

Patrick Sarda, maire d'Opoul

Panneaux photovoltaïques, mise en place d'un temps périscolaire... Le village tente de dynamiser sa vie scolaire depuis plusieurs années. Pour le maire, "c'est tout une politique et une dynamique qui est mise en échec par la carte scolaire". 

"Un confort d'éducation fabuleux"

Les enfants sont environ 18 dans chacune des six classes de l'école d'Opoul. Mère d'un élève de CM1, Estelle Dedebant a conscience que son fils bénéficie d'"un confort d'éducation fabuleux" et elle ne compte pas y renoncer. 

D'autant que dans ce village de 1200 habitants, le nombre d'enfants scolarisés tend à augmenter ces prochaines années. "Or on sait très bien que si on perd une classe, on aura beaucoup de mal à la faire rouvrir dans deux ans", poursuit Estelle Dedebant devant la grille de l'établissement. 

La fermeture d'une classe n'a pas non plus les mêmes conséquences en zone rurale, selon le maire d'Opoul. "En ville, les enfants peuvent se reporter sur l'école d'à côté. Tandis que là, des fratries seront séparées pour que certains enfants soient scolarisés dans une autre commune". 

Redistribution au profit de l'éducation prioritaire

Seulement dans les Pyréenées orientales, il existe des villes où fermer une classe est inenvisageable tant les élèves y sont déjà entassés. 

En effet, si les services de l'éducation nationale imaginent cette nouvelle carte scolaire, c'est aussi dans l'espoir d'améliorer les conditions d'enseignement ailleurs, en zone d'éducation prioritaire.

 

La directrice académique des services de l'Éducation nationale (DASEN) des Pyrénées orientales défendait cet abitrage sur France bleu : 

Sur Perpignan, l'éducation prioritaire va voir des moyens arriver, avec un passage de 30 à 24 élèves par classe dans certains établissements.

Anne-Laure Arino, DASEN de l'Hérault, sur France Bleu

Carte scolaire provisoire

La carte scolaire 2024 n'est pas définitive. Elle pourra faire l'objet d'une révision au mois de juin, puis être ajustée jusqu'au premier jour de la rentrée en fonction des effectifs. 

A Opoul, certains parents d'élèves ont indiqué qu'ils continueraient à manifester. Le maire se dit "pessimiste" mais il ne perd pas espoir : "Il faut continuer à se battre. On ne peut pas se résigner, c'est impossible". 

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