Des élus indépendantistes catalans ont incité mercredi le parlement régional à investir Puigdemont à la présidence, malgré sa détention en Allemagne où il attend que la justice se prononce sur son extradition vers l'Espagne. Au même moment, Clara Ponsati, exilée en Ecosse, se rendait à la police.
En ces temps d'urgence démocratique pour la Catalogne, nous devons dire publiquement que nous ne renoncerons pas à l'investiture du président Carles Puigdemont", bloquée par la justice espagnole, a déclaré Gemma Geis, de la liste de M. Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne.
La majorité indépendantiste à la chambre a ensuite voté une résolution symbolique défendant le droit de Carles Puigdemont à être investi et réclamant la libération des neuf séparatistes incarcérés en Espagne.
Après l'arrestation de Carles Puigdemont en Allemagne en vertu d'un mandat d'arrêt international, Ensemble pour la Catalogne (34 députés sur 135) a remis sur la table son investiture, à laquelle il avait renoncé début mars en raison des obstacles judiciaires.
Cette hypothétique investiture ne pourrait se faire qu'à distance, ce qui est interdit par la justice et refroidit l'autre grand parti séparatiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC, 32 sièges).
ERC, dont le chef Oriol Junqueras est déjà en prison, craint les retombées judiciaires pour le président du parlement catalan Roger Torrent, issu de ses rangs, s'il se risquait à faire élire Carles Puigdemont.
Mais ce scénario ravit le parti le plus radical, la Candidature d'unité populaire (4 sièges), d'extrême gauche. "Nous demandons une séance d'investiture dès maintenant, pour investir Carles Puigdemont", a lancé son porte-parole Carles Riera, proposant de prendre à cette occasion la présidence la chambre, pour assumer toutes les responsabilités.
"Ce que vous voulez, c'est avoir un président en prison", a reproché Inés Arrimadas, cheffe de file du parti anti-indépendantiste Ciudadanos (centre-droit).
Après le renoncement de Carles Puigdemont, les séparatistes avaient tenté sans succès de faire investir le militant Jordi Sanchez, emprisonné, puis l'ex-porte-parole du gouvernement régional Jordi Turull, à la veille de son incarcération.
Le parlement catalan a jusqu'au 22 mai pour élire un président régional, faute de quoi de nouvelle élections seraient organisées.
Tant qu'un président n'est pas investi, la Catalogne reste sous administration directe du gouvernement central, qui l'a mise sous tutelle le 27 octobre après une tentative avortée de sécession.
L'indépendantiste catalane Clara Ponsati, exilée en Ecosse, s'est rendue à la police
L'ancienne dirigeante catalane Clara Ponsati, visée par un mandat d'arrêt européen pour avoir pris part à la déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne, s'est rendue mercredi à la police en Ecosse où elle s'est exilée.
L'ex-ministre catalane, arrivée peu avant 11H00 GMT au commissariat Saint Leonard d'Edimbourg, sera présentée à un tribunal de la capitale écossaise dans la journée, a indiqué son avocat, Aamer Anwar.
Elle demandera sa remise en liberté conditionnelle avant une audience sur son éventuelle extradition vers l'Espagne, où la justice l'accuse de "rébellion violente et de détournement de fonds publics en lien avec l'organisation du référendum" sur l'indépendance de la Catalogne, qui s'est tenu le 1er octobre 2017.
Clara Ponsati souhaite se "défendre vigoureusement" contre ces accusations qu'elle réfute et qui relèvent selon elle d'une "persécution politique", a ajouté son conseil.
Elle soutient que les tribunaux espagnols ne peuvent garantir ses droits.
Une levée de fonds a été lancée mercredi sur internet pour soutenir sa défense, qui a déjà permis de récolter plus de 95.000 livres en quelques heures.
L'ex-dirigeante figure parmi les six indépendantistes catalans partis à l'étranger pour lesquels la Cour suprême espagnole a émis ou réactivé vendredi des mandats d'arrêt européens et internationaux.