Covid. Perpignan : cluster de 51 cas positifs dans un Ehpad, situation sous tension pour les familles et le personnel

Au sein de la maison de retraite médicalisée Jean Balat à Perpignan, 32 résidents et 19 professionnels de santé ont été diagnostiqués positifs au Covid-19. Les visites sont suspendues depuis le 22 juillet. Alors que l'établissement tente de traverser la crise, les familles se disent inquiètes.

"Je suis fatiguée psychologiquement. Je ne sais pas ce qui se passe et je suis très inquiète". Françoise ne décolère pas. Depuis le 19 juillet dernier, cette Catalane n'a pas pu rendre visite à sa mère de 92 ans, pensionnaire de l'Ehpad Fondation Partage et Vie Jean Balat à Perpignan.

La raison ? Cinquante-et-un cas positifs au Covid-19 ont été recensés ces dernières semaines au sein de la structure, qui accueille au total 80 résidents et 40 soignants. Parmi les personnes touchées par le virus, on compte 32 résidents et 19 personnels de santé.

Tous les pensionnaires ont reçu les deux doses de vaccin, nous assure-t-on du côté de la direction. Aucun d'entre eux n'est à ce jour hospitalisé, mais certains se trouvent sous traitement respiratoire au sein de l'établissement. En revanche, la totalité des soignants contaminés n'étaient pas vaccinés : quelques uns sont revenus travailler depuis, mais d'autres sont toujours malades et isolés.

Des mesures sanitaires renforcées

Face à la prolifération du nombre de cas, dès la mi-juillet, la direction de la structure a pris des mesures radicales. Les visites et les sorties familiales sont suspendues depuis le 22 juillet et jusqu'à nouvel ordre. Une vaste campagne de tests PCR est menée chaque semaine au sein de la maison de retraite.

Le variant Delta s'est malheureusement propagé très rapidement. Avec les équipes, on met tout en place pour stopper le virus, protéger les résidents et leurs familles.

Jacques-Olivier Taton, directeur de l'établissement.

Les familles ont été informées du renforcement de ce protocole par mail. Au 29 juillet, dix personnes seulement avaient été diagnostiquées. En l'espace de deux semaines, le nombre de cas positifs a donc été multiplié par cinq.

"Pour nous, c'est la double peine", s'exaspère Françoise. "On ne peut pas voir nos parents et en plus, on n'y est pour rien ! Sans parler du fait que ma mère est vaccinée et que j'ai le pass sanitaire, donc c'est complètement injuste !".

Seules les personnes en fin de vie sont à ce jour autorisées à recevoir de la visite.

Une situation tendue au sein de la structure

Difficile de savoir à cette heure comment le virus a passé les portes de l'Ehpad. Selon la Perpignanaise, des règles sanitaires strictes avaient été instaurées pour les familles des résidents pour limiter les risques de contamination.

Lors des visites, on devait remplir des questionnaires. On nous prenait la température et nous devions mettre du gel hydroalcoolique et un masque avant de nous rendre dans les chambres.

Françoise, fille d'une résidente.

Résultat : Françoise soupçonne le personnel d'avoir amené le virus au sein de la résidence. "L'été, il y a peut-être des soignants remplaçants, qui ne sont pas forcément vaccinés... On n'en sait rien, on ne nous dit rien".

Mais ce qu'elle craint le plus, c'est que l'équipe soignante se retrouve débordée par cette vague de cas positifs et délaisse les résidents. 

Ma mère est entrée dans cette structure en mars 2021 sur ses deux jambes, sans pathologie particulière. Depuis, j'ai appris qu'elle avait des escarres. Je ne jette pas la pierre aux soignants, je suis moi-même infirmière de métier et je connais les difficultés. Mais je déplore le fait de voir la santé de ma maman se dégrader à cause de cette situation et d'un manque de personnel.

Françoise, fille d'une résidente.

Dialogue difficile entre les familles et la direction

Face à l'ampleur de la situation, Françoise a demandé à la direction de l'établissement d'organiser une conversation vidéo sur WhatsApp avec sa maman le 29 juillet dernier. "Elle est sourde donc je ne peux pas l'appeler. Quand on peut se voir mutuellement, ça nous rassure toutes les deux et elle voit que je ne l'abandonne pas.".

Or, sa requête a été refusée. Sans raison, selon elle. "Je ne comprends pas pourquoi : j'ai l'impression qu'on veut me cacher quelque chose. Pourtant, on me répète que ma mère est négative au Covid, donc je ne vois pas pourquoi on ne peut pas me la montrer.".

De son côté, la structure se justifie :

Nous avons effectivement la possibilité d'organiser des sessions Skype ou WhatsApp. Mais le variant est très contagieux, les soignants sont peu nombreux et nous travaillons à flux tendu. Actuellement, je n'ai pas assez de personnel pour assurer ces moyens de communication. Mais nous les rétablirons dès que cela sera possible.

Jacques-Olivier Taton, directeur de l'établissement.

Jacques-Olivier Taton affirme par ailleurs qu'il communique toutes les semaines avec les familles des pensionnaires pour les tenir au courant de l'avancée de la situation. "J'appelle aussi personnellement les proches des résidents touchés par la maladie", ajoute-t-il.

La maison de retraite bénéficie aussi de l'appui de l'Agence Régionale de Santé Occitanie et de la Fondation Partage et Vie pour traverser la crise. "Nous n'avions pas eu de cas depuis mars 2020. Le problème, c'est que le virus est très présent dans toute la région cet été. Nous sommes d'ailleurs loin d'être le seul Ehpad concerné", laisse entendre la direction.

Dans les Pyrénées-Orientales, l'épidémie explose depuis plusieurs semaines. Jeudi 12 août, on comptait 451 cas positifs pour 100 000 habitants dans le département contre 236 en moyenne en France selon les chiffres de Santé Publique France.

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