Jacques Rançon, auteur présumé du meurtre de deux des jeunes "disparues de la gare de Perpignan", est un quinquagénaire instable décrit comme "prédateur sexuel" par la partie civile. Il est accusé de 2 assassinats, de tentative d'assassinat, d'agression et a été condamné pour viol et menace de mort.
Sur sa page Facebook, il se montrait en photo en père de famille jovial à l'embonpoint de bon vivant, ses jeunes enfants sur les genoux. Mais pour la partie civile de Mokhtaria Chaïb, étudiante qu'il a avoué avoir tuée en décembre 1997, Rançon n'est autre qu'un "prédateur sexuel".
Reportage F2
Jacques Rançon, 54 ans, naît dans une famille "nombreuse et très modeste" qui vivait dans une "vieille baraque" de Hailles, petit village de 500 habitants situé à une quinzaine de kilomètres au sud d'Amiens, se souvient l'ancien maire de la commune, Jacques Van Oostende, dans une interview au Courrier Picard publiée à l'automne 2014.
Mais "il n'a pas eu une enfance malheureuse", confiait à la même époque son avocat, Xavier Capelet.
C'est quelqu'un avec une vie normale mais chaotique sur le plan sentimental", ajoutait-il.
Jacques Rançon se marie une première fois dans son village natal et a deux enfants, aujourd'hui majeurs.
Son parcours est émaillé de peines répétées pour menaces, agressions sexuelles et violences sur conjoint. En 1992, il viole une femme sous la menace d'un couteau.
La Cour d'assises d'Amiens le condamne deux ans plus tard à huit ans de prison. Lorsqu'il est relâché, il part pour le soleil de Perpignan en septembre 1997, quelques mois avant le meurtre de Mokhtaria Chaïb. Il faisait partie de la centaine de suspects dans l'enquête lancée après la découverte du corps.
Dans les Pyrénées-Orientales, il s'installe avec une jeune femme avec qui il aura deux nouveaux enfants. Mais la relation sombre dans la violence.
Il a levé la main sur moi plusieurs fois. Quand je me suis séparée, il a voulu me planter avec un couteau", racontait-elle l'an dernier au quotidien L'Indépendant.
"Il s'en allait la nuit et revenait des heures plus tard voire le lendemain. Il me disait qu'il faisait le tour du côté de la gare", se souvenait-elle.
Un état mental "fragile"
Le couple se sépare sur décision de justice et, en octobre 2013, Rançon écope d'un an pour menaces de mort sur son ex-concubine.
Il est libéré en juillet 2014 et trouve un petit boulot de cariste-magasiner en intérim. Sans logement fixe, il fréquente le Samu social et les hôtels bon marché.
Sur les sites de rencontres, il dit "chercher l'amour avec une femme entre 22 et 25 ans".
A l'automne 2014, alors âgé de 54 ans, il est confondu par son ADN, prélevé sur la chaussure de Mokhtaria Chaïb. L'étudiante de 19 ans avait été retrouvée le 21 décembre 1997 les seins et son appareil génital prélevés.
Dans la presse, Rançon devient vite "le tueur de Perpignan", même s'il n'avoue que le meurtre de Mokhtaria Chaïb.
Il est mis en examen le 16 octobre 2014. Son avocat demande alors une prise en charge psychiatrique, évoquant un état mental "fragile".
Depuis sa cellule, il revient sur la totalité de ses aveux en mars mais, la semaine dernière, il est placé en garde à vue pour l'agression le 9 mai 1998 d'une femme alors âgée de 19 ans, également à Perpignan.
La victime avait reçu plusieurs coups de couteau au ventre, manquant de peu d'être égorgée avant de réussir à lui échapper. Il avoue et est mis en examen dans cette affaire.
Lundi, il est à nouveau interrogé, mais dans le dossier de Marie-Hélène Gonzales cette fois. Le corps de la jeune femme de 22 ans avait été retrouvé en juin 1998.
Elle avait été décapitée, amputée des mains et ses parties génitales découpées. Là aussi, il avoue.
En revanche, le lien n'est toujours pas établi avec une troisième "disparue de Perpignan": Tatiana Andujar. La lycéenne de 17 ans avait été la première à disparaître dans le quartier de la gare, en septembre 1995. Rançon était encore en prison à ce moment-là. Elle n'a jamais été retrouvée.