Les médecins hospitaliers sont en grève. Ils réclament une revalorisation des gardes de nuit pour rendre le métier plus attractif. A Perpignan, ils s'apprêtent à débuter l'été avec des équipes médicales réduites alors que la population est multipliée par dix pendant cette période.
Un cri d’alarme. Épuisés, les médecins de l’hôpital de Perpignan ont rejoint le mouvement de grève national lancé par APH (Action Praticiens Hôpital), et repris par la totalité des organisations syndicales représentatives. Une opération pour dénoncer le manque d'attractivité de leur profession et réclamer la revalorisation des gardes de nuit et de week-end.
L’hôpital est en ruine, et s’est vidé de ses médecins. Il n’est plus capable d’assurer correctement sa mission de service public auprès de nos concitoyens, et on s’y serait presque résignés, habitués.
Anne Geffroy-WernetMédecin anesthésiste et présidente SNPHAR-E
Pas question pour autant de laisser les patients sans soins
Les conséquences de cette action sont imperceptibles pour les patients, car la plupart des médecins grévistes n’arrêtent pas le travail. Ils seraient 90% à soutenir le mouvement. Au centre hospitalier de Perpignan, les médecins grévistes prennent part au mouvement de manière symbolique.
Impossible pour nous d’arrêter les soins, notre fonctionnement est déjà très dégradé. Si on se met en grève dure, on fait exploser le territoire. Pas moins de 80 ambulances arrivent tous les jours à l’hôpital de Perpignan
Laurent OrtegaChef du pôle Urgences au Centre Hospitalier de Perpignan
Aujourd'hui, 30 % des postes de médecins hospitaliers sont vacants, selon les chiffres de la Fédération des hôpitaux publics (FHF). Au centre hospitalier de Perpignan, il manquerait la moitié des effectifs selon Anne Geffroy-Wernet, médecin anesthésiste et présidente du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateurs-Elargi (SNPHAR-E). Les médecins en postes doivent assurer de nombreuses gardes en plus des consultations pour absorber tous les patients dans le besoin. Anne Geffroy-Wernet, effectue entre quatre et cinq gardes de 24 heures par mois.
On s’apprête à exercer nos missions avec des équipes médicales réduites alors que l’été, la population dans les Pyrénées-Orientales est multipliée par dix.
Anne Geffroy-WernetMédecin anesthésiste et présidente du SNPHAR-E
Les médecins ont aujourd’hui peur d’un drame et observent une désertification médicale hospitalière. Un médecin sur trois manque dans les hôpitaux en France, selon les intersyndicales de praticiens hospitaliers. “C’est le rapport à toute situation aiguë, coûteuse, non rentable. L'hôpital est devenu un désert médical, il y aura des morts, si rien ne change”, précise Anne Geffroy-Werne.
Les organisations syndicales réclament l’aboutissement de négociations annoncées par Emmanuel Macron, qui avait promis en janvier, d'ouvrir le chantier de la rémunération du travail de nuit et de la " "permanence" des soins. Les syndicats de médecins hospitaliers seront reçus ce mardi 4 juillet au ministère de la Santé et de la prévention.