Le convoi humanitaire envoyé à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine est de retour ce dimanche à Perpignan (Pyrénées-Orientales). A son bord, 110 femmes et enfants fuyant la guerre.
Le convoi humanitaire a quitté la frontière entre la Pologne et l'Ukraine samedi, à 4h du matin. A bord, 110 personnes tentant d'échapper aux affrontements qui font rage depuis le 24 février. Ce convoi, composé de deux cars, a été coordonné par l'association humanitaire CatalaDon et la mairie de Perpignan. Le plus jeune passager a 18 mois, le plus âgé est une femme de 81 ans.
Des familles séparées dans l'urgence
Les personnes rapatriées par ce convoi humanitaire sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, dont les maris et pères sont restés en Ukraine pour combattre. Stéphane Babey, directeur de cabinet de la mairie de Perpignan, était du voyage.
Nous avons vu un jeune homme accompagner son amie pour qu'elle monte dans notre bus, avant de retraverser seul la frontière vers l'Ukraine. Il partait s'engager et combattre. Lors du trajet aller, nous avons aussi emmené une jeune femme d'origine ukrainienne qui quittait sa mère, en France, pour venir se rendre utile ici. Ce sont des scènes déchirantes.
Stéphane BabeyDirecteur de cabinet de la mairie de Perpignan, membre du convoi humanitaire.
Sans surprise, l'atmosphère à bord était pesante. "On sent une très grande tristesse. Et une détresse psychologique chez les enfants. Beaucoup sont fermés", témoigne Stéphane Babey. A chaque rang, sur chaque siège, des trajectoires heurtées par la guerre. "Parmi les passagers, il y a par exemple une famille de six enfants, sans parent. Le père est parti au front, la mère garde la ferme. C'est leur fille aînée de seulement 17 ans qui prend en charge tous ses frères et soeurs", raconte-t-il.
"Le passage du poste frontière était glauque. C'est vraiment un exode". Pour se donner du courage, les passagères et leurs enfants ont entonné l'hymne ukrainien, intitulé "Chtche ne vmerla Oukraïna”, ce qui signifie "l’Ukraine n’est pas morte".
On peut traduire ainsi les paroles de cet hymne : "ni la gloire ni la liberté ne sont mortes en Ukraine. La chance nous sourira encore, jeunes frères, nos ennemis périront, comme la rosée au soleil, et nous aussi, frères, vivrons heureux dans notre pays".
Hébergés et soignés à Perpignan
Selon Stéphane Babey, l'ambiance s'est légèrement adoucie ce dimanche matin. "On a commencé à entendre quelques rires d'enfants. Beaucoup ont retrouvé le sourire quand ils ont compris qu'on leur avait préparé des activités à l'arrivée, surtout du foot !"
Le convoi est arrivé en début d'après-midi à Perpignan. Les 110 réfugiés vont rester 24 à 48 heures maximum dans une "zone tampon", le temps de se reposer et de répartir les familles dans les hébergements adéquats. Des dizaines de bénévoles sont mobilisés, ainsi que les médecins et psychologues municipaux. L'un des passagers âgés, atteint d'un cancer, sera pris en charge à la clinique Saint-Pierre.
Intensifier les liens avec l'Ukraine
Un grand nombre de passagers sont originaires de la ville de Tchernovograd, dans l'oblast de Lviv, actuellement considéré comme une zone de transit. D'autres passagers viennent de Kiev, la capitale, ou encore d'Odessa. Leur départ a été organisé en coordination avec des associations locales et la mairie de Tchernovograd. "Nous avions également des contacts avec les autorités polonaises, ce qui a facilité notre passage aux postes frontières. Le car a pu être priorisé, et nous avons pu livrer les vivres et le matériel sans problème", relate Stéphane Babey.
Ces denrées avaient été collectées par l'association Cataladon, grâce à de nombreux dons de particuliers. La mobilisation a également permis de trouver 400 places d'hébergement à Perpignan. Si un second convoi "n'est pas envisagé", il "devient envisageable", précise Stéphane Babey. Par ailleurs, une procédure de jumelage d'urgence entre Perpignan et Tchernovograd a été lancée.
Du côté des réfugiés, l'hébétude est encore générale. Malgré la gravité de la situation, la plupart compte être rentrés en Ukraine dans les quinze jours.