Après sa mise en examen pour extorsion de fonds en bande organisée, concussion et destruction de preuves, Alain Ferrand, le maire du Barcarès se défend et crie au complot.
Le rendez-vous est fixé à la paillote chez Ginette, à Leucate. Alain Ferrand, maire du Barcarès est interdit de territoire dans les Pyrénées-Orientales. Il ne peut plus y mettre les pieds depuis le 6 mai dernier date à laquelle il a été mis en examen pour extorsion en bande organisée, concussion et complicité de destruction de preuves par un magistrat de la JIRS de Marseille. Les journalistes de France 3 Pays Catalan ont été les premiers à révéler cette affaire d'extorsion présumée.
La justice le soupçonne d'avoir mis en place une convention illégale pour financer les différentes animations de la ville. Une convention qui obligerait les commerçants et des établissements touristiques à verser une somme d'argent, jusqu'à 100 000 euros par an pour certains campings, affirment leurs propriétaires et leur avocat.
Campagne à distance
Alain Ferrand maire du Barcarès est aussi 1er vice-président de la communauté Urbaine Perpignan-Méditerranée Métropole (PMM), candidat sur La Côte Salanquaise pour les prochaines élections cantonales du 20 et 27 juin 2021 mais il ne peut pas faire campagne car il est interdit de séjour dans le département. « C’est un peu comme si la justice était candidate à cette élection », sourit Alain Ferrand au début de l’entretien qu’il a accordé à notre équipe de France 3 Pays Catalan, Marc Tamon et .
La justice est indépendante. C’est un procureur de Marseille qui vous a mis en examen...
« Quand on vient vous chercher chez vous et que l’on vous met en cause la veille du dépôt des candidatures, comprenez qu’il y a quelque chose ... ma candidature gêne. Les accusations portées à mon encontre sont surréalistes !!! Je sais que l’on est au pays de Dali, mais quand même, c’est exagéré. Quand il y a des mises en examen je suis à la Une des journaux, quand je suis relaxé, on n’en parle pas. Je n’ai fait qu’exécuter des décisions du conseil municipal ».
On parle d’extorsion en bande organisée. C’est très lourd comme accusation
« C’est très lourd et surréaliste, mais j’ai confiance dans la justice de mon pays mais je n’ai pas confiance dans les enquêteurs qui n’ont mené qu’à charge cette enquête. On ne peut pas se permettre d’incriminer qui que ce soit sur la base d’opposants fallacieux, d’opposants politiques. Vous me voyez, moi maire du Barcarès, pratiquer l’extorsion envers les commerçants ? »
Vous dites avoir confiance en la justice mais vous nous parlez d’une enquête à charge. Qui aurait commandé une enquête à charge ?
J’ai confiance dans la justice mais il y a la police et la justice. Les enquêteurs ont mené une enquête à charge. Ils ont écrit un polar. Je persiste et signe à le dire.
C’est grave. L’enquêteur doit écouter tous les sons de cloches. Le maire, on le charge, on le met en garde à vue, on lui met les menottes, on le prive de son territoire…. Et celui qui a menacé avec un sabre, il est dehors, il se promène ».
Plusieurs plaintes déposées
Il n’est pas tout seul, il y a d’autres plaignants …
Même si je suis élu avec 65 % des voix, un maire ne peut pas faire l’unanimité. La police ne doit pas se laisser instrumentaliser par ce genre de dépôt de plainte.
Il y a pourtant des commerçants qui portent plainte contre vous et qui disent qu’ils ont dû s’acquitter jusqu’à 100 000 euros de redevance pour des travaux devant leur camping ?
« C’est totalement fallacieux. Celui qui dénonce cela est celui qui est venu chez moi il y a un an avec un sabre et qui a tout dévasté, car je lui avais refusé un permis de construire. Un permis que je ne pouvais pas accepter car il n’était pas conforme au droit de l’urbanisme.
Ces commerçants disent qu’ils ont été victimes d’intimidation et de menaces de la part de vos services, notamment de la part de la police municipale, qu’ils ont fait l’objet de pressions car ils ne s’acquittaient pas des sommes demandées. Que répondez-vous à cela ?
« Qui peut y croire ? Nous ne sommes pas dans une République bananière !!! Aujourd’hui, tout ce qui est demandé aux commerçants l’est conformément à des délibérations prises en conseil municipal ».
Le fonds de concours
Même pour ce qui concerne les parasols et les fonds de concours de la voirie ?
« La loi prévoit que lorsqu’une municipalité engage de gros investissements sur un secteur, elle a le droit de faire appel à des commerçants, des personnes du secteur économique peuvent apporter un fonds de concours.
On ne peut pas les y obliger ?
« On les a reçus, ils étaient d’accord ».
Menaces ?
Ceux qui n’étaient pas d’accord disent qu’ils ont reçu des menaces, que les permis de construire leur ont été refusés ?
« Non. On a des projets, on convient d’un fonds de concours. Je fais les travaux, et une fois qu’ils sont terminés, comme par hasard, certains ne sont plus d’accord… C’est là qu’il y a un meneur qui est un opposant, qui vient chez moi avec un sabre et qui essaie de fédérer … »
Il n’y a pas eu de pressions contre ceux qui ont refusé de payer ?
"Non".
Je suis maire. Je ne suis pas un voyou.
Pour les travaux, il y a les impôts. Cela sert à ça ?
« Le conseil municipal a préféré demander un fonds de concours pour prendre en partie une option qui ne leur servait qu’à eux, pour ne pas le faire peser sur le dos de l’ensemble des contribuables ».
C’est un choix ?
« Ce n’est pas un impôt, c’est un fonds de concours et les parasols et l’occupation du domaine public c’est une redevance. Au Barcarès, il n’y a pas d’impôts, la ville reste dans son périmètre de compétences ».
L'animation de la commune en question
Cet argent servait-il à l’animation de la commune ?
« Toutes les décisions du conseil municipal sont validées par le contrôle de légalité de la préfecture. Les sommes encaissées, le sont par le percepteur qui a aussi un devoir de contrôle. Tous les 5 ans la chambre régionale des comptes contrôle le Barcarès.
Nous sommes la commune la plus contrôlée de France. J’en suis heureux. Le magistrat qui a contrôlé les comptes de la commune n’a vu aucune anomalie
Ces sommes ont-elles servi aux animations municipales, à l’animation de la station ?
Elles ont servi à l’intérêt commun. Le budget municipal est de 30 millions d’euros.
Elles auraient pu servir à la voirie ?
« Le Barcarès n’attend pas les campings pour faire sa voirie. Le Barcarès investit environ 3 millions d’euros par ans dans la qualité de sa voirie. Huit millions d’euros l’ont été dans la route des campings ».
On parle d’un système Ferrand ?
« Il n’y a pas de système Ferrand ».
Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
« Je suis confiant et serein car je connais la vérité ».
Cela fait 30 ans que les gens vous attaquent…
"Je ne compte plus les relaxes, et les gardes à vue. Cela fait 30 ans que je suis là".