Cerbère / Paris en train de nuit, c'est terminé. Le dernier a quitté le quai de Paris Austerlitz ce vendredi soir. Terminé ce service qui permettait de gagner la capitale le temps de quelques heures de sommeil. Pas assez rentable et "inadapté aux nouveaux usages" pour la SNCF.
Au son d'une "fanfare festive", une centaine de personnes se sont rassemblées vendredi 9 décembre au soir sur le quai de la gare de Perpignan pour chanter "ce n'est qu'un au-revoir" au train de nuit Portbou-Paris et réclamer son maintien, a constaté un correspondant de l'AFP.
Au même moment en gare d'Austerlitz à Paris, une cinquantaine de personnes, dont des militants CGT, s'étaient rassemblées pour assister au dernier départ du train de nuit de relie la capitale à Portbou, en Espagne, après avoir desservi Perpignan et Cerbère (Pyrénées-Orientales), a constaté un journaliste de l'AFP.
En décembre 2015, c'était au train de jour de disparaître.
Le train devait être accueilli samedi matin en gare de Cerbère par des manifestants mécontents de sa suppression.
C'est une reculade en termes d'aménagement du territoire
a fustigé aussi Olivier Meyer, en embarquant à Perpignan à bord de l'avant-dernier train "quasiment plein" pour aller voir sa fille à Paris.
A l'origine de ces initiatives, deux collectifs: "Oui au train de nuit" et "Rendez-moi mon train", rejoints par des cheminots. L'objectif: "interpeller les élus" et obtenir le maintien des trains de nuit.
"Notre train, on y tient", insistait une autre banderole en gare de Perpignan. "Le train de Nuit, c'est Paris à une heure de Perpignan: une demi-heure pour s'endormir, une demi-heure pour se réveiller", selon une autre pancarte affichée en gare.
La suppression des trains de nuit a déjà été amorcée à l'automne, avec la fermeture de plusieurs lignes, et doit se poursuivre en 2017, avec la ligne Paris-Tarbes-Hendaye-Irun le 1er juillet et la ligne Paris-Nice le 1er octobre.
L'État a décidé de maintenir les lignes Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour-de-Carol. Un appel pour la reprise des lignes par des opérateurs privés avait été lancé en avril 2016 mais aucun repreneur n'y avait répondu de manière satisfaisante.
"Les trains de nuit sont beaucoup plus utilisés qu'on ne le pense", a fait valoir auprès de l'AFP Claire Brun, cofondatrice du collectif "Oui au train de nuit". Selon Laurent Beaufils, secrétaire CGT cheminots de la gare d'Austerlitz, le taux de fréquentation tournait "autour de 50%" et les trains du week-end étaient "très souvent complets un mois à l'avance".
► Interview de Jean-Marie Gorieu réalisée par Aude Cheron et Alain Sabatier
Une délégation devrait être reçue mardi au ministère des Transports, a-t-on appris auprès de "Oui au train de nuit". Mais il faudra rester à l'hôtel car "il ne sera alors plus possible de reprendre le train le soir même pour Perpignan", a déploré Pierrick Cymbler, responsable CGT des cheminots de Perpignan.
Depuis 2011, la fréquentation des trains de nuit a diminué de 25% et le déficit pour 2016 pourrait s'élever à 100 millions d'euros, selon des estimations datant de juillet.