Joueur de rugby à XIII, dirigeant de club, chef d'entreprise : sous toutes ses casquettes, Bernard Guasch est avant tout un meneur d'hommes. La réussite des Dragons Catalans est aussi la sienne, celle de sa ténacité et de sa passion pour son sport. Portrait.
Avec son visage rond et son physique charpenté, Bernard Guasch est un homme jovial. Derrière son sourire, le Catalan de 61 ans a une volonté de fer. Fils d'un réfugié républicain espagnol, il a mené en parallèle le développement de l'entreprise familiale et une carrière de joueur puis de dirigeant dans le rugby à XIII des Pyrénées-Orientales.
Le VRP du rugby à XIII
Bernard Guasch jouait au poste de demi d'ouverture entre 1977 et 1989. D'abord à Perpignan pour le Treize Catalan (1977-1982) puis pour le club rival de Saint-Estève (1982-1989). Une belle époque pour le rugby à XIII, malgré la mauvaise image laissée par la finale du 17 mai 1981, entre Villeneuve-sur-Lot et le XIII Catalan, écourtée au bout de quatre minutes pour cause de bagarre générale.
En 2000, les deux clubs-phares des Pyrénées-Orientales, l'A.S. Saint-Estève XIII (six titres de champion de France) et le Treize Catalan (onze titres de champion de France) décident de fusionner et deviennent l'Union Treiziste Catalane (UTC). Le club met en avant sa "catalanité" et choisit un dragon, référence à Sant Jordi (saint Georges) saint patron de la Catalogne, comme emblème. Pour les dirigeants, Bernard Guasch est l'homme de la situation. C'est encore lui qui sera à la manœuvre quand l'U.T.C. devient en 2006 les Dragons Catalans et intègre la prestigieuse Super League anglaise.
"En 2005, on était invaincu sur le championnat de France, on gagne la coupe et le championnat", raconte Bernard Guasch. "Après avoir réalisé un business plan extraordinaire, où on a revendiqué notre catalanité, notre soleil et notre exotisme, on intègre la Super League anglaise en 2006".
Quand Roselyne Bachelot, alors ministre des Sports, le reçoit en 2008, elle ne s'y trompe pas.
Le succès des Dragons Catalans tient au dynamisme des hommes qui leur consacre leur existence. Bernard Guasch est de ceux-là.
Demi-finale de rêve
Dès les débuts des Dragons Catalans, le président Guasch fait appel à de grands joueurs de l'hémisphère sud comme le Néo-Zélandais Stacey Jones. En 2007, les Dragons Catalans parviennent en finale de la Challenge Cup. En 2008, ils se qualifient pour les play-off en Super League. Surtout, le club convainc les supporters : 8.000 en moyenne lors des matches au stade Gilbert-Brutus de Perpignan. Et près de 12.000 jeudi 30 septembre pour voir les Dragons Catalans se qualifier pour la finale de la Super League, en battant Hull HK 28 à 10.
Pour Bernard Guasch, c'est l'un des plus beaux moments de sa carrière de président, qu'il dédie aux supporters des Dragons.
Je suis heureux parce que tous ces gens (dans le stade) sont heureux, parce qu'ils ont toujours aimé le XIII et l'aiment encore aujourd'hui.
Les Dragons Catalans jouent samedi 9 octobre à 19 heures (heure française), la première finale de Super League de son histoire. Joueurs et dirigeants sont partis de l'aéroport de Perpignan ce jeudi matin, sous les encouragements d'une centaine de supporters. La rencontre contre Saint Helens a lieu à Manchester, au stade de Old Trafford. Ce lieu mythique du football anglais peut accueillir 76.000 spectateurs.
"Travailler et avancer"
Bernard Guasch dirige une entreprise de transformation de viandes, son père avait fondé une boucherie. "On a démarré petit et on a toujours travaillé pour grandir. Travailler et avancer", explique-t-il dans un sourire, revêtu de sa blouse blanche règlementaire, dans les grands frigos de l'entreprise. La boucherie et le rugby à XIII, deux pans indissociables de la tradition familiale.
Mon père a gagné la coupe de France avec le XIII Catalan en 1959. Ensuite moi, ma première coupe comme joueur, c'était en 1978. Et mon fils Joan a gagné son titre en 2016.
Travailler et avancer, une devise que Bernard Guasch applique aussi au rugby à XIII. Après l'exploit de parvenir en finale de la Challenge Cup il y a trois ans, devenir champions de la Super League ferait rentrer les Dragons Catalans dans la légende du rugby à XIII. Et réaliserait le rêve de son emblématique président.