« Voir la mort en face et s’en sortir in-extremis. Pour moi, ce trauma marque un avant et un après ». Ce sont les premiers mots lâchés par le Catalan Guillaume Delmas, dont le nouveau projet consiste à raconter l’Histoire de France. Filmée, au guidon d’une moto, sa grande passion.
13 Novembre 2015, Guillaume Delmas s’enfuit du Bataclan : « Tu cours pour sauver ta vie, tu entends le vacarme des balles ». Elles résonneront longtemps dans sa tête. « Je me suis réfugié dans un immeuble où j’ai été accueilli par trois femmes musulmanes ». S’ensuit un malaise, ce besoin de fuir Paris, le bruit des sirènes et son job dans la publicité. Guillaume Delmas enfourche alors sa bécane, éternelle compagne. Le vagabondage devient sa catharsis :
« Sur la route, l’Histoire, ma marotte, me rattrape. Pas mon histoire mais l’Histoire, le passé et ses vestiges, nichés dans les paysages, au détour de chaque virage. Et naturellement les questions se succèdent... Le passé ne sert-il donc jamais de leçon ? L’Homme est-il ignorant au point de reproduire encore et toujours les erreurs du passé ? ».
Road-Trip de l’Histoire de France
Guillaume Delmas imagine alors de raconter l’Histoire de France façon road-trip, sous la forme d’une série de films de 52 minutes , des documentaires narratifs. « Sur la route » est né, clin d’oeil à Jack Kérouac pour une chevauchée à la « Easy Rider ». Autant de références à la contre-culture américaine pour raconter l’Histoire de France, casque sur la tête façon Daft Punk :
« L’idée est aussi de vulgariser et démocratiser l’Histoire avec le parti-pris de séduire un public qui ne s’y intéresse pas forcément en la rendant moins académique, moins rébarbative. Pédagogique mais pas chiant ».
La bande annonce, bien troussée, donne le ton. Iconoclaste et Rock and Roll :
« Ce qui existe aujourd’hui sert trop la soupe au roman national »
Voilà pour la forme. Sur le fond : « Ce qui existe aujourd’hui sert trop la soupe au roman national » embraye d’emblée Guillaume Delmas. « Je suis inspiré par les historiens qui démontent tous les clichés. Aujourd’hui, cette démarche n’existe pas de façon audiovisuelle » explique celui qui ne se revendique pas seulement « passionné » fouinant aussi bien en bibliothèque que sur le web. Ensuite, « la carte n’est pas le territoire » lâche Delmas, dont le fief paternel est Rivesaltes, le village du Maréchal Joffre.
« L’Histoire faisant fi des découpages administratifs, mes documentaires délimitent la France en « Pays », à savoir en zones géographiques identitaires et culturelles. Car la France est un ensemble de ces différents pays ».
Premier épisode : le pays catalan français
Sa BMW 9T prévoit de sillonner ainsi le pays basque, le pays auvergnat, le pays picard, le pays savoyard, le pays corse, le le pays normand, le pays aquitain, le pays aveyronnais, etc. Mais c’est vrai que « L’Histoire est souvent riche et intéressante dans les pays frontaliers ». D’où un point de départ naturel et originel : le pays catalan français.
SurLaRoute Trailer from delmas guillaume on Vimeo.
Le premier synopsis de cet épisode vadrouille entre l’enclave espagnole de Llivia en Cerdagne jusqu’aux châteaux Cathares en passant par les forteresses de Vauban et la mémoire du camp de Rivesaltes. Pour donner vie à son projet, il a lancé un projet de financement participatif et conclue : « L’Histoire est une question d’interprétation et c’est ce qui m’intéresse ».