Le Visa d’or de l’Information Numérique franceinfo a été décerné à l'unanimité à la journaliste et au photographe belges, Valentine Van Vyve et Olivier Papegnies, pour "Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État", publié sur le site d’information de la Libre Belgique.
La journaliste indépendante Valentine Van Vyve et le photographe Olivier Papegnies (Collectif Huma) ont enquêté sur les Koglweogo, des groupes citoyens d'autodéfense qui depuis 2015 tissent leur toile au Burkina Faso. Face à l’insécurité rampante, ils se sont étendus dans une grande partie du pays pour pallier le manque d'effectifs policiers.
Le graal du photojournalisme
"C'est le graal du photojournalisme . La consécration. Cela nous pousse à continuer le mieux possible et de faire notre métier consciencieusement et pas vite pour pas cher comme on nous le demande aussi très souvent maintenant dans des médias traditionnels," se réjouit Olivier Papegnies, photographe.
Groupes de citoyens d'autodéfense au Burkina Faso
On estime qu’il y a aujourd’hui à peu près 4400 groupes à travers le pays (chacun compte au moins 21 membres), issus de toutes les couches sociales. Ces milliers d’associations citoyennes entendent ainsi s’attaquer à l’injustice et à la corruption des forces de l’ordre, des élites politiques et judiciaires.
Leur efficacité est reconnue de tous, mais en mettant la main sur la chaine répressive dans son ensemble, les Koglweogo s'arrogent les rôles de policiers, justiciers et bourreaux.
Il y a des atteintes aux droits de l'homme qu'il fallait relayer mais auxquelles il ne fallait pas s'arrêter
"La difficulté des journalistes occidentaux d'enlever ses oeillères qui va dans un pays africain colonisé par la France. Il faut pouvoir aborder ces réalités sans ces lunettes là. C'est compliqué car les groupes de Koglweogo se font juges et bourreaux et donc il y a des atteintes aux droits de l'homme qu'il fallait relayer mais auxquelles il ne fallait pas s'arrêter. Le problème est bien plus complexe que ça.
D'ailleurs, les koglweogo sont soutenus par les 2/3 de la population," précise Valentine Van Vyne.
Un très bon travail photographique et sonore qui ne cherche pas à se détourner des fondements du journalisme sur le web pour proposer une narration sans effets, au service de l’enquête
"Koglweogo - Miroir d’une faillite d’État" est un projet porté par un très bon travail photographique et sonore qui ne cherche pas à se détourner des fondements du journalisme sur le web pour proposer une narration sans effets, au service de l’enquête » a déclaré Samuel Bollendorff, président du jury.
On en revient à la simplicité
"Nous avons voulu récompensé le travail multimédia. On en revient à la simplicité. A une époque, on partait dans une narration complexe où on a peut-être égaré notre lecteur. Aujourd'hui, si vous regardez le travail qu'on a récompensé, c'est une narration qui est simple, sans effet. Il y a un début, il y a une fin.
Il y a un parcours fléché pour le lecteur. On ne l'embarque pas dans un objet multimédia complexe où il a besoin d'un mode d'emploi pour savoir comment se l'approprier," explique Célia Mériguet, directrice franceinfo-édition numérique.
Prix doté de 8000 euros
Le Visa d’or de l’Information Numérique est organisé par le festival Visa pour l’Image - Perpignan avec le soutien des médias audiovisuels de service public : France Médias Monde, France Télévisions, Radio France et l’Institut National de l’Audiovisuel.Face au flux de l’information permanente, ce prix récompense un projet, un contenu, une création numérique - réalité virtuelle, interactivité, vidéo éditorialisée et postée sur les réseaux sociaux…- se distinguant par le choix, le traitement original d’un sujet d’actualité et par l’utilisation des nouveaux outils multimédias.
Cette année, le jury était composé de Dimitri Beck (Polka Magazine), Hervé Brusini (France Télévisions), Olivier Laurent (The Washington post), Benoit Leprince (Journal du Dimanche), Lucas Menget (franceinfo) et Sylvain Mornet (France 24).