Les enseignants, mais aussi tous les personnels de l’éducation nationale, sont de plus en plus nombreux à quitter la profession. Pour leur donner des pistes de reconversion, le syndicat national des lycées, collège et écoles du supérieur a organisé une journée d’information à Perpignan.
“Depuis la covid, les gens se sont rendu compte qu’il y avait une perte de sens à leur métier” clame Karim El Ouardi, président académique du syndicat national des lycées, collèges et écoles du supérieur. C’est pour cette raison que depuis quatre ans, le syndicat organise des journées d’information sur les possibilités de reconversion pour les personnels de l’éducation nationale.
AESH, enseignant…, ils sont 150 à s’être présenté à cette réunion, le jeudi 28 novembre 2024, à Perpignan, soit deux fois plus que l’année dernière selon les organisateurs. “Les fonctionnaires sont fatigués que l’on ne reconnaisse pas leur investissement au quotidien”, commente le syndicaliste.
Une réorientation possible
Ce manque de reconnaissance, Stéphane Molinès, professeur de français dans un collège le vit au quotidien, c’est en partie pour cela qu’il envisage de changer de métier. “La direction écoute l’élève à outrance et notre parole n’est pas prise en compte et on est discrédité” explique-t-il. Il critique la gestion de la discipline des élèves dans son établissement : “c’est la bienveillance à outrance. On se sent désarmé, on a plus d’autorité” s’emporte le professeur. “Il m’arrive fréquemment de me demander si je vais aller travailler le matin” ajoute-t-il.
C’est pour toutes ces raisons que Stéphane envisage une reconversion, il s’est rendu à cette journée d’information, car ses inquiétudes sont nombreuses. “Même s’il y a des portes de sorties, c'est compliqué lorsqu’on a une famille et que l’on doit toucher un salaire et qu’on ne peut pas se retrouver sans revenu”, s’inquiète-t-il.
Et Stéphane n’est pas le seul dans cette situation, Delphine Bernard est AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), elle aussi ne se retrouve plus dans sa profession : “on ne gagne pas assez d’argent. Puis, on est dans un métier ou on ne fait que saupoudrage d’accompagnement”, s’indigne-t-elle.
On ne se sent pas aussi utile alors qu’on devrait l’être.
Delphine BernardAESH
Alors, pour tenter d’apaiser les inquiétudes des différents personnels, le syndicat s’est donné pour mission de les informer sur les différentes portes de sorties : “on est là pour leur dire qu’ils ont des possibilités, qu’il faut y croire”, détaille Karim el Ouardi. Cette année, le syndicat a accompagné 32 personnes des Pyrénées-Orientales vers une réorientation. Selon un sondage Ifop datant de 2023, près de 30% des enseignants envisagent une reconversion professionnelle à moyen terme.