Le parquet a requis cinq ans de prison, dont deux ferme, en appel contre Nadine Oliveira, la conductrice du car scolaire heurté par un train à Millas. "J'ai la conviction que madame Oliveira, une conductrice indisciplinée et inexpérimentée, a franchi ce passage à niveau sans aucune attention à ces barrières" a dit l'avocat général Franck Lagier
Le parquet a requis ce jeudi cinq ans de prison, dont deux ans ferme, en appel contre Nadine Oliveira, la conductrice du car scolaire heurté par un train à Millas (Pyrénées-Orientales), coupable selon lui d'avoir provoqué la mort de six collégiens tués dans l'accident. "J'ai la conviction que madame Oliveira, une conductrice indisciplinée et inexpérimentée, a franchi ce passage à niveau sans aucune attention à ces barrières", a expliqué l'avocat général Franck Lagier, déplorant que la prévenue ait "imposé un procès d'appel aux parties civiles qu'elle ne s'est elle-même pas imposé".
M. Lagier a insisté sur le "déni important de réalité" de la conductrice "qui expulse tout ce qui vient à l'encontre de son mantra: +les barrières étaient levées+".
En première instance, la conductrice avait été condamnée à un an de prison ferme, et quatre ans avec sursis. Comme lors de ce premier procès, le réquisitoire a été prononcé en l'absence de la prévenue, victime d'un malaise en pleine audience au quatrième jour de son procès en appel et qui n'a plus été en mesure d'y assister depuis le 10 octobre.
" Ils espéraient tous qu'elle soit là pour pouvoir s'expliquer."
Pour les 123 parties civiles, familles d'enfants blessés ou décédés, le seul intérêt de ce second procès était d'être entendue par Nadine Oliveira, la conductrice du car scolaire impliqué dans l'accident de Millas en 2017. Peut-être même obtenir des excuses.
La prévenue se disait prête à assumer ses responsabilités. Mais à nouveau, la conductrice n'aura pas assisté à son procès. Hospitalisée au 3e jour après un malaise à la barre, elle en est sortie deux jours plus tard sans pour autant revenir à l'audience.
C'est très violent et très difficile pour les victimes et les familles de victimes.
Vanessa Brandone, avocate de parties civiles.
" Ils espéraient tous qu'elle soit là pour pouvoir s'expliquer. Ils s'étaient peut-être naïvement dit qu'elle aurait des choses à dire. Le fait qu'elle soit de nouveau absente, toujours dans les mêmes conditions et que l'on ne soit pas informé de son état de santé, ainsi que l'on apprend qu'en fait elle n'était pas du tout hospitalisée, mais qu'elle était à son hôtel, c'est très violent et très difficile pour les victimes et les familles de victimes, " déclare Me Vanessa Brandone, avocate de parties civiles.
" Ce sont des familles brisées "
De la déception qui vient s'ajouter à la souffrance, l'impression de ne pas compter. Car la conséquence de cet accident, les avocats des parties civiles l'ont longuement détaillé dans leurs plaidoiries : " ce sont des familles brisées, encore aujourd'hui."
Le sentiment de marcher à côté de sa vie dans le meilleur des cas. Parfois pire. Beaucoup de victimes n'ont d'ailleurs pas trouvé le courage de revenir à la barre." En première instance, venir déposer leurs témoignages, déposer leurs paroles, cela a été pour eux, quelque chose de bénéfique. Mais le faire une deuxième fois, pour certains, cela a été au-dessus de leurs forces. Parce que là, ce n'était plus uniquement pour eux, c'était pour la justice et certains ne croient plus tellement en la justice," confie Me Marie Mescam, avocate de parties civiles.
Écrit avec Laura Laure Galy et l'AFP.