Pendant deux jours, les experts vont raconter dans le détail les scènes de crime et les autopsies de Moktharia Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez tuées par Jacques Rançon. Le président de la cour d'assises a décidé de diffuser des images de la découverte des corps. Des scènes d'horreur.
Elles sont quatre jeunes femmes à avoir croisé en 1997 et 1998 le chemin de Jacques Rançon, le tueur présumé de "la gare de Perpignan". Deux ont survécue miraculeusement. Elles viendront témoigner devant la cour d'assises des Pyrénées-orientales jeudi et lundi prochain. Deux sont mortes dans d'atroces souffrances.
Diffusion de photos
Au sixième jour du procès, l'audience de ce mardi a été marquée par le récit de l'accusé, qui jusque là assurait qu'"il ne pourrait pas" raconter, que "ce serait trop dur", marquée aussi par la diffusion des photos de Moktaria Chaïb, une étudiante de 19 ans, dont le corps avait été retrouvé dans un terrain vague entièrement dénudé, les seins et les parties génitales découpées de façon quasi-chirurgicale.
Certains portent leur main devant leur visage
Seuls les jurés, la cour, les avocats et l'accusé ont pu voir ces photos: les visages des jurés sont soudainement graves, certains portent leur main devant leur visage, visiblement bouleversés et choqués par ce qu'ils découvrent sur l'écran. Jacques Rançon, lui, visage baissé, ne lèvera pas les yeux. "Parce que ça fait trop de mal", affirmera-t-il plus tard.
Auparavant, pendant plus de 45 minutes, pressé par le président de la cour de "raconter ce qu'il s'était passé", il avait expliqué d'une faible voix, sa "rencontre" avec la jeune fille, puis le viol et le meurtre. "J'ai croisé Moktaria un soir", dit Jacques Rançon, qui reconnaît avoir été ce soir-là à la recherche d'une fille.
Je l'ai fait s'allonger au sol et je me suis mis sur elle
"J'ai sorti mon couteau, on a traversé la route, je l'ai forcée à se déshabiller dans un terrain vague. Je l'ai fait s'allonger au sol et je me suis mis sur elle", poursuit l'accusé, debout dans le box entièrement vitré. "J'ai essayé, essayé, j'ai pas réussi, elle me repoussait, elle se débattait", dit Jacques Rançon dont la tentative de pénétration restera vaine.
Je l'ai découpée. J'ai mis les morceaux dans un sac, je l'ai jeté dans une bouche d'égoût. Et je suis rentré à l'hôtel
D'une voix blanche, l'accusé, veste grise sur chemise beige, poursuit son récit: "elle a dit qu'elle allait appeler la police. J'ai mis les coups de couteau". Douze au total, révèlera l'autopsie. Vient alors le plus terrible : "Je l'ai découpée. J'ai mis les morceaux dans un sac, je l'ai jeté dans une bouche d'égoût. Et je suis rentré à l'hôtel". "Pourquoi douze coups de couteau ?", demande l'avocat des parties civiles, Etienne Nicolau. "C'était la panique", répond Rançon.
J'étais en panique, j'ai coupé sans réfléchir, je ne pensais à rien, j'agissais
"Quand vous découpez le corps, que ressentez-vous", l'interroge le président Régis Cayrol. "J'étais en panique, j'ai coupé sans réfléchir, je ne pensais à rien, j'agissais".