Une vie brisée et la peur qui ne la quitte pas depuis la tentative de viol de Jacques Rançon en 1997 à Perpignan, quatre jours seulement après sa sortie de prison pour viol. Nadia a témoigné lundi avec émotion de son agression devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une vie ravagée


En ouverture de la troisième semaine du procès du "tueur de la gare de Perpignan", cette jeune femme dont le prénom a été modifié à sa demande, a évoqué sa vie ravagée, apeurée par la proximité d'un accusé qui peine toujours à s'expliquer. "Ca ne part pas, les peurs sont toujours là", a confessé la jeune femme vêtue de noir, évoquant par bribes sa vie qui a basculé il y a une vingtaine d'années. Elle a aussi exprimé son impossibilité d'en parler à ses proches.

Je ne sortais plus de chez moi, j'ai arrêté mon stage, j'ai arrêté mes études, je me suis éloignée de ma famille, je n'ai plus de vie professionnelle


"Je ne sortais plus de chez moi, j'ai arrêté mon stage, j'ai arrêté mes études, je me suis éloignée de ma famille, je n'ai plus de vie professionnelle", rapporte Nadia, très émue. Elle s'est mariée, est devenue mère mais n'a pu retrouver le cours normal de sa vie. Elle s'endort toujours avec difficulté, fait des cauchemars et a peur pour sa fille.

1ère victime à Perpignan


Le 1er septembre 1997, elle est la première victime de la série des crimes de la gare de Perpignan. Le 20 décembre 1997, Moktaria Chaïb, 19 ans, est violée, tuée et mutilée. Le 9 mars 1998, Sabrina, 19 ans, est laissée pour morte après un coup de couteau à l'abdomen. Enfin, le 16 juin 1998, Marie-Hélène Gonzalez, qui avait été prise en autostop par Jacques Rançon, est violée, tuée et son corps est découpé. Uniquement des jeunes femmes brunes, aux cheveux noirs et bouclés, relève le président.

Chasser et contraindre

Nadia avait 17 ans et demi et sortait de son stage dans un restaurant du centre de Perpignan: "J'entendais des pas se rapprocher de plus en plus et, le temps que je réagisse, il était derrière moi, m'a attrapée et m'a basculée". Il lui arrache violemment ses vêtements, lui dit "laisse moi te toucher, je ne te ferai rien, j'ai besoin de tendresse". Elle rassemble ses forces, le griffe au visage et arrive à s'extraire. Elle doit finalement son salut à des témoins en voiture qui vont mettre en fuite Rançon qui était en train de la courser.

Une mère effondrée


Cette histoire, sa mère ne l'apprendra que 17 ans ans plus tard, lorsqu'elle accompagne Nadia, en octobre 2014, à une convocation de la police. Rançon a été confondu par une trace ADN retrouvée sur une chaussure de Moktaria Chaïb. En larmes Malika, la mère de Nadia, a confié lundi aux jurés toute sa culpabilité de ne pas avoir compris l'origine du traumatisme de sa fille. Elle regrette surtout de ne pas avoir été, comme d'habitude, la chercher ce soir-là. Veste sombre et chemise jaune pâle, l'accusé consent à répondre aux questions du président sur les circonstances, et confirme le témoignage de Nadia. Mais, il reste muet sur ses motivations.

"Pourquoi cette agression?". "J'en sais rien"


"Pourquoi cette agression?". "J'en sais rien", répond invariablement Rançon. A l'avocat général qui lui demande si "quatre jours" à peine après sa sortie de prison pour un viol, ça ne lui "fait pas peur d'agresser une femme à 400 m d'un commissariat?", Rançon lapidaire répond, "j'avais pas réfléchi". Par monosyllabes, l'accusé confirme qu'il attaque des femmes par pulsion. Il lâche un "oui" lorsqu'on lui demande si cela répond à un "besoin sexuel".

Pourquoi a-t-il coupé la tête d'une des victimes et pourquoi l'a-t-il éviscérée?, questionne encore le président. Rançon s'enfonce dans un silence pesant. Alors le magistrat parle à sa place : "Chasser, contraindre, être excité par la soumission, accomplir l'acte sexuel et puis ce geste ultime qui consiste à tuer et à dépecer, n'est-ce pas l'ensemble que vous recherchez c'est un tout?". Rançon claque un "oui" bref et sonore, son regard semble ailleurs, comme s'il voulait simplement stopper la longue litanie du magistrat en robe rouge.

Une vie brisée et la peur qui ne la quitte pas depuis la tentative de viol de Jacques Rançon en 1997 à Perpignan, quatre jours seulement après sa sortie de prison pour viol. Nadia a témoigné lundi avec émotion de son agression devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales. Interviews: Maître Capsié, partie civile et Maître Capelet, avocat de la défense




La suite du procès Rançon
Mardi 20 mars: Auditions de Marie-Hélène Cherpin, directrice du laboratoire d’empreintes génétiques chez Biomnis et Eric Baccino, médecin légiste puis parties civiles qui souhaitent s'exprimer
Mercredi 21 mars : L'enquête avec Vincent Delbreilh (SRPJ Perpignan) et Gilles Soulié, ex-directeur SRPJ Montpellier
Jeudi 22 mars : Plaidoiries de la partie civile et réquisitions de l'avocat général
Lundi 26 mars : Plaidoiries de la défense et verdict
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information