Une journée mondiale de l'eau placée sous le signe de la colère à Baillestavy dans les Pyrénées-Orientales. Cette commune de 115 habitants est une des 13 petites communes des Pyrénées-Orientales à n'avoir toujours pas de station d'épuration.
Au cœur du Massif du Canigou, perchée à 600 mètres d'altitude, le petit village de Baillestavy ne décolère pas.
Les eaux usées de la commune se jettent directement dans la rivière.
" Cela fait mal au coeur de devoir polluer." regrette Brice Lagar l'un des 115 habitants du village. "C'est d'autant plus compliqué que nous tous, qui vivons dans ce site magnifique, avons une philosophie écologique. À l'heure actuelle, on devrait avoir notre station d'épuration car au XXIe siècle, on a les moyens techniques."
Une station d'épuration à 500 000 euros ?
Mais ce n'est pas si simple pour cette commune rurale. Le coût des travaux s'élève à plus de 500 000 euros.
" Nous n'en avons pas les moyens" souligne Eric Mahieux, le maire de la commune. "Même si le Département, la Région et l'Europe finançaient à hauteur de 80 %, il nous faudrait débourser les 20 % manquants. Et là, c'est impossible. C'est beaucoup trop pour notre petit budget. Et voilà pourquoi tout se déverse dans la rivières. Heureusement que nous ne sommes pas trop nombreux. Mais cela nuit à notre image !"
L'été, les baigneurs voient des choses suspectes flotter. Cela ne donne pas envie. On veut être soutenue pour avoir notre rivière propre.
Benoit Leduc est le gérant du seul bar-restaurant de la commune. Pour lui, le village vit dans un paradoxe. " Les clients trouvent le paysage magnifique et la Lentilla est une rivière splendide.
Quand ils apprennent que les égouts se jettent dans ses eaux, c'est la douche froide! C'est comme si on ne jouait pas le jeu d'une nature sans pollution. Mais c'est malgré nous
Et de poursuivre : "Les gens considèrent que c'est scandaleux. Mais on essaie de pallier ce problème avec des alternatives."
L'association Salamandra créée par quelques habitants a décidé d'améliorer la situation. Elle organise des ateliers pour fabriquer des lessives et des produits de vaisselle écologiques à base de produits naturels comme le lierre. Elle vend des bidons à prix coûtants. Une manière pour elle de limiter les molécules indésirables dans l'eau.
Un peu plus haut, le village de Valmanya avec ses 37 habitants déverse lui aussi ses eaux usées dans la Lentilla. Dans les Pyrénées-Orientales, on dénombre 13 petites communes toujours sans station d'épuration.