Le squat de Valdegour a été évacué, ce lundi 22 janvier à Nîmes. Trois jours plus tôt, France 3 visitait les lieux. Une centaine de migrants y survivaient. Pour la plupart des "ni-ni", soit des jeunes en situation de recours administratif. Ni mineurs, ni majeurs aux yeux des autorités, ils ne bénéficient d'aucune protection.
Une fois arrivé à Nîmes - après avoir traversé le Mali, l'Algérie, la Tunisie, la Méditerranée et l'Italie, Idrissa se levait tous les jours à 7h pour se rendre aux services départementaux du Gard.
Après un mois passé dans la file d'attente, sa demande de protection en qualité de MNA (mineur non accompagné sur le territoire français) est enregistrée. Elle lui est refusée en septembre : sa minorité n'a pas été reconnue par les autorités. Il fait alors appel de cette décision.
En situation de recours, Idrissa n'a d'autre choix que de passer une partie de l'hiver dans le squat du quartier Valdegour. Pour France 3, Alexandre Grellier et Dalila Peltier sont allés visiter les lieux, trois jours avant leur fermeture.
"On les appelle les ni-ni"
Jusqu'à l'évacuation du squat, ce lundi 22 janvier, une centaine de jeunes y survivaient grâce aux matelas, aux couvertures et aux aliments fournis par les associations locales.
Comme Idrissa, "la plupart ont formulé un recours auprès du tribunal des enfants de Nîmes après avoir été déclarés majeurs par les autorités", explique une bénévole de l'association Défense des enfants international, Line Del Percio, au micro d'Alexandre Grellier.
Pendant ce temps d'attente, ces jeunes ne sont pas protégés. Le 115 ne leur cherche pas de solution d'hébergement car ils sont déterminés mineurs sur leurs documents d'identité étrangers. De son côté, l'Aide sociale à l'enfance (ASE) - en charge de protéger tous les mineurs sur le territoire français quelle que soit leur nationalité - ne les accueille pas non plus car les autorités françaises les ont déclarés majeurs.
"On les appelle les ni-ni", conclut Line Del Percio. "Ils ne sont ni mineurs, ni majeurs aux yeux des autorités".
"On nous a abandonnés ici"
"C'est ici qu'on dort", expose Idrissa à l'entrée de l'ancien hammam du quartier Valdegour, reconverti en dortoir géant depuis près de deux ans.
Salle de prière aménagée, absence d'électricité, stock de bouteilles en plastique en cas de coupure d'eau... Le Guinéen détaille ses conditions de vie dans le dédale de matelas, un bonnet et une capuche sur la tête.
La nuit, on arrive pas à dormir à cause du froid. Beaucoup sont tombés malade. On devrait être logés mais on nous a abandonnés ici.
Idrissa, migrant guinéen
Le calvaire du jeune homme est provisoirement terminé. Ce lundi 22 janvier, le Département a décidé d'évacuer le squat de Valdegour. Des dizaines de jeunes sont montés dans des bus en direction d'un établissement hôtelier du centre-ville, entre 6h et 10h du matin, sous la supervision des travailleurs sociaux.
"Les flux vont continuer"
"Il fallait que ça se termine", commente Marie-Claude Tordo sur place. Selon cette membre de l'association Ados sans frontières Gard, "Le squat, ce n’était pas des conditions décentes et ça devenait dangereux pour les gamins".
Mais si la mise à l'abri est "une bonne nouvelle", la bénévole insiste : "Les flux vont continuer, pas d'illusion là-dessus. Alors il faut combler ce vide juridique et imaginer des dispositifs pour ceux qui sont en situation de recours".
De son côté, Line Del Percio se félicite aussi de cette prise en charge, mais elle prévient : "Si c'est pour les héberger un certain temps avant de les remettre dehors parce que la trêve hivernale est terminée, ce ne sera pas acceptable. Pas plus qu'il n'était acceptable de les laisser vivre dans ces conditions".