Le directeur de l'école 42 de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, où le jeune Anglais de 17 ans avait voulu s'inscrire en juillet dernier, affirme que la police n'a pas pris au sérieux son signalement. Le garçon était recherché depuis 2017, alors qu'il avait été kidnappé et envoyé par des membres de sa famille dans une communauté spirituelle.
Ils pensaient avoir simplement affaire à un candidat qui avait égaré ses papiers d'identité dans l'avion. Alors que le personnel de l'antenne perpignanaise (Pyrénées-Orientales) de la prestigieuse école d'informatique 42 recevait la candidature d'un certain "Zac Edwards", 17 ans, ceux-ci sont tombés des nues en apprenant la vérité.
"Il avait réussi la première étape d'admission en ligne, mais faute des documents administratifs nécessaires pour poursuivre l'inscription, nous avions convenu de le rencontrer durant nos journées portes ouvertes, le 29 juillet dernier, pour essayer de trouver un compromis", raconte Géro Vigney, le directeur de l'école créée et financée par Xavier Niel, le patron de l'opérateur de téléphonie mobile Free. "C'est à ce moment qu'il nous a confié s'appeler en réalité Alex Batty. En faisant quelques recherches rapides sur Internet, nous avons réalisé qu'il s'agissait d'un jeune Anglais kidnappé il y a six ans et recherché depuis."
Un mineur recherché à l'international
L'affaire remonte à 2017, lorsque le jeune Anglais, âgé de 11 ans et en voyage en Espagne avec sa mère et son grand-père (qui avaient pourtant interdiction d'entrer en contact avec lui), est kidnappé. Sa grand-mère accuse alors sa fille et son ex-mari d'avoir conduit Alex dans une secte. Une enquête avait immédiatement été ouverte par la police de Manchester.
"Après avoir compris qui il était, nous avons contacté la police nationale, qui nous a envoyés vers le commissariat municipal, qui lui-même nous a renvoyés vers la police nationale, sans l'aval de laquelle il affirmait ne pas pouvoir envoyer quelqu'un sur place", poursuit le directeur de l'établissement. À l'époque, la France sortait à peine d'une période de violentes émeutes urbaines, au terme de laquelle plusieurs commissariats s'étaient mis en grève pour dénoncer le maintien en détention provisoire d'un de leurs collègues à Marseille (Bouches-du-Rhône), soupçonné d'avoir gravement blessé un jeune homme de 22 ans.
La police nationale a fini par nous rappeler dans la journée en disant qu'ils nous tiendraient au courant, mais ils ne l'ont jamais fait. J'ai le sentiment qu'on ne nous a pas pris au sérieux.
Géro Vigney, directeur de l'école 42 de Perpignan (Pyrénées-Orientales)
"Au commissariat de Perpignan, après deux heures d'attente, on nous a dit qu'aucun agent n'était disponible pour nous recevoir, s'agace Géro Vigney. Peut-être qu'ils avaient un manque de personnel, mais je trouve quand même assez étonnant qu'il n'y ait pas eu plus d'entrain pour venir le chercher. Personne ne s'est déplacé alors que ce jeune est resté plus d'une heure dans nos locaux. Nous avions même contacté la gendarmerie de l'Aude, où il vivait dans un gîte, ainsi que la préfecture, qui nous affirmait que l'enquête suivait son cours." Alex Batty ne sera finalement retrouvé et rapatrié au Royaume-Uni que quelques mois plus tard.
Contacté, le commissariat de Perpignan n'a pas souhaité donner suite à nos sollicitations.
De multiples apparitions par le passé
Ce n'est pas la première fois que le garçon réapparaît subitement, sans que cela ne donne aucune suite. Après s'être échappé de la communauté spirituelle où il avait été envoyé, il aurait à plusieurs reprises été aperçu au Maroc ou en Espagne. Mais ces deux dernières années, c'est dans un gîte de la Bastide, situé à Camps-sur-l'Agly (Aude) qu'il a vécu, en cachant sa véritable identité.
D'après nos confrères de La Dépêche, une autre sonnette d'alarme avait même été tirée par un établissement scolaire à Quillan, dans l'Aude, où il avait également voulu s'inscrire en novembre dernier. C'est à Toulouse (Haute-Garonne) qu'il sera finalement aperçu par un livreur le 13 décembre dernier, avant d'être rapatrié trois jours plus tard au Royaume-Uni où l'attend sa grand-mère, selon nos confrères du Midi Libre.