Le jeune Marseillais de 22 ans, victime d'un tir de LBD à la tête et roué de coups dans la nuit du 1er au 2 juillet, témoigne de son calvaire dans une vidéo de Konbini News, qui a fait plusieurs millions de vues en deux jours.
Sa vie ne sera plus jamais comme avant. La vidéo postée mercredi cumule près de 12,5 millions de vues sur Twitter ce jeudi 27 juillet. Pour la première fois, Hedi, 22 ans, raconte ce qu'il a vécu cette nuit du 1er au 2 juillet dans une rue du centre de Marseille, en marge des émeutes qui ont secoué la ville suite à la mort du jeune Nahel, et comment il envisage son avenir.
"Des fois, je me dis que je vais me réveiller, mais en fait je me réveille toujours avec la tête déformée", commence Hedi dans cet entretien de près de cinq minutes, où il apparaît face caméra, dévoilant son crâne en partie amputé.
Pour le sauver, les médecins lui ont enlevé une partie de la boîte crânienne. "D'après eux, ils ont opéré un mort", explique le jeune homme. Depuis l'opération, Hedi dit qu'il ne se regarde plus dans un miroir. "Quand tu vois [...] que ton crâne n'est plus rond, qu'il n'est plus comme avant, c'est super dur à supporter."
Impossible pour l'instant de reconstruire la partie manquante de sa tête, car la blessure n'a pas encore dégonflé. Pour protéger son cerveau , il doit marcher avec un casque. Atteint aussi à l'oei, Hedi explique qu'il voit flou. Et ce n'est pas la seule séquelle des violences qu'il a subies cette nuit-là. "Je parle doucement, je me déplace très lentement. [...] Je dois rester souvent dans le noir avec aucun son, aucune lumière, parce que j'ai des migraines qui s'arrêtent pas". Le jeune homme a déjà subi trois opérations, et au moins deux autres sont prévues en plus.
Aucune excuse
Pendant son passage à tabac, il se fait casser la mâchoire. Après le départ des policiers, il se relève, s'éloigne, puis palpe son crâne. "Quand j'ai voulu me toucher la tête, je n'ai pas senti mon crâne." Il fait ensuite une crise de panique. "J'ai commencé malheureusement à vomir, à me pisser dessus". Puis, il perd connaissance, et passe plusieurs heures dans le coma.
Dans la vidéo, il explique qu'il ne comprend pas le geste des policiers, et qu'il n'a aussi reçu aucun message d'excuse du gouvernement. Quatre agents soupçonnés d'avoir commis les violences ont été mis en examen, et un d'entre eux est en détention provisoire, suscitant la colère des policiers et de leurs syndicats.
Le soutien apporté par Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, a suscité de vives réactions dans la magistrature et au sein de la gauche. Jusque-là silencieux, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin recevra les organisations syndicales de policiers place Beauvau ce jeudi à 20H. Une parole très attendue sur cette affaire.