Dans les communes comme chez les particuliers des Pyrénées-Orientales, on installe des récupérateurs d'eau à tour de bras. La demande explose dans les magasins spécialisés dans ce département en proie à une sécheresse historique depuis deux ans.
Récupérer l’eau tombée du ciel plutôt que puiser la ressource dans le sol : cela fait plus de trois ans que les Simon, un couple de Perpignan, capte la pluie et la stocke sous sa maison. Une eau précieuse en cette période de sécheresse chronique, avec laquelle ces Perpignanais arrosent leur jardin. Une démarche écologique et économique : le récupérateur d’eau est, selon eux, une solution d’avenir, comme l’explique Fatima Simon : "avec le peu de pluie qu’on a dans la région, je pense que c’est un système qu’il faut développer."
Torche à la main, Gaël Simon nous emmène voir son installation : "La cuve souple que j’ai installée dans le vide sanitaire fait 17 mètres cubes et me permet de stocker toute l’eau de pluie qui tombe sur mon toit d’environ 80 mètres carrés."
Une demande exponentielle
Les magasins spécialisés aussi se sont convertis à cette technique qu’ils mettent en avant auprès de leurs clients. Différentes formes et tailles sont disponibles. Chacun peut ainsi trouver un matériel adapté à son usage, à l’instar de Joseph Blanc, un retraité rencontré dans le rayon d’une jardinerie catalane : "on attend d’être un peu en pénurie et d’avoir des restrictions pour s’y mettre ! On aurait dû le faire bien avant". L’enseigne où il est venu acheter son récupérateur d’eau le constate : la demande est là.
La progression est forte : il y a trois ans la demande avait augmenté de 80%. Pour la seule année dernière, la hausse est de l’ordre de 150% et pour ce début 2024, on est déjà à plus 15%.
Céline Ologaray, directrice d’une jardinerie de Perpignan
Récupérateurs municipaux à Elne
À Elne, on trouve même une dizaine de récupérateurs d’eau en cours d’installation aux coins des rues. Une initiative de la municipalité pour irriguer les espaces verts et permettre aux habitants d’arroser leurs potagers.
Une démarche devenue essentielle
Le maire (PCF) Nicolas Garcia, qui est aussi le vice-président du Département en charge de l'eau, est convaincu du caractère impérieux de cette initiative :
On s’organise pour récupérer les moindres gouttes qui tombent, que la pluie nous envoie. On sait que les précipitations ont diminué des deux tiers. Le tiers restant, soit 230 millimètres, il faut les capter en totalité si possible.
Nicolas Garcia, maire (PCF) d’Elne
Une démarche essentielle, donc. Car si les cumuls des derniers jours ont fait du bien aux sols, le département des Pyrénées-Orientales est toujours en état de sécheresse.
Écrit avec Thibault Grosse, Sylvain Dauba et Olivier Meyer.